Probablement l'un des films les plus tristes du monde, "Le Tombeau des lucioles" est un dessin-animé qui doit sa réputation à son pessimisme ambiant. Il est tiré d'un roman qui, lui, est basé sur une histoire vraie aussi tragique. Découvrez-la, ainsi que la grosse différence par rapport au film.
Le Tombeau des lucioles : un torrent de larmes
Sorti en 1988 sous la bannière du studio Ghibli, Le Tombeau des lucioles est une réalisation d'Isao Takahata qui est réputée pour faire beaucoup pleurer. Régulièrement présent dans les classements des films les plus déprimants au monde, il mérite en effet sa réputation. On ne connaît personne qui en ressort avec un air indifférent tant tout ce qui se joue dedans vous prend aux tripes. On peut même dire que le format du dessin-animé n'est pas du tout destiné à un public très jeune car les thèmes abordés dedans nécessitent une certaine maturité.
Le scénario se passe au Japon, en 1945, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Deux enfants, le jeune Seita et sa petite soeur Setsuko, vivent avec leur mère, pendant que leur père a été appelé pour servir au sein de l'armée. Quand les troupes américaines bombardent la ville de Kobe, les enfants voient leur mère périr. Livrés à eux-mêmes, ils vont essayer de se tourner vers une tante pour trouver un toit où s'abriter. Le soutien qu'ils vont recevoir n'est pas à la hauteur de leurs espérances, la tante préférant les exploiter. Ils vont alors essayer de se débrouiller sans elle mais Setsuko, touchée par une anémie, force le grand frère à commettre des petits larcins.
Le reste de l'intrigue va aller dans ce sens en empilant les mésaventures, sans que l'espoir ne pointe le bout de son nez. Une telle noirceur peut assommer car on a l'impression que la spirale de négativité ne s'enraie jamais.
Une histoire vraie presque identique
Récit de survie, dans un contexte exceptionnel, Le Tombeau des lucioles est d'abord adapté du roman La Tombe des lucioles écrit par Akiyuki Nosaka. L'auteur s'est inspiré de sa propre vie pour le récit, et on l'encaisse alors avec une autre vision que si un scénariste avait simplement inventé cette accumulation de galères pour tirer des larmes aux spectateurs.
Akiyuki Nosaka aussi avait 14 ans en 1945, le personnage de Seita est donc un ersatz même pas dissimulé de sa personne. Il vivait également à Kobe et, avec sa soeur, ils perdirent leurs parents adoptifs dans des bombardements. Pour survivre, il a été forcé de voler de la nourriture et de passer par des activités illégales pour se faire un peu d'argent. Ceci se retrouve dans le film, tout comme un élément très important qui est la mort de la petite soeur. Ce drame l'a poussé ensuite à écrire le livre pour tenter d'amoindrir sa peine. Un travail presque thérapeutique, qui a subi quelques différences lors son adaptation au cinéma.
Les grandes lignes sont similaires entres les deux mais la fin du film va dans une autre direction. Les spectateurs ont été bouleversés par la mort de Seita, qui se laisse mourir quand il perd Setsuko. Or, l'auteur n'est pas du tout mort dans ces conditions et s'est éteint en 2015, à l'âge de 85 ans. Cette divergence permet cependant d'offrir une fin assez lumineuse, dans le sens où les deux esprits sont réunis et peuvent perdurer dans une certaine sérénité qui tranche avec tout ce qu'on a vu avant. Des dernières secondes qui arrivent à renverser la vapeur en transformant la mort en un happy end. Malgré la différence majeure qui les oppose, on peut cependant se dire que cette fin a dû toucher Akiyuki Nosaka.
La culpabilité qui l'habitait après la disparition de sa soeur était d'une force indescriptible, la mort pour laquelle opte Seita est presque une représentation poussée à l'extrême de son sentiment. Un choix narratif qui accentue - s'il le fallait - le caractère dramatique du scénario.