La fiction TF1 "La Traque" retrace l'histoire de l'affaire Fourniret, le célèbre tueur en série appelé "L'Ogre des Ardennes", responsable de plusieurs assassinats. Certaines enquêtes sont toujours en cours, et les familles des victimes s'insurgent contre la diffusion de ce téléfilm.
La Traque remue une affaire qui dérange
TF1 diffuse lundi 15 mars le téléfilm La Traque composé de deux parties. Cette fiction met en lumière l'enquête qui a permis d'arrêter le terrible tueur, Michel Fourniret et sa femme. C'est Yves Rénier qui s'est chargé de la réalisation. Il a également travaillé sur le téléfilm Jacqueline Sauvage : c'était lui ou moi. "L'Ogre des Ardennes", comme le criminel se fait appeler, est incarné par Philippe Torreton, et sa femme par Isabelle Gélinas. L'enquête quant à elle, est entre les mains de François-Xavier Demaison et Mélanie Bernier.
Le téléfilm s'ouvre avec l'arrestation de Michel Fourniret en juin 2003, suite à une tentative d'enlèvement sur une petite fille. Après cela, s'en est suivi un an de traque psychologique afin de faire passer aux aveux le tueur en série, ainsi que sa femme, complice, Monique Olivier. Qualifié de violeur, pédocriminel et tueur en série, il est accusé d'avoir commis de nombreux crimes sur des jeunes filles en France et en Belgique.
Le téléfilm, La Traque, a failli ne jamais voir le jour, car les familles des victimes se sont opposées à ce projet. Eric Mouzin, le père de la petite Estelle, victime du tueur s'est dit "écœuré" par l'initiative de TF1, qu'il qualifie de "dérive de notre société du spectacle". Plusieurs plaintes ont été déposées. Les familles s'insurgent et sont dévastées de voir leurs douloureuses histoires transposées dans une fiction télé. La mère d'Elizabeth s'est exprimée :
L’utilisation commerciale de la souffrance de mon enfant disparu me dévaste. Le souvenir et l’intégrité d’Elizabeth seront violés encore et encore à chaque lecture de détails inutiles, à chaque clic de télécommande.
"Voyeurisme" et "recherche d'audimat"
Les familles des victimes sont en furie, dès l'annonce du projet du téléfilm La Traque, en septembre 2020, des manifestations ont eu lieu à Sedan dans les Ardennes. Pour elles, cela relève du voyeurisme et de la recherche d'audimat. Ainsi, la fiction viserait à glorifier le tueur en série, qui a ruiné bon nombre de vies.
Selim Fourniret, le fils du couple de criminels, se dit indigné rien qu'à l'idée de savoir que TF1, la première chaîne d'Europe, soit capable de hisser deux violeurs d'enfants au rang d'icônes. Il a violemment menacé la chaîne de poursuites pénales.
Comment osez-vous faire faire de cette interminable tragédie une fiction ? Comment osez-vous ériger Michel au rang de héros d'un film ? (....) Avez-vous songé un seul instant à l'angoisse et à la misère dans lesquelles vous allez plonger les familles des victimes ?
TF1 répond aux familles des victimes
La production a assuré aux proches des victimes que le téléfilm aurait pour seul mot d'ordre : le respect des familles. En effet, la fiction La Traque, se focalise uniquement sur le travail des enquêteurs et la mise en place de leur stratégie pour faire passer aux aveux Monique. Il n'y a aucune mise en scène de souffrance et les noms ont été changé. Même lors des interrogatoires, le mode opératoire du tueur n'est pas abordé.
Le téléfilm met en valeur l'acharnement des policiers. Les auteurs ont voulu rendre hommage à leur détermination qui a permis d’intercepter, démasquer et emprisonner le couple. Le film ne participe en rien à une quelconque héroïsation. Ils se sont pleinement inspirés du livre La Mésange et l'Ogresse, rédigé grâce au récit du policier en charge de l'enquête Fourniret.