Serguei Paradjanov, de son vrai nom Sarkis Yossifovitch Paradjanian, est né en 1924 à Tbilissi en Géorgie d’une famille d’origine arménienne. Son père est un commerçant en antiquités et en objets d'occasion et sa mère une passionnée d'art. C’est le contact de cet univers fait de musique, de peinture, de
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danse et d'objets qui forge son imaginaire et son goût pour cet art du collage qui va caractériser plus tard son cinéma et son œuvre picturale. Après avoir étudié la musique (chant et violon), la chorégraphie, la peinture, et travaillé comme acteur au sein d'une troupe de théâtre, il entre au VGIK de Moscou (l'institut cinématographique d'Etat) en 1946. Il en sort diplômé en 1952 avec son court métrage de fin d'étude Conte moldave (dont il fera une version plus longue intitulée Andriech). Il tourne ensuite plusieurs documentaires pour les Studios Dovjenko de Kiev, puis enchaîne avec Le Premier gars (1958, son premier long métrage de fiction), Rhapsodie ukrainienne (1960) et Une fleur sur la pierre (1963). Il reniera ces trois œuvres, qu’il considère ratées. En 1964, il signe Les Ombres des ancêtres oubliés d'après Kotsioubinski, multi-primé dans de nombreux festivals à l'étranger, mais surtout Les Chevaux de feu, qui marque le début de sa véritable carrière de cinéaste. Ce n’est pourtant qu’avec son projet suivant, Les Fresques de Kiev (1966), qu'il met en place son style fondé sur des plans tableaux et un récit non narratif — seuls des rushes de ce film restent encore aujourd'hui visibles, Paradjanov n’ayant pas pu le mener à terme. Il reprend alors ce procédé de mise en scène pour Sayat Nova, la couleur de la grenade (1966). Tout comme Les Chevaux de feu, le film pose problème aux autorités soviétiques qui imposent que le film soit remonté. Après avoir pris publiquement position en faveur d'intellectuels et d'artistes incarcérés par le pouvoir en place, Paradjanov est lui-même arrêté en 1973 et condamné à cinq années de prison pour homosexualité. Malgré le soutien de nombreux artistes à l'étranger, il n'est libéré qu'en 1979. Toutefois, il lui faut attendre 1986, et le début de la Glasnost, pour parvenir à réaliser un nouveau long métrage, La Légende de la forteresse de Souram, puis, deux ans plus tard, Achik Kerib, son ultime film, qu'il dédie à son grand ami Andrei Tarkovsky. Bien que malade, Paradjanov essaye de tourner La Confession, un projet qu'il caresse de réaliser depuis un quart de siècle, mais il doit abandonner le film après trois jours de tournage. Il disparaît un an plus tard, le 21 juillet 1990. Cinquante mille personnes suivront son exhumation au Panthéon arménien d'Erevan.
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