En 1993, "Les Visiteurs" est un énorme succès au box-office hexagonal. Comédie culte du cinéma français, le film s’est également signalé comme un véritable « film-sandwich », du fait de sa multiplication de placements de produits. Toutefois, il y avait une bonne raison à cela.
Les Visiteurs : le numéro 1 du box-office 93
On appelle cela une résurrection... En effet, Jean-Marie Poiré avait connu une véritable traversée du désert dans le milieu des années 80, après de brillantes collaborations avec la troupe du Splendid (Le Père Noel est une ordure, Papy fait de la résistance). C’est en 1991 qu’il refait parler de lui avec L’Opération Corned-beef. S’attachant les services de son fidèle comédien Christian Clavier, il adjoint à ce dernier un acteur qui n’était, jusqu’ici, pas connu pour son talent comique : Jean Reno. Le succès du film et l’alchimie entre les deux comédiens vont amener le réalisateur à reformer le duo pour son long-métrage suivant : Les Visiteurs.
Lorsqu’on visionne le contenu du film, on peine à croire qu’il soit né d’un petit texte que le réalisateur avait écrit alors qu’il était écolier. Avec son mélange entre comédie et fantastique, ses répliques cultes délivrées par Clavier ("c’est okaaay", "dinnngue !"), et son montage toujours saccadé de Poiré (plus de 2000 plans recensés ! Un record), Les Visiteurs est un véritable triomphe. Commercialement d’abord, puisqu’avec plus de 13 millions d’entrées, le long-métrage se hisse à la tête du box-office français de l’année 1993. Au niveau artistique, le film reçoit 9 nominations aux César, pour une récompense : celle de la meilleure actrice pour Valérie Lemercier qui va définitivement lancer sa carrière grâce à cette comédie.
Le film entre surtout dans la postérité, intronisant Christian Clavier dans la légende des acteurs phares de la comédie française. Les Visiteurs a même les honneurs d’un remake américain : Les Visiteurs en Amérique. Toutefois, le film (réalisé également par Poiré, et avec son duo Reno-Clavier au casting) va être un flop monumental.
Des marques célèbres en pagaille
À l’époque, Jean-Marie Poiré signe avec Les Visiteurs l’un des plus importants budgets du cinéma hexagonal : 50 millions de francs. Afin de pallier à ce budget important, il adopte une stratégie (rare en ce temps-là) : le placement de produit. C’est ainsi que le réalisateur s’entoure d’une flopée de marques célèbres qui vont apparaître dans le film. On va donc voir tour à tour Email Diamant, Lacoste, Hartwood, Thonon, Hermès, Courtepaille, Chanel No 5, Range Rover ou bien encore Yop. Renault et La Poste vont être les grandes marques gagnantes dans cette histoire. Du côté de Renault, l’un de ses modèles (la Renault Safrane) va enregistrer une hausse de notoriété de 74% après la sortie du film ! Quant à La Poste, elle sera présente dans l’une des scènes iconiques du film, avec notamment la fuite du facteur, joué par le regretté Théophile Sowié.
Les Visiteurs va donc être considéré comme un film-référence du placement de produits, car il est l’un des tout premiers à intégrer autant de marques dans une production française.
Jean-Marie Poiré renouvelle l’expérience… En plus excessif
Le réalisateur va renouveler la stratégie cinq ans plus tard avec Les Visiteurs 2. Sauf que cette fois, il ira bien plus loin dans le placement de produit outrancier. En effet, alors que dans l’opus précédent, les marques étaient brièvement visibles ou citées, elles sont, dans le film, littéralement hurlées dans les dialogues. En outre, on en compte trois fois plus que dans Les Visiteurs premier du nom. Certaines marques vont d’ailleurs largement profiter de cette surexposition médiatique. Ainsi, grâce à une séquence où l’un des personnages mange du chocolat Crunch, la marque Nestlé va voir la part de marché de sa tablette être quasiment doublée.
Tout le monde a été gagnant dans cette histoire, donc…