The Gentlemen : Netflix régale avec les gangsters stylés de Guy Ritchie

The Gentlemen : Netflix régale avec les gangsters stylés de Guy Ritchie

Pour sa première série, Guy Ritchie adapte avec succès son film "The Gentlemen" pour Netflix en huit premiers épisodes aussi violents que beaux, drôles, haletants et jouissifs. Une réussite à tous les niveaux, qui place cette série tout en haut du catalogue de la plateforme.

The Gentlemen, le retour très accompli de Guy Ritchie

Un peu de Succession, un peu de Breaking Bad, mais surtout beaucoup de Guy Ritchie pour la série The Gentlemen, soit l'art de mettre en scène l'Angleterre criminelle avec humour, sympathie, ironie et violence. Le film de 2020 du même nom, déjà une réussite, ramenait Guy Ritchie à l'énergie et au style de ses premiers longs-métrages, d'Arnaque, Crimes et Botanique et RocknRolla. Cousin éloigné de cinéma de Quentin Tarantino, Guy Ritchie aime les histoires de gangsters et à tiroirs, et s'éclate avec un plaisir communicatif à mettre dans des situations extrêmes et à la limite de l'absurde des criminels finalement plus surprenants et amusants qu'effrayants.

Que ce soit dans un camp de gitans de Snatch, dans le milieu des ultra-riches de RocknRolla, le réalisateur anglais aime inviter dans ses intrigues criminelles toutes les classes sociales, offrant alors des confrontations d'univers jouissives, où chacun a son accent, ses manières et son allure. C'est donc un divertissement généreux, à l'univers étendu et détaillé, que The Gentlemen propose avec suffisamment de style et de sincérité pour en faire une des meilleures séries Netflix récentes.

Shakespeare sous coke

Avec la série The Gentlemen, Guy Ritchie dispose de la longueur nécessaire pour développer de manière étendue tout ce qu'il y avait dans le film The Gentlemen, et peut donc s'attarder sur les détails. Les voitures de luxe, les toiles de maître, les garde-robes très fournies. Il y a du Succession dans The Gentlemen, puisqu'on y explore la succession d'un domaine dans une famille aristocrate anglaise. Une fois le patriarche de la famille Halstead décédé, c'est Eddie qui devient Duc, pourtant deuxième dans la lignée. Il doit reprendre les affaires familiales, et notamment un dossier très particulier : la location de leur terrain à un boss de la pègre qui y gère une immense ferme de cannabis.

Eddie Halstead (Theo James) - The Gentlemen
Eddie Halstead (Theo James) - The Gentlemen ©Netflix

Eddie va alors se plonger dans les méandres d'un empire du crime, qui s'est installé sur une dizaine de terrains d'aristocrates désargentés dans toute l'Angleterre. Son objectif ? Sortir sa famille de cette dangereuse association. Mais Eddie va se révéler doué et un binôme redoutable avec Susie Glass, fille de Bobby Glass et "CEO" de cet empire. Après une période d'observation, il décide alors d'être bien plus à l'initiative des événements...

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S'il y a encore du Succession, c'est dans la bonne mesure avec laquelle la richesse est montrée. Suffisamment pour faire voyager, sans être ostentatoire ou surréaliste. Mais c'est aussi parce que les deux séries partagent un sens de la tragédie shakespearienne, avec ses liens du sang, ses trahisons, sa violence et ses dilemmes. Dans The Gentlemen, ce serait alors un Shakespeare sous coke à l'écriture.

La meilleure série Netflix du début d'année ?

L'équilibre de la série, entre pragmatisme et fulgurances dramatiques, est si soigné que Guy Ritchie et ses scénaristes se permettent de développer pour Giancarlo Esposito un personnage directement tiré de celui qu'il incarnait dans Breaking Bad. Il y était Gus Fring, il est maintenant Stanley Johnston (avec un "T") dans The Gentlemen. À savoir un tout-puissant et richissime trafiquant de métamphétamine, dont le raffinement exquis dissimule une agressivité extrême.

Le casting principal est séduisant, avec Theo James en jeune duc et apprenti trafiquant flegmatique mais déterminé, flanqué de son frère aîné addict et déjanté incarné par Daniel Ings. Kaya Scodelario en criminelle vénéneuse et téméraire, elle aussi prise dans une succession difficile. Il y a aussi Vinnie Jones en garde-forestier discret, loyal et efficace, et Ray Winstone en parrain du crime cockney. Bref, tout est réuni pour qu'on ne s'ennuie pas, et à ce titre le pari est largement réussi.

Susie Glass (Kaya Scodelario) - The Gentlemen
Susie Glass (Kaya Scodelario) - The Gentlemen ©Netflix

Avec huit épisodes d'environ 1h chacun, on pourrait craindre que ça finisse par tirer en longueur. Il n'en est rien, et même si parfois une redondance menace, quand ce n'est pas l'association pour la bande originale entre hip hop énergique et composition classique inquiétante (encore une réminiscence de Succession) qui réveille l'attention, c'est le développement des quelques sous-intrigues qui amuse et ravit par le soin qui lui est apporté.

Ironiquement, si The Gentlemen est ainsi une des toutes meilleures propositions récentes de Netflix, elle se distingue clairement sur le plan esthétique et narratif, avec l'ambition cinématographique par ailleurs absente de la grande majorité des séries produites et distribuées par la plateforme. Un exemple à suivre.