Film culte des années 80, "Breakfast Club" est une œuvre générationnelle qui a marqué son époque. Teen-movie profond et sincère, le long-métrage réalisé par John Hughes a révélé cinq jeunes acteurs, promis en ce temps-là à un bel avenir. Qu’en est-il 35 ans plus tard ?
Breakfast Club : le teen movie par excellence
Apparu au début des années 50, le teen movie est un genre à part entière aux Etats-Unis. En effet, bon nombre de films ont tenté de prendre pour sujet la période de l’adolescence ainsi que ses complexes. Toutefois, le genre atteint une explosion au début des années 80, par le biais de réalisateurs tels que John Hughes. A la différence des cinéastes précédents, ce dernier ne choisit pas de considérer simplement les adolescents comme des rebelles ou des individus ne tenant pas compte des responsabilités.
En effet, Hughes les voit tels qu’ils sont : des gens en pleine construction qui se posent un certain nombre de questions existentielles. C’est ainsi que, sous forme de comédie familiale, il va exposer leurs questionnements dans un certain nombre de longs-métrages ; le plus emblématique de tous se nomme Breakfast Club. Sorti en 1985, ce teen movie va révolutionner le genre par son approche non-sensationnaliste, dans laquelle on observe des personnages adolescents travaillés psychologiquement, ce qui aidera le spectateur à s’identifier.
Breakfast Club prend ainsi place au lycée Shermer, où cinq élèves se retrouvent en retenue ensemble pour toute la journée du samedi. Le proviseur du lycée va alors leur donner un devoir : chacun d'entre eux devra écrire une dissertation de mille mots sur le sujet « Qui pensez-vous être ? » et expliquer pourquoi il/elle est en retenue. Pour ces cinq lycéens aux caractères et milieux sociaux différents, cette journée va les rapprocher plus qu’ils ne le pensaient.
Le succès du film sera en grande partie dû à son casting. En effet, Judd Nelson, Molly Ringwald, Emilio Estevez, Anthony Michael Hall et Ally Sheedy délivrent des performances magistrales dans Breakfast Club. Au sortir du long-métrage, la plupart des critiques et des spectateurs leur prédisaient même un avenir radieux. Tous ont d’ailleurs fait partie du Brat Pack, surnom donné à un groupe d’acteurs américains des années 1980, qui sont régulièrement apparus à l’écran dans des films destinés à un jeune public (Demi Moore et Rob Lowe en faisaient notamment partie). Quel a donc été leur parcours depuis ?
Judd Nelson, le rebelle : entre seconds rôles au cinéma et à la télévision
Pour bon nombre de fans du long-métrage, Bender est LE personnage qui ne laisse pas indifférent. Rebelle, provocateur, sarcastique et parfois violent, il a marqué le spectateur du fait de la brutalité de son milieu familial qui l’a brisé, psychologiquement. Le succès du personnage est en grande partie dû à la performance à la fois brutale et sensible de Judd Nelson, qui n’a pourtant pas été un cadeau sur le tournage (il a frôlé le renvoi à deux reprises). S’il enchaine les apparitions de premier rang dans plusieurs productions des années 80 (St Elmo’s Fire, où il retrouve notamment Emilio Estevez et Ally Sheedy, Billionaire Boys Club), il passe bien plus au second plan à partir des années 90 au cinéma et à la télévision. On le verra apparaitre notamment dans des séries telles que Les Experts, Les Experts Manhattan, Nikita et Empire.
Molly Ringwald, la fille à papa : reine du Brat Pack, et retour remarqué à la télévision
Dès l’âge de 8 ans, Molly Ringwald s’est faite remarquer du jeune public en participant à l'émission télévisée The New Mickey Mouse Club. Elle collabore pour la première fois avec John Hughes, pour les besoins du film Seize bougies pour Sam. Son talent va ensuite se confirmer avec Breakfast Club où son rôle de princesse au cœur brisé va rapidement attirer l’attention des spectateurs.
C’est ainsi que la belle rousse va multiplier les teen movies. Bon nombre de spécialistes estiment d’ailleurs que ses rôles ont beaucoup influencé les émissions et teen movies des années 90. C’est paradoxalement durant cette décennie-là que sa carrière va sérieusement ralentir ; elle a paradoxalement refusé Ghost, Pretty Woman et Scream alors que ces films auraient pu consolider sa carrière. Comme un clin d'œil au début de sa carrière, on la retrouvera en 2001 dans le film Sex Academy, qui est une parodie des teen movies.
Toutefois, elle fait un retour très remarqué à la fin des années 2000 dans la série télévisée La vie secrète d’une ado ordinaire, où elle jouera durant cinq saisons la mère de l’héroine (jouée par Shailene Woodley qui va se révéler grâce au feuilleton). On la retrouvera par la suite à partir de 2017 dans la série Riverdale. Preuve que quelque soit son âge, l’actrice reste liée aux productions ciblant un jeune public.
Emilio Estevez, l’athlète : le plus discret de la famille Sheen, devenu réalisateur
Ne pas se fier à son nom de famille : Emilio Estevez est le fils de Martin Sheen et le frère de Charlie. Seulement, pour se démarquer de la notoriété de son paternel, il décide de conserver son nom de famille original. Déjà révélé au début des années 80 grâce à un autre teen movie phare, Outsiders (où il côtoie plusieurs autres futures vedettes comme Tom Cruise, Patrick Swayze et Matt Dillon), il confirme en jouant le rôle du sportif au grand cœur Andy dans Breakfast Club. S’il est régulièrement sollicité à Hollywood en tant que second rôle durant les années suivantes, il choisit toutefois d’emprunter le chemin de la réalisation et de l'écriture à partir de 1985.
A compter des années 2000, il se concentre essentiellement sur la réalisation en travaillant d'abord pour la télévision, avec des épisodes de séries télévisées tels que Cold Case : Affaires classées ou Les Experts : Manhattan. Toutefois, c’est en 2006 qu’il réalise son plus grand succès commercial et critique au cinéma avec Bobby, film choral qui revient sur l'assassinat du sénateur Robert F. Kennedy en juin 1968. Durant les années 2010, il se fait de nouveau remarquer par la critique avec ses deux-longs métrages The Way, la route ensemble (dans lequel il dirige son père) et The Public.
Anthony Michael Hall, le surdoué : entre seconds rôles et performances remarquées
Le plus jeune acteur du cast (il n'avait pas 17 ans au moment de la sortie du film) est un privilégié des films de John Hughes, puisqu’en plus d’avoir joué le timide geek Brian, il a joué dans Seize bougies pour Sam et Une créature de rêve. Bien qu’on ait du mal à le reconnaitre aujourd’hui, l’acteur n’a jamais disparu des écrans jusqu’à aujourd’hui. En effet, il enchaine depuis plus de trente ans les seconds rôles solides, d’Edward aux Mains d’Argent à Foxcatcher en passant par The Dark Knight.
Toutefois, on pourra noter son rôle principal dans la série Dead Zone, diffusée entre 2002 et 2007.
Ally Sheedy, la détraquée : une carrière en dents de scie
A l’instar de Judd Nelson, on peut incontestablement affirmer que son plus beau rôle fut dans Breakfast Club. En interprétant la loufoque Allison, Ally a su apporter l’émotion et la complexité qu’il fallait à un personnage qu’il était difficile d’appréhender (par rapport aux quatre autres). Malheureusement, l’actrice peinera à confirmer ou s’imposer par la suite. L’explication ? Sa relation avec Hollywood, qu’elle critiquera à plusieurs reprises. Elle va d’ailleurs refuser des rôles qui lui étaient proposés parce qu'elle aurait eu à jouer un simple objet sexuel. En outre, dans les années 90, elle va sombrer durant plusieurs années dans la drogue. Paradoxalement, cette expérience l’inspirera pour retrouver une certaine reconnaissance critique en interprétant une photographe toxicomane dans le film High Art (1998).
Dans les années 2010, on notera toutefois ses multiples apparitions dans la série Psych.