High Life : procréation hasardeuse dans l’espace en Blu-ray

Un nouveau thriller de science-fiction rejoint notre galaxie avec en tête d’affiche nul autre que Robert Pattinson, acteur étant parvenu à se réinventer après avoir monstrueusement fait tourner la tête des fans de la saga « Twilight ». Cette odyssée spatiale à déconseiller aux plus sensibles plaira aux passionnés du genre tandis qu’elle questionne la moralité de la science et de ses abus. Ce voyage extraordinaire intitulé « High Life » vous attend dès maintenant en Blu-ray et DVD.

Après avoir passé quinze années à être hantée par un projet qui trouvera sa forme sous le titre de High Life (2018), Claire Denis (L’intrus) parvient enfin à concrétiser son premier long-métrage anglophone dont le casting n’aura de cesse de changer au fil du développement. Pour se faire, la cinéaste s’entoure des scénaristes Geoff Cox (Évolution) et son coéquipier de longue date Jean-Pol Fargeau (Beau travail). Malgré une distribution au compte-gouttes à travers le globe, les recettes cumulées par la France, les États-Unis et l’Espagne atteignent un total estimé à près de 1,2 millions de dollars. Résultat flatté par des critiques régulièrement positives.

High Life : présentation et critique

Que faire ? Attendre la mort derrière les barreaux ou se porter volontaire dans le but de trouver une nouvelle source d’énergie dans l’espace via un trou noir ? C’est face à ce dilemme que plusieurs criminels se retrouvent confrontés. De son côté, Monte (Robert Pattinson), jugé dès l’enfance pour avoir assassiné une amie, opte pour le second choix et embarque dès lors à bord d’un vaisseau. Il y est rejoint par d’autres condamnés, y compris Tcherny (André Benjamin) auprès duquel il trouve un peu de compagnie. Tous ne sont pas laissés à l’abandon. Non, ils sont surveillés de près par une équipe de scientifiques dirigée par le docteur Dibs (Juliette Binoche). Les passagers apprennent à leurs dépens que cette dernière n’est pas un modèle de vertu lorsqu’elle se révèle obsédée par l’idée de réussir une insémination artificielle résistant aux radiations. Manipulant les hommes pour un échantillon de sperme, elle abuse des femmes dans l’espoir d’entraîner des grossesses allant à terme alors que les rapports sexuels sont prohibés. Seul Monte résiste jusqu’à ce qu’un tour de passe-passe le fasse devenir père d’une fillette qu’il prénomme Willow (Jessie Ross). À la suite de mutineries, tentatives de viol et meurtres, l’homme doit apprendre à vivre seul en éduquant l’enfant qu’il n’a jamais désiré. Parviendront-ils à reposer leurs pieds sur Terre avant de disparaître eux aussi ?

Autant dire que High Life n’est pas réceptionné par tous de la même façon. Certains le trouveront longuet, sans véritable enjeu ni dévouement, dépourvu de rebondissements à proprement parler. A contrario, d’autres y verront une réflexion philosophique poussée à laquelle ils seront libres d’adhérer ou non. Les plus convaincus le percevront même comme une œuvre d’art où la photographie, les métaphores et les acteurs suffisent à l’élever au rang de bijou méconnu du 7ème art. Il est difficile d’imaginer à quel point le film aurait été différent avec son casting initial composé du regretté Philip Seymour Hoffman (Truman Capote) et de Patricia Arquette (Boyhood), l’acteur étant si éloigné de l’interprète d’Edward Cullen. Celui-ci est pourtant un excellent second choix puisqu’il prouve son inclination pour les métrages plus obscures, lourds, depuis qu’il a quitté la peau du célèbre vampire. Le Maps to the Stars (2014) de David Cronenberg en tête où Hollywood en prend sérieusement pour son grade. Ici, il livre une prestation plutôt monotone, bourrue, reflétant le script et les attentes. Pas de remise en question de son talent donc.

Il se fait ainsi piquer la vedette par la seconde tête d’affiche, Juliette Binoche, bien plus challengée que lui en dépit de ses sublimes scènes de complicité paternelle avec Scarlett Lindsey qui sont les seules à attendrir. De son côté, elle donne vie à une femme frappée par la luxure, névrosée, sans égard pour l’intimité et le corps d’autrui. La raison semble l’avoir perdue tant elle s’affranchit de toutes barrières morales, allant jusqu’à violer Monte dans son sommeil dans un but « purement scientifique ». Bon, le fait qu’il soit l’unique homme à lui résister n’y est pas pour rien non plus. Dommage que son passé ne soit pas davantage creusé si ce n’est pour une évocation à faire froid dans le dos. Remarquez, il en est de même pour tous les passagers que le public n’apprend jamais à connaître. En outre, le comportement de la doctoresse permet d’introduire les fils rouges réflexifs de ces deux heures nécessaires au visionnage intégral où le libre arbitre entre en conflit brutal avec une science tombée entre de mauvaises mains. Dépourvue de limites, celle-ci peut devenir une arme tournée contre les individus les plus fragiles socialement et psychologiquement. Entre outre, dans High Life, elle met en lumière la notion de propriété du corps. Sommes-nous réellement les seuls maîtres de notre propre enveloppe charnelle ?

Il vous faudra accrocher à tout cela pour avoir une chance d’arriver à bout de ces 110 minutes. Car oui, ce n’est pas l’immersion au-delà de notre planète qui risque d’impressionner les foules. Au placard les éléments de décors et accessoires futuristes typiques au genre. Ici, la simplicité est de mise puisque même le design du vaisseau en lui-même ne risque pas de décrocher les mâchoires par sa complexité et son inspiration. Nous n’avons pas affaire à Han Solo visiblement. Heureusement, à défaut d’éblouir comme dans Passengers (2016), les pièces ne sont pas complètement fades ou repoussantes. Une en particulier provoquera les rires de certains tandis que les plus pudiques crieront au scandale lors de son utilisation. Cependant, avec un personnage haut-placé des plus lubriques, elle est on ne peut plus nécessaire.

Les éditions commercialisées

Cette sortie physique est concoctée par la société indépendante Wild Side Video dont l’intérêt se focalise principalement sur les œuvres oubliées par les énormes distributeurs à la Warner Bros. Et heureusement qu’elle et ses homologues existent pour ne pas les laisser disparaître dans l’oubli ! Pas de support dernière génération (4K) en vue ni de packaging spécial ou d’édition exclusive, mais l’éditeur nous livre ici le tout premier Blu-ray de High Life existant puisque le film est uniquement disponible à l’achat sur les plateformes VOD aux USA. Si ce n’est pas déjà un grand effort à saluer !

De gauche à droite : DVD, Blu-ray

Test Vidéo/Audio

La cinématographie signée par le duo complémentaire Yorick Le Saux (Only Lovers Left Alive) et Tomasz Naumiuk (Nina) est indéniablement l’un des points forts de High Life. Pour cause, son hétérogénéité alléchante alliant différents formats de cadrage et procédés de tournage. À savoir : le numérique ciselé utilisé dans le vaisseau, l’argentique 35mm dans le trou noir et le très granuleux 16mm pour les scènes se déroulant sur Terre. Il est aisé d’identifier ces différentes techniques tant le master (dépourvu de lissage importun) mobilisé par la galette bleue est d’excellente qualité. Sa compression maîtrisée permet au grain naturel de se présenter avec finesse en évitant des blocs disgracieux et le phénomène de banding/posterisation est pour ainsi dire absent.

Les atouts de cette présentation ne s’interrompent pas là puisque les jeux entre ombres et lumières vives sont fidèlement restitués. Les noirs profonds aident la sensation de profondeur à s’installer, celle-ci étant également servie par un taux de contrastes exemplaire. Rien ne semble laissé au hasard, y compris la colorimétrie aux teintes dominantes variées et à la saturation réaliste. Les tons bleutés sont particulièrement efficaces, sublimant régulièrement les minutes au cours desquelles « l’antagoniste » apparaît à l’écran. Parfait pour rappeler visuellement le raisonnement glaçant du personnage.

Deux mix DTS-HD Master Audio 5.1 sont présentés. L’un partage le doublage français, le second permet au spectateur de découvrir la version originale. Impossible de s’attendre à s’en prendre plein les oreilles avec ce huis clos à la spatialisation modérée. Bien que les pistes soient en pleine forme, la nature assez intimiste de High Life ne permet pas d’effets surround remarquables et des basses fréquentes à en perdre l’équilibre si ce n’est en de très rares occasions. Le tout se concentre par conséquent sur la clarté réussie des dialogues et la mise en place d’ambiances englobant l’auditeur durant le visionnage. Mission accomplie.

Test Bonus

À défaut de making-of ou d’intervention de Claire Denis, le disque fourni un supplément intéressant à la durée respectable.

  • Entretien avec l’équipe (21:00 min) : Robert Pattinson, Mia Goth et le consultant en astrophysique Aurélien Barrau reviennent sur le scénario de High Life, la multiplicité des temps, les sources d’inspiration, la relativité, la personnalité de la cinéaste et la qualité intemporelle de l’œuvre.

Note de la rédaction

Film

Vidéo

Audio

Bonus

De « Firefly » ou des autres références de science-fiction, « High Life » n’en a que le contexte géographique. Cette odyssée spatiale se résume davantage à une prison regroupant des cobayes qu’à une exploration de l’espace avec ses gadgets incroyables. Oui, le parti-pris de Claire Denis est tout autre. La cinéaste se contente d’une vision aussi épurée que scabreuse où la philosophie prime sur l’action et l’effroi. Le Blu-ray n’est ainsi que rarement confronté à des scènes délicates et s’en sort donc avec brio que ce soit pour la restitution sonore ou la qualité du transfert. Les bonus ne font pas s’envoler au septième ciel mais ils font leur travail.

Note spectateur : 5 (1 notes)