Halloween sera triste cette année, avec l'impossibilité de fêter cet événement en dehors de chez nous. Reste la possibilité de se tourner vers des films et Netflix fait tout pour vous procurer une dose de frissons avec "His House". On vous dit pourquoi il ne faut pas manquer cette nouveauté.
Remi Weekes marche dans les pas de Jordan Peele
Sous l'impulsion de Jordan Peele et certaines productions de Jason Blum, le cinéma d'horreur redevient social. Ce n'est pas une nouveauté que le genre permet de parler, en sous-texte, de problèmes sociaux ou de thèmes particuliers qui n'ont rien de surnaturels. His House veut également le faire, à son tour.
Ce film original acquis par Netflix, signé par Remi Weekes, narre l'arrivée d'un couple de Sud-soudanais en Grande-Bretagne, après avoir fui un pays qui ne leur offrait rien d'autre qu'un avenir incertain. Bol (Sope Dirisu) et Rial (Wunmi Mosaku) aimeraient commencer une nouvelle vie dans une région du monde plus calme.
Les services sociaux vont leur offrir cette chance en les mettant à l'épreuve. Ils peuvent bénéficier d'aides et d'un logement, pour prouver qu'ils sauront s'intégrer. Après une période d'essai très surveillée, il est possible d'obtenir une acceptation de leur demande d'asile. Rien de bien compliqué, les règles sont simples et le couple a assez de bonne volonté pour ne pas faire de vagues. Sauf que la maison qu'on leur attribue va vite être le théâtre d'événements surnaturels.
His House trouve sa propre identité
Premier long-métrage d'un inconnu au bataillon, His House laisse penser que l'on va avoir un petit frère de Get Out ou Us. Deux films sur la place des afro-américains aux USA, où l'horreur sert à développer un propos qui résonne avec notre époque. Cette histoire dont il est question ici s'éloigne en fait assez vite du modèle auquel on veut l'associer.
Remi Weeks parle évidemment de la place de l'étranger dans une société déjà formée, de son intégration qui se heurte aux préjugés d'une population locale. His House enferme le couple dans un cauchemar dès son arrivée dans cette nouvelle maison. Les murs et le sol sont sales, rien n'a été nettoyé, aucun élément de décoration ne vient égayer les lieux. On leur promet de les aider à s'intégrer mais rien n'est vraiment fait pour. Les habitants du coin ne sont pas non plus hospitaliers et cette nouvelle adresse a tout d'un dépotoir.
En plus de s'intéresser à ce choc des cultures, His House laisse s'infiltrer des éléments qui vont effrayer Bol et Rial. Puis le spectateur, par la même occasion. Bruits qui rompent le silence, oiseaux qui s'envolent, apparitions fantomatiques, visions d'horreur... Le film n'a pas peur d'employer des jump scares pour mettre le public en alerte. Une solution un peu facile, qui n'en reste pas moins utilisée sans trop de mauvais goût.
Le metteur en scène s'approprie le folklore africain et la figure du fantôme pour nous surprendre, dans une seconde partie où l'horreur se double d'une émotion. On ne l'a pas précisé auparavant mais le couple porte le deuil de sa petite fille, qui a perdu la vie lors de la traversée en mer qui devait leur faire atteindre l'Europe. Un trauma actuel, qui résonne avec la condition des migrants, obligés de se mettre en danger pour trouver une nouvelle terre d'accueil.
His House se sert de cette réalité comme inspiration pour nourrir la peur. À l'inverse, elle s'intensifie en ayant un motif dramatique pour lui donner de la consistance.
Un premier film pas exempt de petits défauts (la partie centrale, par exemple, traîne un peu en longueur) qui présente un réalisateur dont on entendra peut être vite reparler prochainement avec, on l'espère, une nouvelle oeuvre dans le cinéma de genre.