L'anime de 2007, c'est évidemment lui. Qui n'a pas entendu parler de "Code Geass", ce phénomène de Sunrise qui a supplanté en seulement 2 ans "Gundam", la franchise autrefois favorite du studio d'animation ? Chef d'oeuvre pour ses fans, surcoté pour ses réfractaires, il reste en toute objectivité le plus beau dépoussiérage du genre mecha depuis "Neon Genesis Evangelion".
L'histoire se déroule dans un Japon devenue une colonie soumise à un Empire surpuissant nommé Britannia. Pourtant, des mouvements rebelles naissent et les nationalistes japonais continuent la lutte pour l'indépendance. Dans ce contexte particulier, Code Geass suit un jeune homme nommé Lelouch. Malgré le fait qu'il appartienne à la famille royale de Britannia, il s'est juré de le détruire car l'Empereur (qui est aussi son père) n'a rien fait pour pourchasser les responsables de l'attentat qui coûta la vie de sa mère et qui rendit sa jeune sœur handicapée.
Un jour, lors d'une altercation entre un groupe de rebelles japonais et l'armée britannienne, il découvre un secret militaire : une mystérieuse jeune fille connue seulement sous le nom de C.C. Cette dernière parvient à accorder à Lelouch un pouvoir nommé le "Geass", lui permettant d'imposer sa volonté à toute personne qui croise son regard. Grace à ce pouvoir, Lelouch va alors pouvoir mener son combat contre Britannia...
Une animation particulière
Sur la question des graphismes, Sunrise a choisi de collaborer avec le célèbre studio Clamp. Par conséquent, on reconnait dans Code Geass la patte des dessinatrices, aussi bien dans leur influence scénaristique (sous-entendus, coups de théâtre et grosses réflexions) que dans son chara-design avec ses personnages très longilignes.
Bref, visuellement, Code Geass est génial. Le costume de Zero, le design des robots, la fluidité des affrontements entre machines et les expressions faciales démesurées des personnages, donnent à l'anime une grande richesse. D'autant qu'en arrière plan, Kōtarō Nakagawa et Hitomi Kuroishi font un travail extraordinaire au niveau musical. Tous les génériques de la série sont incroyables, tandis que la bande-son accompagne parfaitement la dramaturgie de la série. Par conséquent, si vous ne connaissez pas des sons tels que Continued Story, Stories ou Innocent Days, vous passez à côté d'un grand anime.
Un grand nombre de personnages
Code Geass possède beaucoup de personnages. S'ils ne sont pas tous évidents à gérer, l'ensemble est plutôt bien traité, et les personnages secondaires ont la part belle dans le fil de l'intrigue. Cela donne beaucoup de crédibilité à l'histoire, montrant que les événements ne sont pas que les résultats d'une poignée de personnages principaux.
On regrettera bien sûr que tant de personnages ne soient développés que partiellement, mais c'est un risque à prendre et Code Geass gère assez bien tout cela. Mention spéciale à Euphémia qui touche par sa bonté naturelle et Suzaku qui est le personnage évoluant le plus dans la série, passant progressivement du soldat idéaliste à un personnage bien plus sombre dans la seconde saison.
La vérité reste quand même que Code Geass a pour élément central Lelouch. Sans lui, la série perdrait 85% de son potentiel. Personnage charismatique, sombre, machiavélique, froid, calculateur, mais paradoxalement doté d’une certaine humanité, il fait partie de ces anti-héros comme Kira de Death Note. En effet, ces personnages ont leur propre vision de la justice et utilisent les coups les plus ignobles pour l'appliquer.
Un propos diablement intelligent
Code Geass est un vrai pamphlet politique, comme on en a rarement vu ces dernières années. En effet, le contexte de l'anime semble être une critique ouvertement agressive de l'occupation Américaine au Japon lors de l'après Seconde Guerre mondiale. Il est assez facile de mettre en parallèle Britannia et les Etats-Unis. Le terrorisme, vu souvent comme une tare de l'humanité, est paradoxalement présenté ici comme la seule alternative pour pouvoir se libérer du joug de l'Empire et ainsi permettre à Lelouch et son équipe de rebelles de pouvoir réaliser leurs objectifs "d'un monde meilleur".
Néanmoins, leurs actions posent clairement plusieurs questions : est-il légitime de rentrer en résistance contre le système établi, en faisant autant de carnage ? Doit-on se servir d'un conflit pour servir sa cause personnelle ? Tous ces questionnements et tous ces dilemmes sont symbolisés par Lellouch et Suzaku. En effet, ce dernier est présenté comme un collaborationniste alors que ses intentions de paix sont parfaitement louables. Dans tous les cas, le scénario de Code Geass est extraordinaire, dépeignant avec exactitude un contexte politique complexe. Les stratégies, les ruses, la propagande médiatique et l'usage du populisme sont légion dans cette série, rappelant parfois Game of Thrones !
Code Geass est disponible sur ADN. Bon (re)visionnage !