Dans "Amanda", Vincent Lacoste et la jeune Isaure Multrier tentent de se reconstruire après la perte d’un proche. Un drame qui évoque les attentats qui ont meurtri Paris en 2015, mais que le réalisateur Mikhaël Hers n’a pas voulu retranscrire.
Amanda : la naissance d’un superbe duo
Troisième long-métrage de Mikhaël Hers, Amanda est centré sur le deuil, l’une des thématiques de son précédent film, Ce sentiment de l’été. Sorti en 2018, le drame débute pendant les beaux jours à Paris. Il suit David (Vincent Lacoste), un jeune homme de 24 ans qui vit au jour le jour. Proche de sa grande sœur Sandrine (Ophelia Kolb), cet élagueur est aussi complice avec sa nièce Amanda (Isaure Multrier), âgée de sept ans. En route pour rejoindre un pique-nique avec son aînée et leurs amis, il découvre avec effroi qu’elle a été victime d’une attaque terroriste dans un parc, au cours de laquelle sa petite amie Léna (Stacy Martin) a également été touchée. Sous le choc, le jeune homme doit annoncer à Amanda le décès de sa mère.
Déboussolés, la petite fille et son oncle vont apprendre à vivre ensemble et se reconstruire à deux, bravant la peur et les doutes pour l’avenir. Amanda marque un nouveau palier atteint par Vincent Lacoste dans sa carrière. Le comédien s’aventure dans un registre dramatique inédit. Si sa composition est davantage marquée par la tristesse, mais aussi la douceur, l’acteur ne renie pas la spontanéité de ses interprétations dans Les Beaux gosses, Hippocrate ou Victoria.
Un naturel qui s’allie à merveille au jeu d’Isaure Multrier, qui hérite d’un rôle particulièrement complexe pour son jeune âge. L’évolution de ces deux enfants offre au film des moments lumineux et plein d’espoir. Stacy Martin, Jonathan Cohen et Greta Scacchi complètent la distribution, incarnant des figures bienveillantes qui aident le duo à aller de l’avant.
Une tragédie évoquée à travers un événement fictif
Les rues vides et silencieuses de la capitale, l’échange entre David et un militaire, les contrôles renforcés des autorités… Amanda retranscrit la torpeur, les sentiments et les situations nés en France après les attentats qui ont touché Paris en 2015.
Mikhaël Hers fait le choix de ne pas évoquer la tragédie du 13 novembre. Il développe un événement fictif, une attaque qui survient dans le bois de Vincennes. Le cinéaste explique à propos de ce parti pris, cité par Allociné :
J’aurais trouvé indécent d’inventer une victime fictive pour un événement terriblement réel qui a fauché tant de vies et qui appartient désormais à l’imaginaire collectif… C’est malheureusement plausible que cet attentat survienne lors de ce pique-nique dans un bois. Mais en même temps ce bois est moins identifiable que certaines grandes artères parisiennes ou que le Louvre par exemple.
Autre point indispensable pour le réalisateur : le fait de nommer explicitement les attaques. Même si elles ne constituent pas le cœur du long-métrage, il était impensable de les éluder à l’écran. Mikhaël Hers ajoute :
Je pense que le film ne pouvait pas faire l’économie de montrer les images de l'attentat. Cela aurait été une fausse pudeur. Amanda n’est pas un film sur les attentats ni sur le terrorisme islamiste mais il me semblait impossible qu’ils ne soient pas filmés ni nommés frontalement. Il fallait juste trouver la manière et le moment.