« Pentagon Papers », le récent film de Steven Spielberg, est disponible sur Netflix. Porté par Tom Hanks et Meryl Streep, le long-métrage revient sur l'affaire des Pentagon Papers. Retour sur l'histoire vraie derrière le film.
Pentagon Papers : Steven Spielberg a encore frappé un grand coup
Steven Spielberg est un touche à tout. Entre deux blockbusters comme Le Bon gros géant et Ready Player One, il est capable de proposer des films politiques comme Pentagon Papers. Sorti en 2018 et porté par Meryl Streep et Tom Hanks, le long-métrage revient sur l'affaire des Pentagon Papers. Comme souvent avec les films du maître Spielberg, Pentagon Papers a reçu des critiques majoritairement positives, que ce soit de la presse ou des spectateurs. Le film a été nommé à deux reprises aux Oscars, dans les catégories Meilleur film et Meilleure actrice pour Meryl Streep, mais est néanmoins reparti bredouille. Aux Golden Globes, il cumule 6 nominations. Là encore, sans succès. Côté box-office, Pentagon Papers a rapporté plus de 179 millions de dollars pour un budget de 50 millions.
Retour sur l'histoire vraie derrière le film
Le scandale des Pentagon Papers remonte à 1971 quand le journal le New-York Times, puis le Washington Post rendent public des documents classés secret défense. 7000 pages de documents du département de la Défense fuitent ainsi dans la presse. Et ce, malgré les pressions politiques de l'époque pour enterrer l'affaire. Ces fameux documents détaillent l'implication politique et militaire américaine dans la guerre du Vietnam de 1955 à 1971. Pentagon Papers est une expression populaire qui désigne ce fameux document en réalité intitulé : United States-Vietnam Relations, 1945-1967: A Study Prepared by the Department of Defense.
Ce document, rédigé par 36 officiers militaires et experts en politique, éclaircit les prises de décision du gouvernement fédéral des États-Unis par rapport à cette crise militaire. Une synthèse a été rédigée par Robert McNamara, alors secrétaire à la Défense en 1967. L'article du New-York Times, soutenu par la suite par le Washington Post, divulgue la genèse de l'engagement des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam. Il montre comment le gouvernement américain a délibérément généralisé la guerre à l'insu du Congrès.
Daniel Ellsberg. Cet ancien marine devenu consultant militaire, est le lanceur d'alerte de toute cette histoire. À la fin du mois de juin 1971, c'est lui qui est à l'origine des fuites des documents. Il se rend lui-même à la justice américaine, face à laquelle il encoure une lourde peine de prison pour trahison. Il est rapidement surnommé « L'homme le plus dangereux d'Amérique ». Notamment pour salir son image auprès du peuple et de la presse.
Avant de se rendre à la justice, Daniel Ellsberg communique les documents qu'il a en sa possession à la presse américaine, notamment au New York Time et au Washington Post, en espérant que ces grands journaux feront leur travail de journaliste malgré la pression qui en découle. Par la suite, Daniel Ellsberg est finalement acquitté par la justice américaine. Des perquisitions illégales et des écoutes non autorisées rendent la suite du procès caduque.
De la réalité au film
Bizarrement, Steven Spielberg préfère se concentrer sur la rédaction du Washington Post plutôt que celle du New York Times. En 1971, Katharine Graham (Meryl Streep) propriétaire du Washington Post et Ben Bradlee (Tom Hanks) prennent la difficile décision de rendre public les documents Pentagon Papers. Une décision lourde et risquée que Steven Spielberg choisi de raconter. C'était important pour le cinéaste d'aborder cette histoire du point de vue de la presse :
Il y a beaucoup d'aspects dans cette page d'histoire, et, en travaillant le sujet avec Josh Singer (scénariste de Spotlight ) j'ai pensé très vite que nous allions la raconter du point de vue de la presse. C'est là que se concentre le maximum d'énergie. Et j'ai tourné dans la même urgence.
L'affaire des Pentagon Papers a eu un retentissement sans précédent aux Etats-Unis. La divulgation de ces documents a contribué à la détérioration de l'opinion publique envers l’administration américaine. C'est le premier scandale politique majeur qui fuite dans la presse. Une affaire qui a permis au Washington Post de gagner en notoriété, quelques années avant le scandale du Watergate, encore une fois initié par ce même journal, et raconté dans l'excellent film Les Hommes du Président.