Remake de "La Totale !", "True Lies" est un projet initié par Arnold Schwarzenegger, qui le propose à James Cameron. Ce qui n’empêche pas le réalisateur de prendre très au sérieux le long-métrage, comme à son habitude, au point de devoir recadrer sa tête d’affiche un brin dissipée…
True Lies : le grand défouloir de James Cameron
Après Terminator 2 : Le Jugement dernier, Arnold Schwarzenegger soumet à James Cameron une idée plus légère pour leur prochaine collaboration. Remake de La Totale ! de Claude Zidi, True Lies permet au réalisateur de faire sa première et seule incursion dans la comédie. Une comédie où il est tout de même question d’une menace nucléaire. Néanmoins, l’éventuelle catastrophe est loin d’être le point central du long-métrage.
Le thème principal est le mariage, et plus particulièrement celui de l’agent secret Harry Tasker, interprété par Arnold Schwarzenegger. Pour son épouse Helen (Jamie Lee Curtis) et sa fille Dana (Eliza Dushku), ce redoutable espion est un représentant en informatique, constamment en déplacement.
Alors qu’il est sur la piste de terroristes, Harry voit son quotidien familial particulièrement morne chavirer lorsqu’il se met à soupçonner sa compagne d’infidélité. L’agent enquête et commence à mêler vie personnelle et professionnelle, ce qu’il avait toujours pris soin d’éviter. Une rencontre dangereuse sur le point de faire voler ses secrets en éclats…
Une comédie d’action exigeante
Déjà passé par trois mariages et en couple avec Linda Hamilton lors de la sortie du film en 1994, le réalisateur de Titanic et d’Avatar s’amuse ici à déconstruire la vision américaine idyllique de la vie conjugale. S’il n’est pas dans son registre habituel, les idées scénaristiques et de mise en scène fusent. En reprenant la trame et l’esprit de La Totale !, James Cameron y insuffle notamment sa capacité à proposer des scènes d’action incroyablement efficaces.
True Lies se montre extrêmement généreux, que ce soit dans les gags, le rythme, les combats ou les explosions. Le long-métrage repose en partie sur les partitions d’Arnold Schwarzenegger et Jamie Lee Curtis, qui jouent un tango comique hilarant. Dans sa dernière heure, le cinéaste reprend le même modèle que ceux d'Aliens, le retour et de Terminator 2 : Le Jugement dernier, en offrant aux spectateurs non pas un, ni deux, mais trois climax.
S’il n’en est pas l’initiateur, True Lies porte donc toute l’exigence de James Cameron, réputé pour son hyperactivité et son franc-parler à Hollywood, que ce soit devant les pontes des studios ou ses équipes. Sur le tournage du blockbuster, Arnold Schwarzenegger fait d’ailleurs les frais du caractère du metteur en scène.
"J’ai merdé"
En août 1993, durant les prises de vue d’une scène dans le van d’Henry Tasker et de son collègue Albert Gibson, une lumière saute. Pensant que le remplacement de cette dernière va prendre une vingtaine de minutes, Arnold Schwarzenegger invite son partenaire Tom Arnold à faire une petite promenade. Ils passent alors devant certains des lieux emblématiques de Washington, parmi lesquels le Lincoln Memorial et le Capitole.
À leur retour sur le plateau, les deux acteurs découvrent le réalisateur, qui les attend depuis un quart d’heure au milieu de Constitution Avenue, où la circulation est bloquée. Cité par David Fakrikian dans James Cameron, L’odyssée d’un cinéaste, Tom Arnold raconte :
On découvre la rue vide, avec James Cameron debout au milieu, les bras croisés. Je me suis dit : ‘Oh, on est dans la merde mon pote’.
Face à sa tête d’affiche, le cinéaste explose et lance :
Tu veux que Paul Verhoeven réalise le reste de ce putain de film ? Tu me refais un coup comme ça, et c’est ce qui va arriver !
Arnold Schwarzenegger encaisse les remontrances sans broncher. Quand Tom Arnold lui demande plus tard comment il a pu rester silencieux, le comédien répond simplement :
C’était de ma faute. J’ai merdé.