Emilia Clarke, Felicity Jones, Stacy Martin et beaucoup d'autres se sont réunies pour un court-métrage criant de vérité sur les casting cinématographiques.
Son nom est Leading Lady Parts (Premier rôle féminin) et il suffit à lui-même pour résumer la situation actuelle alarmante au sein des productions du cinéma. Ce court-métrage, diffusé le 30 juillet dernier en première partie de Hear Her, programme télévisé qui célèbre le centième anniversaire du droit de vote des femmes britanniques, a été mis en ligne il y a quelques heures sur les différents réseaux sociaux de la BBC.
Quand BBC réunit de grandes actrices d’Hollywood pour dénoncer le sexisme et autres discriminations dans l’industrie du cinéma, ça donne ça : pic.twitter.com/gEGG85jLxS
— 21st Century Women (@21stCenturyW) 9 août 2018
Drôle mais alarmant car totalement réaliste
Le court-métrage d'une dizaine de minutes met en scène le monde brutal, violent et sexiste des castings. Plusieurs actrices participent à une audition pour obtenir le premier rôle féminin d'une grande production. Le jury, caricatural (mais avec une grande part de réalisme), insupportable, critique une à une les actrices auditionnées, leur faisant continuellement des remarques plus sexistes les unes que les autres rappelant les exigences et injonctions féminines les plus dingues comme être "plus souriantes", "plus minces… mais avec des seins et des hanches... mais pas de trop grosses hanches", "plus blanches" ou encore "plus maquillées".
Le court-métrage dénonce et brasse une grande partie des stéréotypes ethniques et physiques dont les femmes sont largement victime. Le jury cherche une femme "vulnérable, délicate et mince", soit l'exemple parfait de la féminité telle que l'entend la société, au sens large. Sans complexe, les membres du jury vont jusqu'à demander à l’une des actrices de se déshabiller entièrement justifiant par tous les moyens possibles la nudité du personnage. Une pratique de nombreuses fois dénoncée lors des dernières prises de paroles d'actrices ayant subit ce genre de demandes impudiques lors de certaines auditions.
La chute de ce court-métrage choque autant qu'elle fait sourire tant elle est représentative des conditions des femmes dans le monde cinématographique (et à tous les niveaux). L'acteur britannique Tom Hiddleston, venu auditionner pour le rôle principal (initialement écrit pour une femme), l'obtient immédiatement avant même d’avoir prononcé un mot. Aucun jugement ne lui est porté, aucune remise en questions ne lui est renvoyé à la figure.
On y voit ensuite une des actrices recalées au téléphone, traversant un couloir dont un des murs est tapissé d’affiches de films à grands succès où les femmes ont été remplacé par des hommes (Wonder Woman, La La Land etc). Une nouvelle fois, ce détail fait sourire mais il met surtout en lumière une réalité: les hommes détiennent plus de personnages principaux que les femmes. L'actrice termine son appel téléphonique par deux simples mots qui sont devenus, ces huit derniers mois, un véritable emblème des luttes contre les violences sexistes et sexuelles: Me too.