Après "Minority Report", le duo formé par Steven Spielberg et Tom Cruise refait des merveilles avec "La Guerre des mondes". Cette deuxième collaboration restera leur dernière d’après le réalisateur, qui préfère prendre ses distances avec l’acteur à cause de plusieurs excès.
La Guerre des mondes : une adaptation tétanisante de H.G. Wells
Entre 2005 et 2006, alors que les États-Unis et leur cinéma sont encore en plein traumatisme du 11 septembre 2001, Steven Spielberg propose deux de ses œuvres les plus désenchantées. Le premier, adapté du roman culte La Guerre des mondes de H.G. Wells, débute sur des plans de New York appuyant sur l’absence du World Trade Center. Sorti quelques mois plus tard, Munich se termine sur Eric Bana s’éloignant d’un square à l’abandon, tandis que la caméra s’attarde sur une vue des deux tours au loin.
Au-delà de cette ouverture et de cette conclusion qui se répondent, l’évocation des attentats se fait tout au long de ces films majeurs, tous deux habités par le sentiment de désillusion qui marque le pays au moment de leur sortie. Dans La Guerre des mondes, les apparitions des tripodes qui surgissent du sol après une pluie d’éclairs dans le New Jersey, où les humains tentent de fuir dans les ruines et la poussière, en font évidemment partie.
Pendant cette séquence de chaos qui donne le ton du long-métrage, le docker incarné par Tom Cruise assiste avec impuissance à la prise de contrôle des aliens et court vers sa maison. Après avoir retrouvé sa fille Rachel (Dakota Fanning) et son fils Robbie (Justin Chatwin), ce père absent n’ayant désormais plus d’autre choix que de protéger ses enfants décide de fuir la ville. Il tente de les mener jusqu’à Boston pour qu’ils puissent retrouver leur mère, interprétée par Miranda Otto.
Tom Cruise chargé d'enrôler Steven Spielberg ?
Qu’il s’agisse d’un train en flammes surgissant à toute vitesse, de vêtements tombant du ciel dans une nuit brumeuse ou de l’herbe de sang s’étendant à l’infini, La Guerre des mondes est rempli de visions tétanisantes. L’interprétation de Tom Cruise, choqué et mutique face à l’horreur, colle parfaitement à ces dernières. Trois ans après Minority Report, le duo formé par l’acteur et Steven Spielberg refait des étincelles. Pourtant, en coulisses, la collaboration n’est pas simple.
Durant le tournage de La Guerre des mondes, la star de la saga Mission: Impossible fait du prosélytisme. Comme le rappelle Première, Tom Cruise va jusqu’à installer une tente sur le plateau, afin de promouvoir l’Église de Scientologie et recruter de nouveaux membres pour la secte créée par L. Ron Hubbard. Le tout avec l’approbation de Steven Spielberg.
Dans son ouvrage Devenir Clair publié en 2005, qui retrace sa longue enquête sur le mouvement religieux, le journaliste Lawrence Wright assure que l’acteur aurait été chargé de recruter le cinéaste. Le premier devait "guider" le second "dans la bonne direction", en le conseillant notamment sur ses problèmes familiaux.
La rupture
Le réalisateur de Ready Player One aurait ouvert les yeux lors d’une conversation avec Paul Haggis. Ancien membre de la Scientologie, le scénariste de Million Dollar Baby et metteur en scène de Collision tourne le dos à l’organisation en 2009, à la suite du soutien de membres envers une proposition de loi homophobe, comme l’explique Lawrence Wright pour le New Yorker. Steven Spielberg lui aurait lancé :
J'ai rencontré des tas de scientologues. Ils m'ont paru absolument charmants.
Paul Haggis lui aurait alors répondu :
Oui, tous les méchants, on les cache au placard.
Steven Spielberg ne rejoint finalement pas l’Église de Scientologie. La promotion de La Guerre des mondes, où Tom Cruise devient (un peu trop) hystérique pour annoncer sa relation avec Katie Holmes sur le canapé d’Oprah Winfrey, n’arrange pas les choses. Le réalisateur affirme après cet épisode qu’il ne collaborera plus avec le comédien. Des propos sur lesquels il n’est toujours pas revenu.