Emilio Fernandez est une légende du cinéma mexicain classique. Pourtant il se destinait plutôt à une carrière militaire. Sa jeunesse est d’ailleurs intimement liée aux subresauts politiques du pays. De son père, descendant des espagnols et colonel de la révolution, il apprendra l’amour de la patrie, la valeur de l’honneur,
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et la défense des idéaux. Sa mère lui transmettra les croyances, les costumes et l’idéologie indigène qui se manifesteront tout au long de son œuvre par son attachement aux traditions mexicaines. Surnommé « El Indio » à cause de son métissage indien qu’il arborerait comme une étendard, Fernadez a entretenu le mythe d’un personnage haut en couleur, viril et machiste jusqu’à la caricature, notamment à travers ses prestations d’acteur, dont la plus célèbre est le chef des bandits dans La Horde sauvage (1969) de Sam Peckinpah. Acteur, scénariste, producteur, Fernandez a réalisé des films de 1941 à 1979. Sa première réalisation date de 1941, La isla de la Passion. Mais sa période la plus glorieuse, celle où la révélation du cinéma mexicain s’identifia totalement à son nom, va de 1944 à 1950. Maria Candelaria (1944), présenté au festival de Cannes en 1946, familiarisa le monde entier avec cette vision épique, idéalisée, picturale, du monde paysan et ses rites. Ses mélodrames patriotiques exaltent la culture mexicaine dans tous ces aspects, de la pastorale à l’exaltation révolutionnaire (Enamorada, Pueblerina), en passant par le film de cabaret (Salon Mexico 1949). On a souvent voulu réduire son art à celui de son génial chef opérateur Gabriel Figueroa, qui travailla souvent avec Bunuel, John Ford et John Huston. Mais on voit mieux maintenant que le sens visuel et rythmique d’Emilio Fernandez n’appartenaient qu’à lui : il est proche de ce panache et de cet amour du cinéma que l’on retrouve chez des hollywoodiens comme Raoul Walsh, Maria Felix, Pedro Armendariz).
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