Frères Ennemis : jouez avec le feu en Blu-ray

Le polar « Frères Ennemis » abandonne les cinémas français pour mieux se frayer un chemin dans votre vidéothèque. Préparez-vous à suivre un rythme haletant de près de deux heures au cours desquelles Matthias Schoenaerts (« De rouille et d’os ») fait à nouveau ses preuves. Décennie musclée pour l’acteur ici au cœur d’une conspiration qui veut sa peau.

Dirigé par David Oelhoffen (Loin des hommes), Frères Ennemis résulte de la collaboration entre ce dernier et Jeanne Aptekman (Lourdes) au scénario. Le long-métrage fut remarqué par les organisateurs de la Mostra de Venise s’étant tenu lors de l’été 2018, résultant à sa nomination dans la catégorie du Meilleur Film. Le prix lui glissa malencontreusement entre les doigts puisqu’il fut décroché par l’acclamé Roma d’Alfonso Cuarón.

Frères Ennemis : présentation et critique

Une relation fraternelle ne garantit pas un destin commun une fois l’enfance derrière soi. C’est le cas du trafiquant Manuel Marco (Matthias Schoenaerts) et du flic Driss (Reda Kateb) dont les chemins ont bifurqué dans des directions opposées. Prêts à conclure une affaire, le premier mentionné et ses deux complices perdent le contrôle de la situation lorsqu’ils deviennent les cibles de tireurs inconnus. Unique survivant, Manuel est alors la victime de ragots. Serait-il un traître ? Est-il de mèche avec une figure importante de ce trafic ? Son vieil ami, désormais membre de la brigade des stupéfiants, est brusquement tiraillé entre devoir et affection pour lui. Pourra-t-il mener son enquête en toute objectivité et rétablir la vérité ?

Bien que l’intrigue principale de ce thriller dramatique ne brille pas d’une originalité à toute épreuve, le solide duo principal suffit à lui insuffler une dose d’intérêt supplémentaire. D’abord présentés comme des antagonistes, la loi opposée au caïd, les personnages sont progressivement creusés. Cet approfondissement au-delà de la simple surface aboutit à des portraits bien plus complexes constitués de nuances de gris. Aucun d’eux n’est parfait ni le diable incarné ayant pour seule foi de braver les forces de l’ordre. Dans Frères Ennemis, le public a affaire à deux types mal dans leur peau et aux tentatives foireuses pour sauver les apparences. D’abord promu grâce à ses origines sociales, Driss est tenu en cage professionnellement parlant (pourquoi lui confier d’autres missions puisqu’il connaît si bien les banlieues ?) et rejeté par ses proches. Son père a coupé tout contact avec lui, sa mère le voit en cachette et ceux qui devaient un jour être ses voisins ne tolèrent pas sa présence. Aux yeux de tous, il est un traître.

Manuel est le bandit ne reculant devant rien et vivant pour le frisson. Pourtant, détrompez-vous, il n’est pas un être insensible dénué de sentiments pour autant. L’amour qu’il entretient pour son fils et son ancienne petite-amie en témoigne. Si celle-ci repousse ses avances, lasse et sûrement terrifiée par ses opérations illégales, l’alchimie palpable entre eux renforce l’atmosphère dramatique qui les entoure et laisse penser que son existence aurait pu être plus sereine avec des choix différents. La possibilité d’un cocon familial lui a échappé, la criminalité l’a emporté.

Ces hommes doivent se serrer les coudes pour progresser dans leur investigation. C’est la conclusion à laquelle ils aboutissent en parallèle de l’étau qui se resserre sur eux et à la tension grimpant en flèche. Une entraide malmenée se construit tandis que l’un doit sauver sa peau et l’autre sa réputation tout en manœuvrant avec habilité pour prêter main-forte à son acolyte d’autrefois. Le suspens brillamment mis en scène poursuit l’audience jusqu’à un climax poignant où tout s’écroule.

Les éditions commercialisées

Sortie sans chichi pour Frères Ennemis dont la parution vidéo se fait conjointement en DVD et Blu-ray simples par le biais de M6 Vidéo. Les cinéphiles adeptes de la 4K ainsi que les collectionneurs de boîtiers métalliques ou d’autres formes d’exclusivités devront revoir leurs attentes à la baisse. Cependant, ils seront rassurés de savoir que le test technique de la galette bleue ci-dessous est excellent. Il est difficile d’en demander davantage à l’heure où les éditeurs sont encore nombreux à se contenter de la définition standard.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray

Test Vidéo/Audio

La nature du tournage est inconnue à l’instar de la résolution du master final. Pour sûr, l’image haute-définition est impeccable puisque dépourvue de soucis de compression (malgré la frayeur causée par les logos d’ouverture souffrant d’une postérisation sérieuse). Les détails sont donc libres d’exploiter leur potentiel en affichant une finesse particulièrement remarquée au cours des gros plans. Les champs plus larges, à la profondeur satisfaisante, décrivent avec efficacité ces espaces urbains où la nature presque entièrement bannie laisse place à de multiples immeubles propices à dissimuler toutes activités illégales.

Beaucoup de scènes se déroulent dans l’obscurité des bâtiments ou sous un ciel sombre camouflant un protagoniste recherché par tous. Le visionnage serait désastreux si le spectateur devait supporter des bouilles de pixels, du bruit numérique désagréable, etc. Heureusement, même ces minutes sont d’une propreté et d’une précision imperturbables. Autrement dit : la visibilité n’est pas sur la sellette puisqu’elle conserve son tranchant.

Le mariage contrastes/saturation fonctionne. S’il propose une apparence plutôt naturelle, il est évident que le travail d’étalonnage accompli durant la phase de post-production a choisi d’accentuer les teints verdâtres. Dès lors, l’œuvre est privée de chaleur au profit d’un aspect plus « sale », corrompu.

Deux pistes audio sont sélectionnables via le menu animé : l’une en DTS-HD 2.0, l’autre au format DTS-HD 5.1. La seconde mentionnée est la plus appropriée pour une expérience immersive. Les canaux et leurs graves sont régulièrement mobilisés grâce aux scènes d’actions abondantes. Courses-poursuites, utilisation d’armes à feux… La vitalité et le dynamisme sonores sont en parfaite adéquation avec la violence de Frères Ennemis. Soyez constamment sur vos gardes si vous ne souhaitez pas vous laisser surprendre par des tirs inattendus qui vous feront décoller de votre siège. Quant aux dialogues, ils ne sont pas étouffés par le trafic de la ville et restent compréhensible du début à la fin.

Test Bonus

Si des suppléments ont été tournés (ce qui paraît improbable), ce n’est pas sur ce disque que vous les retrouverez. Seule une bande-annonce fait office d’interactivité en l’absence d’un commentaire audio, d’interviews et même d’une galerie de photographies. Une featurette sur l’immersion de David Oelhoffen par le biais de ses entretiens avec des dealers aurait été intéressante par exemple.

  • Bande-annonce (01:31 min) : en HD.

Note de la rédaction,Note de la rédaction

Film

Vidéo

Audio

Bonus

« Frères Ennemis » est l’histoire d’un duo aux failles indénombrables tentant de concilier des aspects contraires de leur propre existence. Cette fragilité incarnée avec justesse prend place dans un décor où le déterminisme social n’est jamais oublié et où la loyauté est menacée. Les performances techniques du Blu-ray sont impeccables, ce qui permet d’adoucir la déception provoquée par des bonus inexistants.,« Frères Ennemis » est l’histoire d’un duo aux failles indénombrables tentant de concilier des aspects contraires de leur propre existence. Cette fragilité incarnée avec justesse prend place dans un décor où le déterminisme social n’est jamais oublié et où la loyauté est menacée. Les performances techniques du Blu-ray sont impeccables, ce qui permet d’adoucir la déception provoquée par des bonus inexistants.

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Note spectateur : Sois le premier