"Cry Wolf", mini-série originaire du Danemark, traite des violences familiales. Sa créatrice Maja Jul Larsen raconte comment est né ce bouleversant projet.
Cry Wolf : qui doit-on croire ?
L'intrigue de Cry Wolf s'articule autour de la parole d'une jeune fille. Holly, âgée de quatorze ans, rend une dissertation dans laquelle elle accuse son beau-père de violences. Très vite, son établissement réagit. Holly et son frères sont placés dans un foyer d'urgence. Lars, un assistant social à la dégaine pour le moins surprenante, est chargé d'"enquêter" sur le fondement des révélations d'Holly. En effet, les parents de l'adolescente réfutent fermement ses accusations. Sa propre mère assure que sa fille ment. Lars va tenter de démêler le vrai du faux au sujet de cette famille en apparence normale...
"Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon", écrivait Tolstoï au début de son chef d'œuvre, Anna Karénine. En s'intéressant à une grave problématique de société, Cry Wolf réalise un travail nécessaire. On salue donc l'initiative de ce programme, qui s'empare d'un sujet pour le moins tabou. En effet, des centaines de milliers d'enfants sont placés chaque année pour des faits similaires. Leur parole est, malheureusement, bien peu entendue. Tristement d'actualité, la série décide de plonger le spectateur dans une terrible indécision tout au long de sa saison. Un procédé qui rappelle Mensonges, remake d'un show britannique dans lequel une femme accuse un homme de l'avoir violée.
Un travail de longue haleine
A la création de Cry Wolf, une certaine Maja Jul Larsen. Le nom de l'autrice ne vous parlera peut-être pas, mais vous aurez sûrement déjà entendu parler de ses précédentes créations, à commencer par l'acclamée Borgen. Pernille Fischer Christensen (Someone You Love) officie quant à elle à la réalisation des huit épisodes du programme. Lors d'une interview donnée au journal danois Nordisk Film & TV Fond, Maja Jul Larsen revient sur la genèse de Cry Wolf. Interrogée sur le titre du show - "crier au loup" en français -, sa créatrice confie avoir voulu insuffler la notion de doute, que l'on retrouve tout au long de la série. Selon elle, il est également intimement lié à la profession de Lars qui doit, dans chaque cas qu'on lui confie, décider de la présence ou non d'un "loup".
Avec cette nouvelle série, Maja Jul Larsen propose une réflexion autour d'un thème qui la passionne : celui de la famille. Elle-même mère, la scénariste explique avoir voulu mêler l'intimité d'un foyer aux rouages du système social. Afin d'inscrire Cry Wolf au plus proche de la - triste - réalité, la showrunner a passé un an à faire des recherches sur son sujet. Un travail qui lui a ouvert les yeux sur les douloureux processus et conséquences du placement des enfants. Maja Jul Larsen s'est également entretenue avec des personnes de la profession, mais aussi des parents et des psychanalystes spécialisés. Son constat ? La difficulté du métier d'assistante sociale. Elle explique qu'au Danemark - hors cas extrêmes -, les travailleurs sociaux font bien souvent face à des cas de conscience. A partir de quel moment doit-on retirer un enfant à ses parents, notamment quand ces derniers l'aiment visiblement et font de leur mieux pour subvenir à ses besoins ? Il en va alors de l'appréciation de la personne qui intervient sur le dossier, comme elle l'explique :
Les décisions relèvent de l'expérience et l'intuition de l'assistante sociale.
Afin de restituer cette réalité, au début de Cry Wolf, Lars fait ainsi immédiatement placer les enfants - malgré l'absence de preuves.