Il l'a fait ! Stéphane Blé, candidat surprise à l'élection présidentielle, est le nouveau Président de la République. On fait le point sur l'installation de Jean-Pascal Zadi à l'Élysée dans la saison 2 de sa série "En Place", entre son casting toujours génial, vue politique pertinente, et quelques longueurs regrettables.
Stéphane Blé à l'Élysée
Plus d'un an et demi après la mise en ligne sur Netflix de la série En Place, créée par Jean-Pascal Zadi et François Uzan, sa saison 2 est disponible sur la plateforme de streaming depuis le 29 août. On y retrouve Stéphane Blé, animateur de cité devenu espoir du peuple français fatigué d'une classe politique usée et corrompue, et vainqueur surprise de l'élection présidentielle. Devenu donc locataire de l'Élysée, c'est avec son équipe composée de William (Éric Judor), Yasmine (Souad Arsane), Mo (Jean-Claude Muaka) qu'il doit mettre en action son programme, tout en naviguant dans les eaux troubles de la politique et en essayant de sauvegarder son mariage avec Marion (Fadily Camara).
Un casting toujours séduisant
Jean-Pascal Zadi, devenu un leader de la comédie sur les écrans, n'a rien perdu de son humour et de son charisme un peu bizarre, avec sa silhouette dégingandée et ses saillies aussi drôles que borderline. Révélation de la première saison, Jean-Claude Muaka, Mo, son cousin chargé de sa sécurité et systématiquement à côté de ses pompes enchaîne les séquences hilarantes. Évidemment, Érci Judor, le "patron" de la série comique française après son chef-d'oeuvre Platane, est parfait : il semble s'amuser et se retenir d'éclater de rire en permanence, et c'est diaboliquement contagieux. Dans son rôle de directeur de cabinet sans aucun autre principe que celui qui lui garantira "d'avoir un chauffeur", il incarne à merveille ce profil d'homme politique prêt à se coucher sans aucune pudeur devant le plus offrant.
Côté casting donc, rien à redire, avec aussi Marina Foïs, Pierre-Emmanuel Barré et Benoît Poelvoorde développant leurs personnages avec application. On notera aussi l'addition de Vimala Pons pour le personnage d'Alice, cheffe débutante de la sécurité de l'Élysée, assez nulle dans son activité. Ce qui va magnifiquement de pair avec Mo, lui-même largement incompétent. On aurait d'ailleurs aimé voir plus de l'actrice dans ce personnage, dont le potentiel comique n'a pas été entièrement exploité. Sans oublier la présence fugace d'Alain Chabat, très convaincant dans son rôle de Président sortant et dans lequel on reconnaît aussi bien Emmanuel Macron et François Hollande que Nicolas Sarkozy.
Une vue de la politique très pertinente
Hasard du calendrier, ce que cette saison d'En Place dit de la politique résonne profondément avec la séquence politique réelle ouverte par Emmanuel Macron avec la dissolution de l'Assemblée Nationale en juin 2024. Il est donc question d'arrangements contre-nature entre les différents chefs de l'opposition, nomination complexe d'un(e) Premier(e) Ministre, destitution du Président de la République, manipulation de l'opinion... Sans compter un clin d'oeil bien vu à l'assaut du Capitole par les partisans de Trump en janvier 2021.
Sur ce point, comme c'était déjà le cas dans la saison 1, En Place réussit à (se) jouer de la politique en la rendant intéressante, accessible, importante. Même si tout est traité par l'absurde et un humour débridé, la fraîcheur du discours et l'envie sincère d'y intéresser le public est une des grandes qualités de ces nouveaux épisodes. Comme il le faisait par ailleurs dans Tout simplement noir, Jean-Pascal Zadi parvient à conclure des situations drôles devenues dramatiques par des idées et des déclarations qui ont un fond des plus sérieux.
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Des longueurs et des trous d'air
Cependant, sur ces 6 nouveaux épisodes, on ne peut s'empêcher de remarquer un rythme qui se casse, et paradoxalement tire en longueur alors que les idées jaillissent à profusion. Il apparaît ainsi que c'est surtout à certains personnages qu'on s'attache, plus qu'à des situations précises ou un thème en particulier. Par exemple, l'idée intéressante de développer une histoire adultère entre Marion et son garde du corps se heurte à son montage aléatoire et à un étirement sur plusieurs épisodes qui ne se justifie pas. Absent des premiers épisodes, le retour du machiavélique Éric Andréi (Benoît Poelvoorde) attire toute la lumière et prive d'autres sous-intrigues d'En Place d'un développement consistant.
Fait surprenant, on peut donc s'ennuyer à certains moments, ressentant vite que telle ou telle situation n'aura pas de suite et sert surtout à boucher les trous d'une narration principale qui prend trop largement son temps. Mais qu'on se rassure, on s'amuse bien plus qu'on ne s'ennuie dans cette nouvelle saison d'En Place, grâce à l'humour irrésistible de son casting principal et l'originalité et la modernité de ses vues sur la société française.