Dans le drame "Deux sœurs pour un roi", Natalie Portman et Scarlett Johansson interprètent Anne et Mary Boleyn, qui se déchirent autour du souverain anglais Henry Tudor, incarné par Eric Bana. Le long-métrage respecte-t-il les événements historiques ?
Deux sœurs pour un roi : amour et cruauté
Sorti en 2008, Deux sœurs pour un roi relate le triste sort réservé à Anne et Mary Boleyn au sein de la cour d’Henry VIII. Incarnées par Natalie Portman et Scarlett Johansson, ces deux sœurs soudées voient leur existence chamboulée par la visite du roi d’Angleterre, interprété par Eric Bana, sur les terres de leur famille.
Séduite par le souverain, Anne est rejetée par le monarque, vexé de s’être blessé lors d’une partie de chasse à ses côtés. Henry Tudor jette ensuite son dévolu sur la cadette, Mary, espérant pouvoir avoir un héritier avec elle, tandis que son épouse Catherine d’Aragon (Ana Torrent) ne peut enfanter. C’est alors qu’Anne réapparaît. S’estimant trahie par sa petite sœur, elle met tout en œuvre pour conquérir le coeur d'Henry, qui finit par délaisser Mary. L’aînée des Boleyn réussit à se marier avec le roi. Mais elle subit à son tour les convoitises et les manipulations d’une cour cruelle, à commencer par celles de son oncle, le duc de Norfolk (David Morrissey), prêt à sacrifier ses nièces pour que sa fortune continue de croître.
Le film en costumes de Justin Chadwick prend donc la forme d’un enchaînement de trahisons. Réduites au rôle de génitrice par un souverain détestable qui se désintéresse d’elles après les avoir possédées, les deux héroïnes ne parviennent jamais à s’extirper de la condition dans laquelle elles sont tenues enfermées. Natalie Portman et Scarlett Johansson offrent des interprétations nuancées et complexes de ces sœurs qui voient leurs émotions et leurs sentiments bafoués en permanence. Kristin Scott Thomas, Mark Rylance, Jim Sturgess, Benedict Cumberbatch, Eddie Redmayne et Juno Temple complètent la distribution.
L’adaptation d’un best-seller
Deux soeurs pour un roi est l’adaptation du roman éponyme de Philippa Gregory, publié en 2001. Spécialiste des fictions historiques qui a consacré de nombreux ouvrages à la monarchie britannique, l’écrivaine n’hésite pas à s’écarter des faits. C’est également le cas du film.
Contrairement à ce qu’affirme Deux sœurs pour un roi, Mary était l’aînée des Boleyn. Elle aurait passé plusieurs années en France à l’adolescence, servant de dame d’honneur à la princesse Marie Tudor. Elle aurait aussi été la maîtresse de François Ier. À son retour en Angleterre, elle tient le rôle de dame de compagnie auprès de Catherine d’Aragon, l’épouse d’Henry VIII, et entame une liaison avec le roi. Ce dernier aurait donc d’abord été séduit par Mary et non Anne. Les deux sœurs n’auraient pas eu la proximité dévoilée dans le long-métrage durant leurs années à la cour.
Quant à Anne, elle aurait été envoyée aux Pays-Bas très jeune pour être l'une des dames de compagnie de Marguerite d'Autriche. Une période là encore totalement éclipsée dans le film, sans doute pour renforcer les liens entre Anne et Mary. Leur père Thomas Boleyn est par ailleurs présenté comme un homme faible et lâche, alors qu'il aurait en réalité été été un diplomate très respecté et l'un des favoris de la cour d'Henry VII.
Officiellement, Mary Boleyn n’aurait pas eu d’enfant avec Henry VIII, même si le roi a été soupçonné d’être le père de Catherine et Henry Carey, ses deux enfants nés de son union avec William Carey. Enfin Deux sœurs pour un roi laisse entendre qu’elle aurait vu grandir Elisabeth I, mais son influence sur l’éducation de sa nièce et future souveraine n’a jamais été prouvée.