Mildred a encore son mot à dire, et n’est pas prête d’arrêter de se faire remarquer ! En effet, l’acclamé « 3 Billboards : Les Panneaux de la vengeance » est disponible en DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K depuis le 23 mai dernier.
3 Billboards est le troisième long-métrage réalisé et écrit par le Britannique Martin McDonagh. Ce dernier a notamment mis un terme à son anonymat en 2008, lorsqu’il a porté au grand écran sa création intitulée Bons baisers de Bruges. À cette occasion, il a collaboré avec des professionnels de renom tels que Colin Farrell (Minority Report, Les Animaux Fantastiques), et la Française Clémence Poésy révélée à l’international pour son rôle de Fleur Delacour dans Harry Potter et la Coupe de Feu (2005). Le casting tiré de l’adaptation de l’univers de J.K. Rowling ne s’arrête pas là puisqu’il est aussi constitué de Ralph Fiennes, le terrifiant Voldemort, et de l’interprète de Maugrey Fol-Œil : Brendan Gleeson. Pourtant, dans le cadre de sa dernière réalisation, le cinéaste fait l’impasse sur ce casting et s’entoure cette fois-ci de l’actrice Frances McDormand (Fargo) et de Woody Harrelson.
Dès sa sortie en salle, la réputation de l’œuvre cinématographique ne cesse de prendre de l’ampleur et d’entraîner les louanges de la part des critiques et des spectateurs. Il est donc guère étonnant que les récompenses ne cessent de pleuvoir à travers le monde. Parmi les cérémonies se trouvent les prestigieux Golden Globes, BAFTA Awards et les Satellite Awards. Cependant, c’est le 4 mars 2018 que 3 Billboards se voit offrir la consécration ultime. Sont attribués au film deux Oscars parmi 7 nominations, dont celui du Meilleur Second Rôle Masculin adressé à Sam Rockwell (7 Psychopathes). La compétition aura été rude face à des adversaires de taille, à savoir La Forme de l’eau de Guillermo del Toro et Pentagon Papers.
3 Billboards : deuil difficile et société désabusée
Dans une commune du Missouri, Mildred Hayes (McDormand) a perdu sa fille, assassinée après avoir été violée, tandis que l’identité de son agresseur demeure encore mystérieuse. Dépitée face à l’absence de réponses apportées par les forces de l’ordre, la mère en deuil décide de prendre les choses en main. Et elle n’y va pas par quatre chemins. Quoi de mieux pour afficher sa rage que de la placarder littéralement sur des panneaux publicitaires gigantesques au bord d’une route ? De couleur rouge sang, à la façon d’un puzzle, ils partagent ce message abrupt : « Violée pendant qu’elle agonisait il y a plusieurs mois / Toujours pas la moindre arrestation / Pourquoi, shérif Willoughby ? ». Ces quelques mots ne laissent pas la population indifférente, dont certains membres s’insurgent contre cette initiative de mauvais goût selon eux. Néanmoins, la femme est loin de se laisser faire et va jusqu’au bout de ses convictions, n’hésitant pas à avoir recours à des solutions drastiques, comme mettre le feu au commissariat. Bornée, glaciale, et dont sa propre féminité lui échappe totalement par un pur manque d’intérêt, Mildred est tout aussi courageuse qu’un personnage fort qui ne se laisse pas mettre de bâtons dans les roues. Elle tient tête à son ex-mari en proie à des crises de violence, et refuse de le laisser la dominer. Dans un climat politique actuel où la femme reprend ses droits, celle-ci apparaît à point nommé.
Le scénario ne s’affaire pas exclusivement à conter l’histoire de la mère de famille et ses tentatives désespérées pour réveiller des habitants qui ne semblent pas se soucier suffisamment de ce qui a le plus d’importance. Au lieu de ça, tous sont occupés par leur propre alcoolisme, leur agressivité, leur étroitesse d’esprit entraînant notamment une homophobie ambiante, et autres sévices. Pourtant, Martin McDonagh ne se contente pas d’un portrait péjoratif de l’Amérique profonde. Bien au contraire, il offre notamment un semblant de rédaction à l’un des personnages les plus méprisables : Dixon (Rockwell). À lui seul, le policier regroupe toutes les caractéristiques précédemment citées, allant même jusqu’à défenestrer un gay sous le coup de la colère. Son racisme est aussi régulièrement pointé du doigt, achevant de le rendre antipathique au possible. Malgré cela, son évolution au cours de ces deux heures lui permet de se racheter dans une moindre mesure pour tous ses abus passés… Et sûrement futurs. Effectivement, c’est en se mettant en danger dans le but de clore l’affaire qu’il fait preuve d’une bonté tout à fait inattendue, tandis qu’il méprise Mildred et ce qu’elle représente de par son machisme.
Dépeinte à l’aide d’un humour noir, cette quête à la justice permet à 3 Billboards : Les Panneaux de la Vengeance ne pas se lamenter sur son sort, ni de prendre un virage mélodramatique bien qu’il sait émouvoir en particulier grâce à la tragédie de Willoughby (Harrelson). Le réalisateur ne manque pas non plus d’aborder des problèmes sociaux encore d’actualité qui rendent complexe la vie en communauté, dont le sujet délicat de la pédophilie au sein de l’Église. Nombreuses sont les questions posées, mais peu trouveront de réponses, laissant le public surpris par une fin ouverte qui, par conséquent, n’est en aucun cas moralisatrice ou donneuse de leçons quant à la notion de vengeance.
Les éditions commercialisées
Édité par le studio 20th Century Fox, 3 Billboards a bénéficié d’un traitement DVD, Blu-ray, et Blu-ray 4K. De quoi laisser aux convertis et aux curieux la possibilité d’opter pour leur format favori. À noter que le marchand FNAC propose un steelbook exclusif, arborant le même visuel que les éditions étrangères (d’où le titre présenté dans sa version originale). D’ores et déjà en rupture de stock, les intéressés n’ont plus qu’à prier pour dénicher un exemplaire dans les bacs, ou n’auront d’autres choix que de se tourner vers le marché de l’occasion.
Test Vidéo/Audio
Avec un intermédiaire digital de résolution 2K, le Blu-ray 4K offre donc un simple agrandissement. « Simple », mais non pas inefficace puisqu’il offre un gain de détails subtil mais apprécié. Le rendu des couleurs est plus vibrant grâce à la fonction HDR, et la profondeur des plans est davantage marquée. Il est difficile d’imaginer que la qualité d’image de 3 Billboards puisse encore être améliorée à l’avenir, même s’il ne s’agit pas d’un matériel démo pour le support. Le Blu-ray standard excelle malgré tout dans sa catégorie, mettant en avant des noirs profonds et des contrastes en somme naturels.
Les pistes audio sont multiples sur le disque au format 1080p : la version originale est encodée en DTS-HD 5.1, le français, l’espagnol, l’allemand et l’italien en DTS 5.1. Pour finir, des pistes espagnole et portugaise, ainsi qu’une audiodescription en anglais sont fournies en Dolby Digital 5.1. Le long-métrage repose sur une somme de dialogues importante, ne permettant pas aux pistes sonores de briller par un dynamisme propre aux blockbusters à effets spéciaux. Bien que plus en réserve par nature, l’audio retranscrit des effets surround pour instaurer une atmosphère d’ambiance efficace. La scène mettant au défi les enceintes est bien entendue celle de l’explosion qui met à l’honneur des fréquences plus basses que d’ordinaire lors du visionnage. Les dialogues sont clairs et centraux, et la musique signée Carter Burwell (Carol, Twilight) est agréable à l’écoute.
Test Bonus
Pour un film ayant autant fait parler de lui (en bien !), la galette bleue laisse un arrière-goût d’inachevé quant à ses suppléments. Sensation qui n’est pas sans rappeler celle provoquée par l’absence d’une clôture digne de ce nom pour le long-métrage. Un petit clin d’œil prémédité de la part de 20th Century Fox ?
- Les scènes inédites : au nombre de cinq et de durées relativement courtes, elles permettent d’approfondir certaines situations et plusieurs personnages. Au plus grand bonheur des fans de Dixon ! En voici les intitulés : Willoughby fait face aux journalistes (1:03 min), Mildred contre la ville (39 secondes), Dixon interroge Denise (2:16 min), Dixon ivre dans un bar ( :52 min) et Dixon et Momma (1:18 min). Les scènes sont en haute définition et ont subit un travail impeccable de post-production. Malheureusement, la fonction « Tout lire » est absente.
- Crucifiez-les : la création des Trois Billboards (29:30 min) : ce bonus fait office de making-of puisqu’il offre de nombreuses interventions de la part de l’équipe de l’œuvre cinématographique, et dévoile des instants capturés lors du tournage. Le réalisateur, Martin McDonagh, fait un bond dans le passé d’une vingtaine d’années tandis qu’il se remémore sa découverte lui ayant inspiré le scénario. En outre, il révèle avoir écrit le rôle de Mildred pour une connaissance longue date : son interprète, Frances McDormand. Quant à cette dernière, elle revient sur son apparence physique et vestimentaire, complètement déféminisées, et sur son appropriation de John Wayne quant à son allure. Le dernier sujet majeur abordé est la scène clé de 3 Billboards : celle de la défenestration tournée en une seule prise. Comment ont-ils réussi à la réaliser ? Dans quel but ?
- Six-coups (court-métrage) (26:30 min) : ce court-métrage signé Martin McDonagh en 2004 est présenté en qualité standard. Ne vous attendez donc pas à en prendre plein les yeux de par a qualité visuelle. Il n’en est pas moins méritant puisque que Six-coups a remporté l’Oscar du Meilleur Court-Métrage en 2006. Le spectateur se voit plongé au cœur d’une comédie noire, lors d’un voyage en train, dont le personnage principal est veuf depuis le matin-même.
- Galerie : ce bonus est proposé en avance automatique ou manuelle. Douze clichés pris durant le tournage sont proposés, mais il n’y a aucune photographie promotionnelle ou affiche venant compléter le tableau.
- Bandes-annonces cinéma : trois d’entre elles sont proposées, avec possibilité de toutes les visionner automatiquement. Bande-annonce (restrictions parentales) (2:31 min), Bande-annonce cinéma A (2:26 min), et Bande-annonce Internet B (1:09 min).