Parce qu’il est parfois compliqué de savoir quoi regarder sur Netflix, nous avons décidé de dénicher pour vous les pépites à visionner sur la plateforme. Aujourd'hui, c'est The Invisible Guest, (L’Accusé en VF), qui a retenu l'attention de Comme Au Cinéma. Un thriller rondement mené à la minutie qui bluffe chaque instant, dans laquelle la vérité se confronte aux mensonges de ses personnages.
Dans The Invisible Guest, son réalisateur Oriol Paulo installe l’action dans les hautes sphères sociétales. Sociétés dans lesquelles se côtoient CSP+ aux sombres secrets entre infidélités et pouvoir octroyé par l’argent. Car c’est là où ce récit prend son point de départ : le meurtre de la maîtresse d’un richissime homme d’affaire, lui-même accusé de cet assassinat. Du haut de sa tour d’ivoire, ce personnage, appelé Adrian et incarné par Mario Casas, cherchera auprès d’une influente avocate à prouver son innocence.
Un Adrian beaucoup plus préoccupé par sa petite personne et qui, lorsque l’on gratte un peu, cache une personnalité plus que lâche. Plutôt que d'appeler à l’aide quand un mystérieux corbeau menace de révéler sa liaison, Adrian préfère payer ce dernier. Plutôt que d’appeler les secours lorsqu’un malheureux accident provoque la mort d’un jeune homme, Adrian préfère cacher les preuves. Un manque de jugeote provoqué par les “qu’en dira-t-on” d’une société d’hommes d’affaire puissants capables de faire sauter un gros contrat.
Au fil d’une reconstitution des derniers événements ayant amené à la mort de la maîtresse d’Adrian, la troublante Laura incarnée par Bárbara Lennie (La piel que habito), tantôt effrayée, tantôt effrayante (même si dans The Invisible Guest, il faut toujours se méfier des apparences), la vérité tente de se frayer un chemin. Car cette reconstitution s'amuse sans cesse à disséminer autant de vraies pistes que de fausses jusqu’au casse-tête ultime : comment Laura a-t-elle pu être assassinée dans ce qui semble être le crime parfait ? Une question à laquelle tentera de répondre l’avocate d’Adrian, Virginia Goodman, et sa capacité à malmener son client pour lui tirer les vers du nez. Il serait dommageable de trop en révéler sur The Invisible Guest tant sa qualité repose sur les multiples twists qui parcourent l’intrigue jusqu’au climax final. Un climax que les plus malins d’entre vous verront arriver tandis que les autres seront… « sur le cul » !
Aussi travaillé et précis que son scénario, c’est aussi la photographie de The Invisible Guest qui surprend. Ses couleurs tantôt froides, tantôt chaudes, ses décors prenant place dans des cadres bourgeois aussi sublimes que glaçants. Une construction choisie par Oriol Paulo dans sa déshumanisation d’un milieu obsédé par l’apparence et les conventions sociales. Même sa musique, composée par Fernando Velázquez (Quelques minutes après minuit, l’orphelinat), semble s’articuler autour de la précision de The Invisible Guest. Une minutie de tous les instants qui font de ce film une exécution parfaite, de la première à la dernière note.
Entre manipulations, mensonges, déconstruction de la vérité, The Invisible Guest est une petite réussite venue droit d’Espagne. Casting 4 étoiles pour un film qui l’est tout autant et devrait mettre à rude épreuve les nerfs des amateurs de thrillers calculés dans les moindres détails. Reste à savoir si The Invisible Guest survivra à un second visionnage une fois toutes les cartes en main. Quoi qu’il en soit, le film de Oriol Paulo se révèle comme l’une de ces pépites Netflix à ne pas rater après notre premier numéro consacré à Jessie de Mike Flanagan.
Nassim Chentouf (9 octobre 2017)