Sorti en 2015, le survival "Everest" revient sur une tragédie survenue près de vingt ans plus tôt, en 1996. Retour sur les deux expéditions meurtrières à l'origine du film, à travers les témoignages de ceux qui les ont vécues.
Everest : un survival enneigé
Après 2 Guns, buddy movie porté par Denzel Washington et Mark Wahlberg, le cinéaste islandais Baltasar Kormákur revient à un genre qu'il connaît bien. En 2015, le réalisateur signe un survival enneigé avec Everest, trois ans après Survivre et trois ans avant À la dérive.
Adapté de l'ouvrage autobiographique Tragédie à l'Everest du journaliste et alpiniste Jon Krakauer, le film retrace une catastrophe survenue en 1996. Alors que deux expéditions pour atteindre le sommet de l'Everest débutent, menées par les spécialistes Rob Hall (Jason Clarke) et Scott Fischer (Jake Gyllenhaal), une terrible tempête de neige se prépare. Une fois l'ascension du toit du monde terminée, les grimpeurs doivent entamer la descente à 8849 mètres de hauteur dans un environnement infernal. Faisant face à un vent d'une extrême violence, au froid glacial et au manque d'oxygène, ils se lancent dans un véritable combat pour rester en vie.
Josh Brolin, Keira Knightley, Robin Wright, Emily Watson, John Hawkes, Elizabeth Debicki, Martin Henderson et Michael Kelly complètent la distribution du long-métrage. Devant pour la plupart tourner au Népal, au pied de l'Everest dans des conditions parfois difficiles, les comédiens ont notamment dû effectuer des tests d'altitude. L'équipe a par ailleurs pu compter sur les conseils de Guy Cotter, secouriste qui a vécu les événements et auquel Sam Worthington prête ses traits dans le film.
La tragédie à l'origine du film
Durant la promotion d'Everest, Guy Cotter revient sur l'impact de ces deux expéditions tragiques sur sa profession. Cité par Allociné, il déclare :
Pour nous, au sein de la communauté des guides de haute montagne, ces événements nous ont beaucoup appris. On s’est énormément interrogés après coup, pour que cette tragédie ne puisse jamais se reproduire. D’une certaine manière, cela nous a permis d’évoluer en tant que profession. Rob était au sommet de sa carrière. Mais nous étions alors au début du métier de guide de haute montagne et parfois les pionniers ne survivent pas à la découverte des paramètres de leur environnement.
Entre le 10 et le 11 mai 1996, la tempête coûte la vie à huit personnes. Présent lors de l'expédition et interprété par Michael Kelly, le journaliste Jon Krakauer a donc raconté le calvaire vécu par les deux groupes dans Tragédie à l'Everest, paru en 1997.
Un terrible dilemme
Trois ans plus tard, le survivant Beck Weathers, joué par Josh Brolin et qui a perdu ses mains ainsi que son nez au cours de l'expédition meurtrière, publie le récit Laissé pour mort à l'Everest. Interrogé par Le Monde, il explique avoir été laissé trois fois pour mort au cours de l'ascension, assurant à ce propos :
C’était un cas de tri médical comme ceux auxquels on est confrontés pendant les guerres : une sélection des plus classiques dans ce type de circonstances. (...) Quiconque va sur l’Everest en s’imaginant qu’on lui sauvera la vie (dans de telles circonstances) n’a rien à faire là-bas. C’est de mon propre chef que je suis monté là-haut et ce sont mes jambes qui m’ont porté.
Sur place, chacun essaie de faire au mieux et ceux qui n’ont pas vécu une telle tempête ne peuvent comprendre la terreur, le stress et l’épuisement auxquels on est soumis. Dans une telle situation, chacun sent qu’il a de très grandes chances de ne pas redescendre et de mourir. Les autres ont fait au mieux et je ne peux leur en vouloir, car, finalement, je suis rentré, je vais bien et je suis heureux.
Un long-métrage fidèle à la réalité ?
Beck Weathers assure par ailleurs que le film s'écarte de la réalité par certains aspects :
Je le trouve d’une qualité technique extraordinaire. Il réussit à recréer l’Everest, et l’ambiance est assez fidèle à la réalité, à l’exception de la scène de ma prétendue chute sur une échelle traversant une crevasse, du scandale que j’aurais fait à Rob Hall pour qu’il vienne me secourir et de mes éructations sur la mauvaise qualité du service par rapport à ce que m’a coûté l’expédition. Tout cela est de la pure fiction.
Il se décrit également comme "quelqu'un d'assez ouvert et amical", contrairement à son personnage dans le long-métrage, et conclut à ce sujet :
Je me suis interrogé sur les raisons qu’avait la production de rendre mon personnage aussi superficiel et détestable, même si elle lui insuffle un peu d’humanité au fil de l’histoire. J’imagine que la tentation était trop forte pour un scénariste de Hollywood de camper le personnage d’un Texan conservateur autrement que sous les traits du stéréotype de la grande gueule et du vantard…