"B.R.I" est la nouvelle Création Originale de Canal+. Jérémie Guez, co-créateur avec Erwan Augoyard, décrypte avec nous sa série policière qui suit la brigade de recherche et d'intervention.
B.R.I : au cœur de la Brigade Antigang
Après avoir réalisé trois longs-métrages (Bluebird, Sons of Philadelphia et Kanun, la loi du sang), Jérémie Guez, également scénariste et auteur de romans, s'est lancé dans sa première série avec B.R.I (co-créée avec Erwan Augoyard). Un programme qu'il a proposé directement à Canal+, chaîne derrière d'autres séries policières notables comme Braquo et Engrenages. Dedans, on suit une unité de la police judicaire française, la brigade de recherche et d'intervention, leur quotidien avec une enquête principale autour d'une guerre de gangs.
Rencontré lors de la promotion de la série, Jérémie Guez nous confiait avoir eu comme objectif de départ "de faire Miami Vice à Paris" - référence à la série Deux Flics à Miami produite par Michael Mann entre 1984 et 1990.
Au-delà du cliché de l’esthétique retro cool, à l’époque, Miami Vice s'éloignait surtout de la représentation old school des flics. Je me demandais ce qui pouvait être un équivalent chez nous. Qu’est-ce qui montrerait de façon moderne ça, à Paris, dans les beaux quartiers, mais aussi la campagne et avec toutes les communautés. Sans artificialiser les personnages, sans en faire des alcooliques qui ont divorcé de leur femmes, etc. Je cherchais un groupe différent et la B.R.I a été parfaite pour ça.
Ainsi, B.R.I met en scène une équipe composée de jeunes policiers : Vanessa, Julien et Badri, rejoint par leur nouveau chef Saïd, et Socrate, un nouvel élément issu d'une autre section. Un petit groupe qui correspond à une réalité d'après le réalisateur. Dans l'écriture de ses personnages, ce dernier a alors tâché de représenter au mieux ce monde tout en construisant une fiction.
Il y a un truc que j’ai constaté chez les policiers de la B.R.I, c’est que le groupe, c’est le groupe. Tout le monde garde son égo sous contrôle. Ils connaissent les points forts et les points faibles des uns et des autres. Et en même temps, ce sont des gens qui ne peuvent pas dissimuler grand chose. Ils sont plus précautionneux de la vie intime de chacun aussi parce que si le mec derrière est à cran et que tu le pousse à bout, le groupe implose.
Une série qui gagne en intensité
Pour Jérémie Guez, il était "important de restituer" cette cohésion du groupe. Et même s'il avoue que cette approche peut être "contre intuitif scénaristiquement", il est parvenu à faire ressentir cet élément dans les discussions des personnages entre eux. Dans leur manière d'évoquer lointainement la vie privée des uns et des autres, tout en gardant la distance nécessaire.
De plus, B.R.I fait interagir ses protagonistes le plus souvent à deux et ne s'empêche pas, à côté, de les multiplier avec tous les personnages secondaires qui viennent graviter autour.
Si on fait le décompte, il y a du monde et tout le monde existe. La vraie exigence que j’ai eu c’est qu’on peut en apprécier trois et en détester trois, trouver qu’il y en a qui jouent bien d’autres qui jouent mal, etc. Je suis content que Canal+ m’ait laissé cette liberté. D’autres auraient pu me dire qu’il y a trop de personnages.
B.R.I étant une série, il fallait tout de même suivre certaines règles pour garder le spectateur, lui donner les éléments nécessaires au fil des épisodes. Pour Jérémie Guez, l'idée était d'avoir "toujours plus dans l'épisode d'après", que "l'heure d'après soit meilleur que l'heure passée". Et cela se ressent plus particulièrement dans sa manière de gérer l'action.
Il y a de l’action distillé à chaque épisode. L’idée était d’en mettre partout de différentes manières, même avec l’entraînement. Mais pas en mettant des morts à chaque fois. Braquo c’est une approche différente, plus sur l’action et la fiction, là où Engrenage est plus réaliste. On a essayé de prendre des deux.
En effet, au-delà de scènes de fusillades, B.R.I capte l'attention des spectateurs durant des séquences de filature. Mais également lors d'entraînements dans la salle de sport. Des passages qui ont une vraie importance pour Jérémie Guez dans ce qu'ils racontent des personnages.
Ces des scènes que j'ai chorégraphié car elles disent quelque chose de chacun. Le fait que Socrate soit fonceur et vicieux en combat, ça dit quelque chose de lui. Le fait qu’il essaie de placer une guillotine tout de suite. Ces des trucs importants pour moi et choisis précisément.
Les références de Jérémie Guez
Enfin, si Miami Vice est le point de départ de B.R.I pour Jérémie Guez, au fil des épisodes des références apparaissent. L'une des plus marquantes est peut-être cette séquence où, après un braquage, un homme sort en cachant son fusil d'assaut avec son manteau, ne laissant dépasser que le canon. Difficile alors de ne pas penser à la sortie de la banque de Heat. Ces références, Jérémie Guez les assume et les revendiques.
Je le dis souvent, je ne passe pas devant la place Vandome sans penser au Cercle rouge de Jean-Pierre Melville. Donc évidemment que je voulais voir le plaquage d’un type devant l’obélisque et pas ailleurs. Il y a aussi ce canon qui dépasse du manteau qui est une référence. Mais c’est un mélange de dizaines de films que je regarde constamment, et mes fantasmes à moi. Si je commence à décortiquer, on peut trouver de tout.
Le réalisateur se définit lui-même comme un "obsessionnel". Il peut parfois se montrer extrêmement pointilleux jusque dans des détails sur des armes. Comme le fusil à pompe de Benicio del Toro dans Way of the Gun, qu'il réutilise pour le personnage de Julien. Ou lorsqu'il s'inspire plus simplement d'une ambiance et d'une intention.
Par exemple j’adore la scène d’assassinat de la femme de Mickey Rourke dans L’Année du dragon. Même si le film n’est, dans son ensemble, pas ce que je préfère. La scène est un peu baroque, un peu nase, et il sort un flingue on dirait qu’il tire au bazooka. C’est complètement irréel mais le sentiment de violence est particulier. Donc je chasse toujours des trucs comme ça en essayant de les refaire à ma sauce. De les réinjecter dans le monde que j’ai créé.
B.R.I est à découvrir sur Canal+ à partir du 24 avril.