Disponible sur Netflix depuis le 20 mars, La Plateforme est un thriller de science-fiction haletant et cauchemardesque. Mais vaut-il vraiment le détour ?
Avec la pandémie de coronavirus qui sévit actuellement partout dans le monde, et plus particulièrement en Europe ces derniers jours, le confinement est l'unique rempart contre la circulation du virus. Grâce à cette fameuse distanciation sociale, les populations permettent de renverser la courbe de la pandémie, mais forcément, cet isolement a un prix. Heureusement, nous pouvons compter sur les plateformes de streaming pour nous occuper durant ces temps de solitude, à commencer par Netflix, qui continue de nous abreuver en contenus originaux. Aujourd'hui est arrivé sur le service de streaming un nouveau thriller espagnol : La Plateforme.
La Plateforme : l'humanité meurt de faim
Premier film du réalisateur Galder Gaztelu-Urrutia, La Plateforme ou El Hoyo ("Le Trou" en espagnol) se déroule dans un avenir dystopique dans lequel des détenus (2 par cellule) sont confinés dans une prison verticale, construit autour d'un énorme trou. Dans ce trou passe une fois par jour une plateforme, remplie de nourriture, et s'arrête deux minutes à chaque étage pour que les détenus puissent se nourrir. Le problème ? Il y a un nombre incalculable d'étages. Si les chanceux des premiers niveaux peuvent manger à leur faim, ceux des niveaux inférieurs ne le peuvent pas.
Dès le début du film nous nous retrouvons plongés dans une cellule en compagnie d'un détenu nommé Goreng. Nous ne savons pas comment il est arrivé là, nous n'avons aucune idée d'à quoi ressemble le monde extérieur. Cette entrée directe dans le vif du sujet est très plaisante, et nous découvrons en même temps que le protagoniste toute l'horreur qui se déroule dans cette prison.
Tous les quinze jours environ, les détenus changent d'étages. Et leur comportement varie évidemment en fonction de leur positionnement dans la prison. La faim omniprésente met en exergue le pire de l'humanité. Les détenus ne peuvent pas stocker de la nourriture, au risque de finir brûlés vifs dans leurs cellules. Ils doivent donc s'organiser pour manger chaque jour avec ce qui se trouve sur la fameuse plateforme. Si certains essaient tant bien que mal de se rationner pour que les personnes du dessous puissent également se nourrir, la plupart se fiche des autres, et l'égoïsme prime sur la solidarité. À partir d'un certain étage, il n'y a plus de nourriture, et la faim pousse bon nombre des détenus à commettre des atrocités pour ne pas mourir.
Vous l'aurez compris, le fonctionnement vertical de ce microcosme est bien sûr une métaphore de la société actuelle, où les inégalités en matière de nourriture n'ont jamais été aussi présentes. Si le côté thriller horrifique du début est véritablement réussi, le scénario a beaucoup du mal à décoller de son postulat de départ, en dépit de quelques très belles idées de mises en scène.
Si on songe bien sûr, par le dispositif, aux films de Bong Joon-ho, Snowpiercer et Parasite en tête, on termine le film avec un sentiment d'inachevé, en se disant, si on peut se le permettre, que La Plateforme nous a laissés sur notre faim.
La Plateforme est disponible sur Netflix depuis le 20 mars 2020. Découvrez la bande-annonce ci-dessus.