Dans "La Prisonnière du désert", John Wayne incarne un ancien soldat lancé à la poursuite de Comanches ayant kidnappé sa nièce. Adaptation d’un roman d’Alan Le May, le classique de John Ford s’inspire de l’histoire vraie de Cynthia Ann Parker.
La Prisonnière du désert : la poursuite impitoyable
Après La Chevauchée fantastique, Le Fils du désert ou encore L’Homme tranquille, John Ford retrouve son acteur fétiche John Wayne pour La Prisonnière du désert. Dans ce western sorti en 1956 et considéré comme l’un des sommets du genre, le comédien incarne l’un de ses personnages les plus complexes. Il prête ses traits à Ethan Edwards, ancien soldat confédéré de retour au Texas en 1868, trois ans après la fin de la guerre de Sécession.
Peu après son arrivée, le ranch de son frère Aaron est attaqué par des Comanches, qui tuent trois membres de la famille et kidnappent ses nièces, Lucy et Debbie. Nourrissant une haine pour les Indiens, l’ancien soldat se lance à leur poursuite avec la ferme intention de se venger. Accompagné de plusieurs voisins, il se retrouve rapidement seul avec Martin Pawley (Jeffrey Hunter), fils adoptif de son frère et de sa belle-sœur. Les années passent, mais les deux hommes ne renoncent pas à leur traque.
Vera Miles, Natalie Wood ainsi que Ward Bond et Harry Carey Jr., visages emblématiques du cinéma fordien, complètent la distribution de La Prisonnière du désert. Le long-métrage bénéficie de cadres sublimes comme Monument Valley, notamment filmé depuis le fameux John Ford Point. Lorsqu’il prépare le colossal Lawrence d’Arabie, David Lean regarde d'ailleurs le western à de multiples reprises pour étudier la mise en scène des grands espaces.
Une légende américaine
La Prisonnière du désert est l’adaptation du roman éponyme d’Alan Le May, également auteur de The Unforgiven, sur lequel John Huston se base pour Le Vent de la plaine. Pour cet ouvrage paru en 1954, l’écrivain s'inspire de l’histoire de Cynthia Ann Parker.
Passionné par le film de John Ford, Glenn Frankel décide d’enquêter sur la vie de cette dernière et lui consacre l’ouvrage The Searchers : The Making of an American Legend, publié en 2013. Avec ce projet, le journaliste tente de démêler le vrai du faux autour du récit d’une fillette de neuf ans enlevée par des Comanches et des Kiowas en 1836, au Texas.
Selon l’écrivain, son père et son grand-père auraient été tués devant elle, avant qu’elle soit kidnappée avec quatre autres enfants. Elevée en tant que Comanche, elle aurait progressivement oublié son passé. Mariée à l’un des membres de sa tribu, elle aurait eu trois enfants avec lui.
Un symbole des dégâts de la guerre
24 ans après son enlèvement, des Texas Rangers et des membres de la cavalerie auraient attaqué son camp, tué plusieurs de ses proches et l’auraient embarquée de force avec sa fille. Elle n’aurait par la suite plus jamais revu son mari, ainsi que leurs deux fils.
Elle aurait passé le reste de sa vie dans des conditions misérables, suivant des coutumes qui lui étaient devenues étrangères. Les détails autour de sa mort restent flous, mais il est probable qu’elle soit décédée peu de temps après sa fille emportée par une épidémie, d’après les informations de l’Austin Chronicle. Comme Glenn Frankel l’assure auprès de CNN, Cynthia Ann Parker est "un symbole des dégâts et de la violence de cette longue guerre Comanche/Texans".
Une figure de laquelle La Prisonnière du désert s’écarte pour se focaliser sur le personnage ambigu d’Ethan, acteur de cette guerre aveuglé par la colère. Dans Danse avec les loups, Mary McDonnell interprète "Dressée avec le poing", protagoniste lui aussi inspiré de Cynthia Ann Parker.