Après le mélodrame turc "7. Koğuştaki Mucize" et le thriller dystopique espagnol "La Plateforme", Netflix sort un nouveau film-phénomène de son chapeau. Et accrochez-vous, il s'agit de "365 DNI" ("365" jours en VF), un film érotique polonais qui présente de nombreuses scènes de sexe explicites, mais qui surtout illustre une relation franchement abusive.
Attention, le film dont on va parler n'est pas à mettre devant tout le monde... Voire il n'est à mettre devant personne. En effet, ce film polonais largement inconnu avant sa mise à disposition sur la plateforme Netflix est source de beaucoup de débats, et de polémiques à venir. Présenté comme le Cinquante nuances de Grey polonais, le film 365 DNI raconte une histoire d'amour très particulière, entre un chef mafieux et une jeune femme. Il va sans dire que ces deux personnages sont beaux et sexy, et que leur relation torride est l'enjeu principal du film. Mais cette relation est dramatique et problématique, puisque Don Massimo Torricelli (Michele Morrone) enlève Laura Biel (Anna Maria Sieklucka), persuadé qu'elle est la femme de sa vie. Ce kidnapping a un objectif : qu'elle tombe amoureuse de lui en 365 jours.
Dans Cinquante nuances de Grey, la relation gentiment sado-masochiste est consentie entre les protagonistes, et donc cet exercice de contraintes est accepté par les personnages - et le public de lecteurs et de spectateurs. Dans 365 DNI, le postulat est bien différent puisque la relation naît de la violence de l'enlèvement, sans aucun consentement du personnage féminin. Choquant ? Sans doute, mais suite à son succès sur le territoire polonais, Netflix a fait le pari qu'il pourrait plaire au-delà.
365 DNI, un film d'un autre temps ?
Tout l'intérêt du film semble se reposer sur des scènes de sexe explicites - on peut tout de suite calmer certaines ardeurs et répondre à la question : tout est entièrement simulé, malgré le "réalisme" des images. C'est une surprise de voir une telle production sur Netflix, même si avec Sous ses lèvres la plateforme s'était déjà encanaillée avec un film aux quelques séquences sexy - mais dans le cadre d'une relation lesbienne et émancipatrice. On trouve par ailleurs sur la plateforme des films de cinéastes abordant et montrant du sexe, comme Shame ou La Vie d'Adèle. Des films remarqués avec lesquels 365 DNI souffre terriblement de la comparaison.
Dans ce film, réalisé par la réalisatrice Barbara Bialowas et adapté du roman du même nom de Blanka Lipińska, il n'y a aucune réflexion proposée, plutôt un long défilé de scènes de sexe essentiellement forcé, avec une préférence pour le sexe oral - dans un sens bien plus que dans l'autre... - et une absence de consentement qui n'est que choquante. On ne rentrera pas dans le détail, mais entre le bel étalon italien et la jolie inconnue la relation est d'un machisme tout à fait remarquable...
Pour le reste, la mise en scène et la direction artistique font la part belle à des intérieurs et extérieurs opulents, sur terre, en mer, dans des restaurants et des boîtes de nuit, mais sans identité esthétique précise. Disponible depuis le dimanche 7 juin sur Netflix, c'est peu dire que les réactions sont très partagées. Entre les commentaires séduits par cette romance torride et ceux qui dénoncent un film choquant et glauque, le film fait trembler les réseaux sociaux.
Là où tout le monde semble se mettre d'accord, c'est sur le charisme et la présence physique incontestables de Michele Morrone, l'acteur principal. Mais pour le reste, beaucoup d'internautes ne manquent pas de relever de manière péjorative que le film ressemble à une chronique wattpad - traduction : une sorte de témoignage/journal intime immature et un peu racoleur -, quand d'autres dénoncent le film pour son approche romantique de l'abus sexuel. Ainsi, beaucoup relèvent que le film joue sans scrupules sur le syndrome de Stockholm et la domination masculine. Et il n'a pas fallu beaucoup de temps pour que surgisse le passé trouble de l'auteure du roman, à savoir une implication dans un scandale de prostitution...
Si le film ne brille pas par sa qualité cinématographique, il a au moins réussi son coup en surprenant et en intéressant des publics au-delà de la Pologne. Netflix, à l'instar du film turc 7. Koğuştaki Mucize, a eu le nez creux en acquérant les droits de distribution de 365 DNI, puisque pour le pire et le meilleur le film est sur toutes les bouches. Si vous êtes curieux, rendez-vous sur Netflix pour vous faire votre avis !