Si vous utilisez Netflix, vous êtes forcément confrontés à un problème récurrent : le trop plein de choix proposé par la plateforme et l’impossibilité de choisir quoi visionner. Face à cette situation on ne peut plus chronophage (car vous passez plus de temps à naviguer dans les propositions qu’à regarder quelque chose), nous avons décidé de vous donner un petit coup de pouce. Nous dénichons pour vous des pépites à visionner, qui ne disposent le plus souvent pas de publicité suffisante pour accrocher votre oeil et qu’il serait malheureux de rater.
Au-delà des controverses sur la qualité de ses films ou du débat sur leur non sortie en salles dommageable pour nous spectateurs, le statut de Netflix représente avant tout le climat qui règne à Hollywood. Les grands studios n'osent plus développer des projets ambitieux et risqués de peur d'y perdre gros et le cinéma indépendant n'a pas assez de moyens pour les porter. Le géant du streaming à la demande a repéré le potentiel de ce marché. Il s'est aujourd'hui fait une place au milieu de tout ça et fait désormais figure de tremplin pour des jeunes cinéastes qui tentent de lancer leur carrière. Jeremy Rush en est l'exemple. Son premier film, qu'il a écrit et réalisé, s'intitule Wheelman et il fait partie de ces films noyés dans la masse du catalogue de Netflix qui méritent votre attention.
Une course poursuite intense
Wheelman nous embarque aux côtés d'un chauffeur de braquage obligé de fuir après qu'un casse ait mal tourné. Avec une voiture pleine d'argent, sa course contre la montre pour survivre et comprendre qui l'a doublé est lancée. Il ne peut que compter sur ses compétences au volant et sa famille qu'il a en ligne. Sur le papier ce thriller n'apporte rien de nouveau avec son script qui reste dans les traces des classiques du genre. Et pourtant il mérite le coup d’œil grâce à la vision de son jeune metteur en scène, Jeremy Rush, et à l'interprétation de Frank Grillo dans le rôle du héros.
Bien sûr, on ne peut pas s'empêcher de penser à Ryan Gosling dans l'excellent Drive ou à Ansel Elgort dans Baby Driver avec une telle histoire. Un chauffeur de braquage pris dans la tourmente, il n'en faut pas plus pour que les films de Nicolas Winding Refn et Edgar Wright nous viennent en tête. Vous avez aimé les courses poursuites vues de l'habitacle de Ryan Gosling dans Drive? Vous avez aimé Collateral dont une grande partie du film se déroule dans le taxi de Jamie Foxx? Ou peut-être Locke où Tom Hardy ne quitte jamais sa voiture et règle ses comptes par téléphone? Buried et Phone Game vous ont marqués par leurs personnages principaux eux aussi coincés dans un espace restreint ? Vous êtes fans de Frank Grillo dans la série Kingdom? Wheelman est fait pour vous !
Un concept exploité à fond
Jeremy Rush démontre dès son premier film son sens du cinéma. Son scénario peut paraître simpliste mais sa mise en scène le transforme en une réelle expérience visuelle. La scène d'ouverture, très efficace et admirablement construite, nous met d'emblée dans le ton et installe le concept graphique. Les prises de vue ne sont faites que de la voiture, que ce soit de l'intérieur de l'habitacle ou par des caméras fixées sur la carrosserie.
On assiste alors à une mise en scène inventive où les angles de vue ne cessent de se réinventer pour créer du mouvement et de la tension. Toutefois la réalisation ambitieuse n'est pas qu'un exercice de style tape à l’œil, elle sert l'histoire. Jeremy Rush nous enferme aux côtés de son héros. Comme lui on est pris au piège et sans échappatoire possible, on subit avec lui les événements qui lui tombent dessus au fil du film. En plus de son style visuel, le cinéaste américain fait également preuve de maîtrise dans sa narration en sachant rester à l'essentiel. Avec une durée réduite à 1h20, on évite les surplus inutiles pour donner un film intense, rythmé et immersif. Jeremy Rush s'affirme comme un cinéaste à suivre.
Frank Grillo, héros charismatique
Pratiquant de sports de combat, le comédien est souvent casté pour des rôles physiques ou qui tournent autour de ce sport. Coach de MMA dans Warrior, ou interprète de Crossbones dans Captain America : Le Soldat de l'hiver et Captain America : Civil War, Grillo est cantonné aux seconds rôles sur grand écran. C'est à la télé qu'il a enfin pu montrer l'étendu de ses talents d'acteurs avec la série Kingdom. Même si le MMA y a une place importante, c'est avant tout sur une famille déchirée qui essaie de recoller les morceaux. Frank Grillo incarne le héros Alvey Kulina. Ancienne star du ring reconvertie en coach, il est un père brisé qui essaie tant bien que mal de rester proche de ses deux fils, eux aussi combattants. Au fil des trois saisons de la série créée par Byron Balasco, on découvre avec plaisir le charisme de Frank Grillo.
Avec Wheelman, l'acteur confirme qu'il n'est pas qu'un acteur physique. Même coincé derrière un volant, il a les épaules pour tenir la tête d'affiche d'un film. Sa gueule, sa prestance et sa voix éraillée nous emportent. Et il fallait bien un acteur de cette trempe pour que le concept de l'espace restreint fonctionne.