Projeté exclusivement aux États-Unis à l’occasion d’Halloween le 31 octobre 2017, « Keep Watching » n’a pas bénéficié d’une sortie en salle. Que les français curieux se rassurent, le film est disponible en VOD depuis le 11 avril.
Cinq ans de développement et de production ont été nécessaires afin de compléter l’œuvre cinématographique réalisée par Sean Carter. Si son nom ne vous dit rien, c’est simplement car sa filmographie comporte majoritairement des courts documentaires. À l’origine intitulé Home Invasion, ce thriller est né de la plume du tout aussi méconnu Joseph Dembner (Paulilu Mixtape).
Afin de palier à ce « manque d’expérience » de la part de son équipe technique, Voltage Pictures s’est entouré d’une distribution plus populaire. Parmi les têtes d’affiche : Ioan Gruffudd qui s’est illustré au cinéma dans Titanic (1997) et Les 4 Fantastiques (2005), mais aussi sur le petit écran avec Ringer et Liar. Natalie Martinez est aussi de la partie en incarnant la nouvelle petite-amie du personnage de ce dernier. Elle est notamment apparue dans des séries télévisées telles que Under the Dome et Kingdom.
Keep Watching : tuer ou être tué
Dès l’ouverture du long métrage, le ton est donné. Le spectateur assiste au meurtre d’une jeune fille dans sa propre maison. Sans tarder, les médias s’emparent de l’affaire et interrogent des témoins dans les rues. Car, oui, il en existe puisque l’acte a été retransmit en live sur le web ! « Je pensais que c’était faux » est l’excuse la plus répandue lors de ces entretiens. Un homme affirme même qu’il ne pouvait détacher ses yeux de son appareil, étant captivé et comptant découvrir comment cela se terminerait. Lugubre, et une véritable critique du détachement et de la fascination morbide des internautes depuis l’utilisation des réseaux sociaux couplée à leurs vidéos sinistres. S’il s’agit d’une position extrême, un tel contexte n’est pas plus invraisemblable que des films d’horreurs se basant sur le paranormal.
Malheureusement, si une approche psychologique crédible aurait pu s’avérer intéressante, la suite laisse en bouche un goût amer.
Une nouvelle famille est prise pour cible, et leur retour après dix jours de voyage se révèle pour le moins… épouvantable. Carl Mitchell (Gruffudd) s’est récemment remarié avec Olivia (Martinez), ce qui n’est pas au goût de sa fille adolescente prénommée Jamie (Bella Thorne). Son petit-frère, DJ (Chandler Riggs), est quant à lui un pur gamer, et n’attribue que peu d’attention à ce qui se passe au sein du foyer. Matt (Leigh Whannell), l’oncle des enfants, débarque sans prévenir à une heure déjà avancée de la soirée, et tous décident qu’il restera avec eux quelque temps. Il n’en aura pas l’occasion puisqu’il est la première victime des assassins rassemblés par The Terror (Matthew Willig). La maison est truffée de caméras, permettant de partager les images d’une terrible cruauté au monde entier. Il ne leur reste plus qu’à se défendre s’ils ne veulent pas perdre la vie.
Ces péripéties macabres ne surprendront aucunement les habitués du genre. Plat rassemblant les ingrédients de Saw (2004), et de The Strangers (2008) parmi tant d’autres, Keep Watching peine à innover et à mettre en scène des situations inédites. Bien qu’il se laisse aisément regarder du haut de ses – seulement - 89 minutes, les amateurs de gore s’ennuieront tout autant que ceux qui s’attendaient à une réflexion poussée sur la société actuelle constamment derrière les écrans. Les incohérences et la sottise fréquente des protagonistes n’arrangent en rien. Si vous êtes venu à bout de votre adversaire, pourquoi ne pas vous saisir de votre arme dans le but de vous protéger ? De plus, l’utilisation outrancière des caméras manque de cohérence. Quel est l’intérêt d’en positionner une dans l’évier de la cuisine ? Ou même d’en placer une au-dessus des toilettes, reliée à un fil pouvant s’allonger pour de meilleurs gros plans ? En outre, la logistique nécessaire pour contrôler ces dizaines d’appareils requiert en toute logique une multitude de techniciens, et des moyens financiers colossaux ! Les antagonistes contrôlent même un drone dont la charge de la batterie semble éternelle. Personne dans le quartier n’entend son grognement ? Le public peut également s’interroger sur l’absence de la police qui semble incapable de remonter à la source du flux vidéo, ni même de le couper.
Pour finir, il est fortement improbable que les tueurs puissent parvenir à anticiper le moindre mouvement des membres de l’habitation. Jusqu’à l’endroit exact où ils se feront tuer ! La fascination que le groupe ressent pour Jamie est tout aussi incompréhensible. Oui, elle est en colère suite au décès de sa mère et au remariage de son paternel, oui sa vie n’est pas toute rose… Mais pour qui l’est-elle ? En quoi cette fille en particulier se différencie-t-elle des adolescentes au cœur de cas similaires ? Beaucoup de questions restent en suspens (à l’instar des motivations des meurtriers quant à pourchasser des familles lambda), et la fin ouverte n’arrange rien bien qu’elle demeure plutôt inattendue. Les studios ont-ils pour espoir de créer une suite ? Peut-être que Keep Watching aurait gagné en qualité si les réactions des internautes assistant au live auraient été dévoilées.
Les éditions disponibles
Tout comme All Saints (2017), Keep Watching rejoint la collection OVNI distribuée par Sony Pictures en vidéo à la demande. Les spectateurs intrigués pourront donc retrouver l’œuvre cinématographique sur des sites tels que MYTF1 VOD. L’Australie et l’Allemagne sont plus chanceux puisqu’une sortie physique est d’ores et déjà commercialisée. Les collectionneurs pourront par conséquent importer puisque le Blu-ray du pays de Goethe possède une piste audio française ainsi que des sous-titres dans cette même langue.
Test Vidéo/Audio
Le long métrage n’est pas évident à évaluer quant à ses prestations visuelles. Pour cause, de multiples caméras ont servi lors du tournage, et des filtres sont régulièrement utilisés afin d’ancrer les images sous ce contexte de surveillance. Cette hétérogénéité est rarement flatteuse, reproduisant des couleurs assez ternes et une netteté qui laisse à désirer. Dans le meilleur des cas, les noirs sont relativement profonds mais la délinéation entre deux éléments sombres n’est pas optimale. Le pire cas de figure veut que la caméra d’un téléphone moyen, dont la sensibilité atteint des hauteurs importantes, soit représentative de certains passages noyés dans le bruit. En soi, on ne peut pas dire que Sony a mal fait son travail puisqu’il s’agit d’un parti pris artistique. L’éditeur a donc fait ce qu’il a pu avec ce qui lui était livré.
Trois pistes audio sont fournies en DTS-HD 5.1 : à la version originale s’ajoutent le doublage français et allemand. L’audio n’est pas des plus dynamiques bien que les différents canaux soient exploités. Il faut dire qu’une quantité importante de minutes s’écoulent avec peu (ou sans) de dialogues et de musique. La deuxième moitié de Keep Watching est plus expressive que la première, grâce aux nombreux jump scare et aux diverses attaques. Une fois de plus : la source justifie ce résultat.
Test Bonus
Fâcheusement, la galette bleue ne contient aucun supplément. Pas même une bande-annonce ou une très brève featurette. Dommage.