Inspiré d’une histoire vraie, « All Saints » transporte le spectateur dans une ville rurale au cœur de Tennessee. Disponible en VOD et téléchargement définitif depuis le 28 mars, le film est également commercialisé en Blu-ray dans différents pays.
Produit par Affirm Films et Provident Films, All Saints a engrangé 5,8 millions de dollars au box-office américain. Sa carrière au cinéma fut brève, voire presque inexistante en-dehors des États-Unis. Pas étonnant donc si cette œuvre cinématographique dirigée par Steve Gomer ne vous dit rien. D’ailleurs, ce dernier vous est probablement tout aussi étranger. Discret, le réalisateur s’est principalement illustré à la télévision lors de séries telles que Le protecteur et Veronica Mars. Le scénariste, Steve Armour, a quant à lui une brève filmographie composée de courts-métrages dont le plus récent est Congratulations, Josh ! avec Hutch Dano (Zombeavers). Si leur renommée est encore à faire, quand est-il des qualités de leur collaboration ?
All Saints : l’union à la source des miracles
Une authenticité rare se dégage de l’œuvre. Pourquoi ? Car elle a été tournée sur les lieux où l’histoire contée s’est véritablement déroulée à la fin des années 2000. L’église située à Smyrna est confrontée à de graves difficultés financières, et ses habitués se font rares. La direction décide qu’elle n’a d’autre choix que de la sacrifier en vendant la propriété à une entreprise commerciale. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que ses murs soient pulvérisés dans le but de faire place à des commerces. C’est dans ce climat précaire que le pasteur Michael Spurlock (John Corbett) fait son entrée, missionné pour les quelques mois restants. Plutôt terre-à-terre, All Saints entraîne le spectateur à travers une expérience douloureuse à laquelle de nombreux villages à travers le monde sont confrontés. Couplé à la perte de la croyance religieuse, l’exode rural entraîne son lot de dommages, dont la démolition des lieux saints inoccupés et/ou en péril dû à des finances trop minces.
Le métrage ne s’arrête pas là, et explore un problème humanitaire particulièrement d’actualité depuis plusieurs années : celui de l’immigration. Un groupe de réfugiés karens vient séjourner dans la ville. Leurs conditions de vie ne sont pas idéales, et l’argent leur manque tout autant qu’à la paroisse. La culture américaine n’est pas la leur, et la barrière du langage est un terrible frein à leur intégration sociale. L’un d’eux, Ye Win (Nelson Lee), homme particulièrement éduqué, fait la connaissance de Michael et établit le dialogue avec celui-ci. S’ensuit une collaboration relevant à deux doigts du miracle. Interprète permettant d’établir la communication entre les deux nationalités, son témoignage quant aux atrocités commises dans son pays lui permet d’obtenir un délai supplémentaire pour sauver l’église. Bien entendu, tous ont auparavant établi un plan qui leur permettra potentiellement de rembourser les dettes et de maintenir la tête hors de l’eau. Mettant les acquis des karens à profit, les terres autour du lieu sain sont désormais cultivées. Tomates et maïs sont des denrées parmi d’autres permettant de nourrir les immigrés, et de récolter de précieux billets en vendant le surplus. Selon l’ecclésiastique, l’idée de ces terrains agricoles lui est venue de Dieu lui-même alors qu’il était désemparé. Malheureusement, tous devront faire face à de multiples obstacles mettant leur projet en péril.
L’emphase de All Saints n’est pas portée sur la religion, ce qui rend l’œuvre accessible à tous. Non, l’aspect qui prime est l’esprit de communauté et de solidarité dans une planète menacée par les guerres et les conflits. Accueillir des réfugiés y est présenté comme un devoir, une bienveillance. Cette mission est soutenue par un casting à la hauteur, couronné par John Corbett. Si la personnalité de son personnage aurait pu être davantage creusée, il n’en demeure pas moins intéressant. Est-il conduit par sa vertu ou par une soif d’auto-glorification entraînée par le syndrome du sauveur ? Probablement un peu des deux, peignant par conséquent le portrait d’un pasteur en nuances de gris. Aussi, l’alchimie entre Michael et sa femme Aimee (Cara Buono) est non seulement présente mais crédible. Loin d’être une épouse dans l’ombre de son mari, elle a ses moments de gloire et n’hésite pas à mettre ses talents artistiques à contribution des karens qui se sentent alors mieux intégrés.
Les éditions disponibles
All Saints fait partie de la collection spéciale OVNI, au même titre que Welcome the Stranger (2018). Les français devront se contenter du visionnage digital, en vidéo à la demande ou en téléchargement définitif, sur différentes plateformes comme Canal VOD. Cependant, une seconde option existe et est de se procurer un Blu-ray vendu à l’étranger. Parmi les diverses possibilités (États-Unis, Canada, Finlande…), le plus simple est d’acquérir la galette bleue allemande. Distribuée par Sony Pictures, elle comporte une piste audio française DTS-HD Master Audio 5.1, ainsi que des sous-titres dans la langue de Molière pour ceux qui se tourneront vers l’anglais.
Tests Vidéo/Audio
Le film de 108 minutes a été tourné numériquement, et le budget modique qui a été alloué à la production se ressent. All Saints n’est clairement pas une référence permettant d’éblouir les non-initiés de la technologie Blu-ray. Sony Pictures n’est pas à blâmer pour un encodage médiocre. C’est bel et bien le matériel original qui ne figure probablement pas dans ce qui se fait de mieux. Rassurez-vous, le disque vaut tout de même la peine d’être acquis. Les scènes d’extérieurs sortent du lot, bénéficiant de multiples détails et d’une palette de couleurs plus flatteuse. La finesse caractéristique des gros plans provenant des plus belles images haute définition est absente, mais la définition fait correctement son travail. Les noirs manquent souvent de profondeur, mais ne desservent pas totalement la photographie pour autant. Bilan mitigé donc.
Trois pistes audio sont fournies sur le Blu-ray allemand : la version originale en DTS-HD Master Audio 5.1, et le doublage allemand et français dans le même format. Même combat que pour la vidéo, le son n’est pas très démonstratif mais est amplement suffisant pour le métrage. Les dialogues sont compréhensibles et desservis par les enceintes frontales, tandis que des éléments passagers (musique, pluie, bruits du tracteur…) bénéficient d’un effet surround agréable mais plutôt limité.
Tests Bonus
Différents suppléments sont disponibles dans la fenêtre de l’interactivité. Un reportage aurait été un vrai plus pour sensibiliser davantage sur la situation des karens. Dommage.
- Scènes coupées (2:14 min) : trois scènes supprimées lors du montage final, intitulées Là pour une raison, Se charger de la dette et Notre maison est votre maison. Plutôt anecdotiques, elles n’offrent pas d’éléments de compréhension ou de réel approfondissement.
- Acte de foi (5:22 min) : cette featurette présente des entretiens avec l’équipe du film, mais également des paroissiens, le couple Spurlock et Ye Win. Tous reviennent sur l’importance de la foi tandis que l’église menaçait de fermer ses portes en 2008. Comme lors des bonus suivants, plusieurs images prises sur le tournage sont incluses.
- All Saints : les acteurs & la communauté (5:06 min) : retour sur les événements dans la ville du Tennesse à la fin des années 2000, et sur la formation de la communauté. Les intervenants s’attardent aussi sur les différences de culture et de langage entre eux et les karens, entraînant difficultés et découvertes.
- Sur place dans le Tennessee (3:55 min) : les apports d’avoir tourné sur les lieux où s’est déroulée l’histoire du film.
- Ye Win et les Karen (4:36 min) : focus sur les réfugiés et la guerre civile. D’après Nelson Lee, Ye Win est « le pilier de la communauté ». Le pasteur et sa femme reviennent sur la rencontre avec ce dernier, survenue en 2008.
- Les pasteurs de All Saints (5:31 min) : entretien avec Michael Spurlock, Randy Hoover-Dempsey qui a occupé la fonction de 2010 à 2016, et avec Robert Rhea qui a pris sa suite.
- Films-Annonces : au nombre de six, ces trailer d’œuvres distribuées par Sony Pictures durent respectivement 2:41 min, 1:49 min, 2:34 min, 2:19 min, 2:36 min et 2:37 min.