Zorro est de retour avec une nouvelle série française portée par Jean Dujardin, et à découvrir sur Paramount+ à partir du 6 septembre. Le co-créateur Benjamin Charbit nous raconte les dessous de ce programme événement.
Jean Dujardin : un Don Diego bien en place
Après Guy Williams, Alain Delon ou encore Antonio Banderas, au tour de Jean Dujardin d'incarner le célèbre Don Diego de la Vega, créé en 1919 par Johnston McCulley (1883-1958). Un choix judicieux tant l'acteur apparaît taillé pour ce rôle dans Zorro, la série française de Paramount+, co-produite avec (entre autres) France Télévisions. L'idée est venue du frère du comédien, Marc Dujardin, qui a d'abord fait part de son envie aux créateurs et scénaristes Benjamin Charbit et Noé Debré, avant de proposer le projet au comédien.
Rencontré lors de la promotion de Zorro, Benjamin Charbit nous expliquait que cette vision de Jean Dujardin en Don Diego était particulièrement "excitante" pour lui. Mais c'est aussi l'angle de la série qui a intéressé l'auteur. Le fait de pouvoir proposer "quelque chose d'assez politique sur la déconstruction du mythe du superhéros".
En effet, on découvre d'abord dans Zorro un Don Diego qui a mis de côté son costume depuis des années, et qui souhaite désormais faire le bien pour la ville de Los Angeles en tant que maire. Le show ne revient donc pas aux origines de ce personnage culte, et se concentre sur la volonté d'un homme d'être reconnu pour ce qu'il fait à visage découvert.
On aurait pu faire une origin story. Je l'ai même écrite à un moment. Mais ça ne m'intéressait pas tellement, ça ralentissait la narration. Tout de même dans l'épisode 6 il y a un dialogue avec le père qui ouvre un peu sur son passé. Mais c'est très elliptique. Je voulais garder ce flou sur le passé de Diego.
Une comédie différente d'OSS 117, avec une part plus dramatique
Au fil des épisodes, la trajectoire du personnage devient de plus en plus complexe. Zorro se montre de moins en moins héroïque, corrompu par le succès et oubliant ses valeurs. Et pour Don Diego, le mensonge, la manipulation et la jalousie feront de lui un personnage peu sympathique. Un choix osé de la part des scénaristes, qui souhaitaient montrer une facette jamais vue de Zorro.
Il y a des épisodes qui sont charnières, avec cette envie d'aller le plus loin possible et d'expérimenter. On cherchait à montrer une facette de Zorro qu'on n'a pas encore vu. Et on se demandait : "Qu'est-ce que ça fait d'avoir un alter ego qui est adulé ?" C'est ça qui est intéressant.
Ainsi, le ton varie durant la saison, et on passe avec naturel au drame, à l'émotion et au mélo. Le but affiché par les auteurs étant d'attiser la curiosité du public, qui au milieu de la saison pourra difficilement prédire la suite. Pour autant, Zorro demeure extrêmement drôle. Une série comique qui ne bascule pas dans le pastiche, bien que la présence de Jean Dujardin puisse rappeler OSS 117, qu'il avait brillamment incarné par le passé. À ce sujet, Benjamin Charbit voit en Don Diego une sorte de "frère inversé d'OSS 117" par son caractère plus "réfléchi".
Dans l'écriture, on n'a pas essayé de faire un OSS 117. Ce n'est pas du tout une parodie, on est beaucoup plus du côté de l'hommage, et les personnages ont des émotions. Même si on peut aller assez loin dans l'humour. Diego reste un personnage qui a beaucoup d'idéaux.
Zorro face à Don Emmanuel
L'autre point commun que l'on peut faire entre OSS 117 et Zorro, c'est le plaisir que semble avoir Jean Dujardin à interpréter ces personnages. Ainsi, la "dimension solaire" du protagoniste vient de l'acteur lui-même, qui a pu "guider à l'écriture". Et c'est aussi physiquement que le comédien se démarque, grâce au "milliard de trouvailles" qu'il a pu apporter.
Honnêtement, Jean est quelqu'un de très travailleur. Il arrive avec des propositions d'interprétation sur toutes les scènes, c'est un plaisir. Je me suis contenté des fois d'aiguiller sur des détails. Mais il s'en empare en une demi seconde.
Enfin, Zorro n'aurait pas d'intérêt sans un méchant digne de ce nom. Celui-ci se nomme Don Emmanuel, joué par Eric Elmosnino, génial par son vice, son absence d'humanisme et sa capacité à toujours rebondir. Un antagoniste inspiré par Donald Trump et qui, de manière plus symbolique, permet aux créateurs de faire une critique du capitalisme.
On avait pas mal d'inspiration pour Don Emmanuel. On parlait parfois de Donald Trump, dans son côté enfant naïf. Il est juste perpétuellement en recherche de son plaisir et il ne voit pas en quoi il fait du mal aux gens. On voulait un méchant qu'on aurait envie de voir et de suivre. Et puis il y a tout un réseau secret dans ma tête, sur ce que les personnages représentent aussi comme pulsion. Don Emmanuel, c'est une pulsion de plaisir. C'est le capitalisme, avec ce que ça peut avoir de terrifiant. Une pulsion qui absorbe tout, même sa propre critique.
Composée de huit épisodes, Zorro est à découvrir sur Paramount+ à partir du 6 septembre. La série sera diffusée par la suite sur France Télévision.