[Attention ! Cet article contient des spoilers] Dans "Reservoir Dogs", une balance se dissimule parmi six voleurs qui se retrouvent au cœur d’un massacre provoqué par un braquage foireux. En bon scénariste et réalisateur méticuleux, Quentin Tarantino a dissimulé plusieurs signes, volontairement ou inconsciemment, sur l’identité de la taupe.
Reservoir Dogs : le coup de maître de Quentin Tarantino
Si Quentin Tarantino compte le tourner pour quelques dizaines de milliers de dollars, Reservoir Dogs prend une autre ampleur lorsque Harvey Keitel se retrouve avec le script en main. Conquis, l’acteur qui a débuté avec Martin Scorsese et Robert De Niro accepte de coproduire le projet et d’en tenir l’un des rôles principaux. Le budget grimpe alors à 1,5 million de dollars et les jeunes Steve Buscemi, Michael Madsen, Tim Roth, Chris Penn ainsi que les vétérans Lawrence Tierney et Edward Bunker se greffent à la distribution.
Simple comme bonjour, l’histoire de Reservoir Dogs est celle d’un braquage qui vire au désastre. Un casse que l’on ne voit pas à l’écran, puisque le cinéaste débutant préfère s’attarder sur ses retombées calamiteuses. Dialogues entraînants, narration complexe mais d’une fluidité exemplaire qui déjoue le principe de linéarité et effusions de violence qui surgissent brutalement… Tout le cinéma du réalisateur de Once Upon a Time… in Hollywood est déjà dans ce premier film - si l’on met de côté l’inachevé My Best Friend’s Birthday - qui fait sensation au Festival de Cannes en 1992.
Des années plus tard, Steve Buscemi et Tim Roth se souviennent encore de ce tournage particulier.
Le long-métrage est centré sur six malfrats : Mr. White, Mr. Orange, Mr. Blonde, Mr. Pink, Mr. Blue et Mr. Brown. Ces criminels sont engagés Joe Cabot et son fils Eddie pour effectuer un vol chez un diamantaire. Mais les événements tournent mal à cause de la présence d’une taupe dans l’équipe. En multipliant les flashbacks, le polar révèle les motivations des protagonistes et les péripéties ayant conduit au massacre.
Des indications très claires sur la balance ?
L’une des scènes les plus marquantes de la carrière de Quentin Tarantino n’est autre que l’introduction de Reservoir Dogs. Un long échange qui se déroule à la table d'un dinner. S’octroyant le rôle de Mr. Brown, le réalisateur se lance dans un monologue sur le tube Like a Virgin de Madonna, en affirmant que la chanson est une ode aux pénis. Un argumentaire réfuté par la chanteuse en personne, qui a assuré au cinéaste que son titre parlait bel et bien d’amour.
Au cours de cette ouverture révélatrice des personnalités de tous les malfrats, et qui délimite le rôle qu’ils auront à jouer dans cette histoire, les personnages s’écharpent autour du pourboire à laisser à la serveuse. S’ils acceptent pour la plupart d’y contribuer, Mr. Pink (Steve Buscemi) refuse catégoriquement. À son retour à la table après avoir été réglé l’addition, Joe Cabot demande à la bande lequel d’entre eux n’a pas donné son dollar. Sans hésiter, Mr Orange (Tim Roth) dévoile le pseudonyme du coupable. Un détail notamment pointé par Allociné et qui en dit long sur la nature du voleur, qui est le policier infiltré.
Quelques minutes plus tard, le spectateur retrouve Mr. White (Harvey Keitel) et Mr. Pink dans les toilettes du point de rendez-vous. Les gangsters tentent de débriefer la situation qui leur a complètement échappé, pendant que Mr. Orange agonise dans la pièce d’à côté. Les plus attentifs remarqueront alors des bidons remplis de liquides aux couleurs de leur pseudonyme au second plan. Et la couleur à l’écart est bien évidemment l’orange.
Enfin, juste avant le coup de fil passé par Eddie Cabot depuis sa voiture, au cours duquel il explique ne pas savoir qui est vivant ou qui est mort, un ballon orange flotte dans une rue de Los Angeles. Là encore, il est possible d’y voir un signe sur l’identité du vilain petit canard. Néanmoins, comme le rapporte Screenrant, Quentin Tarantino a révélé qu’il s’agissait d’un pur accident. Une coïncidence qui fait toutefois sens dans le récit.