Disponible sur Netflix depuis le 27 mars 2025, "De rockstar à tueur : le cas Cantat" s’est rapidement hissée dans le top 10 mondial de la plateforme. Actuellement cinquième au classement global des séries non-anglophones, cette mini-série documentaire revient sur un fait divers qui a marqué les années 2000 en France : le meurtre de l’actrice Marie Trintignant par Bertrand Cantat, chanteur du groupe Noir Désir. Réalisée par Anne-Sophie Jahn, Zoé de Bussierre, Karine Dusfour et Nicolas Lartigue, la série remue une mémoire collective encore vive, et interroge de front les représentations médiatiques de la violence masculine.
Une affaire, un basculement
En trois épisodes de 45 minutes, la série retrace le drame survenu à Vilnius en juillet 2003. Au cours d'une dispute dans leur chambre d'hôtel, Bertrand Cantat assène plusieurs coups à Marie Trintignant, entraînant une fracture du nez, des lésions internes et un œdème cérébral. Plutôt que d'appeler immédiatement les secours, Cantat contacte Vincent Trintignant, frère de Marie, lui avouant avoir frappé sa sœur. Ce n'est qu'après plusieurs heures que les secours sont appelés. Marie Trintignant est alors hospitalisée dans un coma profond avant d'être rapatriée en France, où elle succombe à ses blessures le 1ᵉʳ août 2003 après une opération de la dernière chance.
Le procès de Bertrand Cantat s'ouvre le 16 mars 2004 au tribunal régional de Vilnius. Durant trois jours d'audience, des témoignages divergents sur le caractère de Cantat sont entendus, certains le décrivant comme colérique, d'autres comme pacifique. Le 29 mars 2004, il est reconnu coupable de "meurtre commis avec intention indirecte indéterminée" et condamné à huit ans de prison. Les parties civiles et la défense envisagent d'abord de faire appel, puis y renoncent, rendant la sentence définitive. En septembre 2004, Cantat est transféré en France pour purger le reste de sa peine, conformément aux accords européens sur le transfert des détenus. Il sort au bout de quatre ans pour bonne conduite.
Le documentaire déconstruit cette narration à travers des images d’archives, des témoignages inédits (dont ceux de Lio et Richard Kolinka), et des analyses de journalistes et sociologues. Il montre comment, à l’époque, la presse traite Cantat en victime d’un drame intime, minimisant la violence et invisibilisant la responsabilité.
Une remise en question des perceptions sociétales
Au-delà des faits, De rockstar à tueur analyse la manière dont cette affaire a été médiatisée et perçue par la société. À l'époque, le terme "crime passionnel" est largement utilisé, minimisant la gravité des actes commis et occultant la réalité des violences conjugales. Le documentaire déconstruit cette notion en mettant en lumière les mécanismes de minimisation et d'excuses souvent accordés aux auteurs de violences domestiques, en particulier lorsque ceux-ci jouissent d'une certaine notoriété.
La série aborde également le suicide de Krisztina Rády, ex-épouse de Cantat, survenu en 2010. Des accusations posthumes de violences conjugales avaient alors émergé, renforçant les interrogations sur le comportement de Cantat et la manière dont les institutions et les médias traitent ces affaires. En alternant images d'archives, témoignages de proches et analyses d'experts, le documentaire offre une perspective complète sur les répercussions judiciaires, médiatiques et sociétales de cette tragédie.
Actuellement N°5 du top 10 mondial des séries non-anglophones, la série résonne au-delà de nos frontières.