Une jeune actrice a déposé plainte pour viol à Paris contre le réalisateur et producteur français Luc Besson, qui a dénoncé samedi des "accusations fantaisistes", nouvel épisode dans la série d'affaires qui ont suivi le scandale Weinstein.
"Une plainte a été déposée pour des faits qualifiés de viols par la plaignante et qui se seraient déroulés dans la nuit de jeudi à vendredi à Paris" entraînant l'ouverture d'une enquête, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Selon des sources proches du dossier, la comédienne et mannequin de 27 ans s'est rendue vendredi 18 mai dans un commissariat pour dénoncer des faits qui se seraient déroulés la nuit précédente au palace parisien du Bristol.
Auditionnée dans la foulée, elle a affirmé entretenir une relation intime avec le réalisateur de 59 ans depuis environ deux ans et s'y être sentie obligée compte-tenu de leurs rapports professionnels, selon ces sources.
En déplacement à l'étranger, le réalisateur du Grand Bleu, du Cinquième élément et de Nikita, n'a pas été entendu par les enquêteurs, a précisé l'une de ces sources.
Luc Besson dément catégoriquement ces accusations fantaisistes.
a réagi auprès de l'AFP son avocat Thierry Marembert, ajoutant : "c'est quelqu'un qu'il connaît, avec qui il n'a jamais eu de comportement déplacé".
La plainte a été révélée samedi peu avant la clôture du 71e Festival de Cannes, où son Grand Bleu a reçu un hommage en forme de revanche : le 11 mai, ce film culte aux 9 millions d'entrées a eu droit à une projection exceptionnelle, trente ans jour pour jour après l'accueil glacial que lui avait réservé la Croisette en 1988.
Onde de choc
Devenu un homme d'affaires influent, le producteur de la série des Taxi est à l'origine de la création de la Cité du cinéma au nord de Paris. En 2017, les résultats décevants de son blockbuster Valérian, film le plus cher de l'histoire du cinéma français, ont plongé sa société EuropaCorp dans des difficultés financières.
Le plus international des cinéastes français, père de cinq enfants, est touché à son tour par l'onde de choc qui s'est propagée dans le monde depuis la chute du producteur américain Harvey Weinstein en octobre 2017, portée par les hashtags #Metoo et, en France, #Balancetonporc.
Ces affaires se sont étendues bien au-delà du monde du cinéma.
En France, l'acteur et metteur en scène de théâtre Philippe Caubère est ainsi visé depuis avril par une enquête suite à la plainte pour viol d'une comédienne et ancienne militante Femen. Il dément l'accusation.
Les ministres Nicolas Hulot et Gérald Darmanin ont eux aussi été accusés d'agressions sexuelles, qu'ils ont démenties catégoriquement.
Un magazine avait révélé en février qu'une plainte pour viol datant de 2008 et classée sans suite avait visé l'actuel ministre de la Transition écologique; Gérald Darmanin a vu les plaintes qui le visaient classées sans suite mais une de ses accusatrices s'est constituée partie civile, demandant qu'un juge d'instruction reprenne les investigations.
M. Darmanin, tout comme Philippe Caubère, ont répliqué en portant plainte pour dénonciation calomnieuse contre leurs accusatrices. M. Hulot a, lui, déposé plainte en diffamation contre le magazine Ebdo qui avait relayé les soupçons de viol et harcèlement sexuel.
Dans une autre affaire, déclenchée en octobre dans la foulée du scandale Weinstein, l'intellectuel musulman Tariq Ramadan, accusé de viols par trois femmes en France, a été mis en examen et est incarcéré depuis le 2 février.
A Cannes samedi soir, l'actrice italienne Asia Argento, une des accusatrices d'Harvey Weinstein, est montée sur scène lors de la cérémonie de clôture, affirmant que le producteur américain accusé de viols et d'agressions sexuelles ne serait "plus le bienvenu" sur la Croisette.