Bien que les sorcières se démultiplient sur le petit écran depuis la rentrée dernière, rares sont celles finissant leur parcours sur le marché de la vidéo. Pour preuve : « Sabrina » nécessite toujours un abonnement Netflix et le reboot de « Charmed » n’est actuellement pas programmé malgré la parution récente d’une partie de la série des années 90 sur galette bleue. « Le Livre perdu des sortilèges » (ou « A Discovery of Witches » pour les intimes) échappe à ce triste sort puisqu’elle se voit éditée en Blu-ray et DVD dès le 12 juin 2019.
Adapté du livre éponyme de Deborah Harkness vendu en librairie depuis 2011, Le Livre perdu des sortilèges comporte huit épisodes de 45 minutes environ réalisés par Alice Troughton (The Living and the Dead), Sarah Walker (Elizabeth Smart, Kidnappée à 14 ans) et Juan Carlos Medina (Golem, le tueur de Londres). L’enthousiasme en Grande-Bretagne fut tel que la série fut récompensée d’un prix par l’association British Society of Cinematographers et que la chaîne Sky One annonça en novembre 2018 que deux saisons supplémentaires verraient le jour. Celles-ci compléteront ainsi la trilogie des romans d’ores et déjà publiés. En dépit de cette prise de décision, les fans devront se montrer patients puisque les dates de diffusion sont actuellement inconnues, la grossesse de l’actrice principale ayant repoussé le tournage à l’été.
Le Livre perdu des sortilèges : présentation et critique
Et si la magie et les créatures surnaturelles n’étaient pas uniquement le fruit de notre imagination ? C’est la question que nous sommes amenés à nous poser dès les premières minutes tandis que l’intellectuelle Diana Bishop (Teresa Palmer) fait son entrée. Historienne à l’Université d’Oxford, sa curiosité sans bornes n’a d’égale que celle du spectateur lorsqu’un phénomène inexplicable se déroule à l’extérieur de la bibliothèque Bodleian. La clé du mystère est rapidement délivrée : la femme descend d’une lignée de sorcières remontant des générations en arrière. Pas de nez crochu, de verrues ni de chapeau pointu ne sont visibles. Il faut dire qu’au-delà même de ces clichés, la blonde est déterminée à ne rien laisser paraître, allant jusqu’à renier sa véritable nature pour vivre au plus près des humains. Et ce ne sont pas quelques accidents qui lui feront changer d’avis !
Mais le Destin en a décidé tout autrement lorsque ses mains se posent sur un livre depuis longtemps égaré mais jamais oublié. Convoité depuis des siècles, ses pages contiendraient le secret de la création de la race vampirique. Dès lors, sorciers, démons et vampires la traquent sans relâche pour obtenir cet équivalent du Saint-Graal. Diana n’a alors plus d’autres choix que d’accepter ses origines dans l’espoir de repousser ses assaillants dont le dangereux suceur de sang Matthew Clairmont (Matthew Goode). Découvertes et trahisons sont sur le point de se succéder…
Le Livre perdu des sortilèges est une série se regardant sans prise de tête, en somme un guilty pleasure à l’état pur. Impossible d’y trouver la complexité ou la résonance de Buffy contre les vampires qui, même si elle visait un public principalement jeune, abordait des thèmes riches en psychologie tels que la violence conjugale, le rapport à la mort et la dépression. Ici, les épisodes sonnent creux que ce soit par le manque d’approfondissement des personnages ou par un manque d’enjeux et de rebondissements mettant en haleine. La faute n’est pas à rejeter sur le duo principal puisque celui-ci propose des interprétations crédibles. C’est à l’accent porté sur la romance mièvre entre deux camps opposés déjà vue et revue dans des œuvres fantastiques (Twilight, Charmed, Buffy…) qu’il faut jeter la pierre et à l’absence de prises de risques. La formule manque tout simplement d’originalité et d’ambition pour se démarquer. Dommage puisque la photographie est quant à elle soignée. Pour plus de détails concernant notre avis, rendez-vous ici.
Les éditions commercialisées
L’influence du Livre perdu des sortilèges s’étend peu à peu puisqu’après s’être propagée dans les foyers britanniques, celle-ci s’apprête à s’inviter chez les allemands (août) et les français (12 juin). D’après les visuels promotionnels, Koba Films semble avoir abandonné les fourreaux cartonnés dont jouissent les sorties de Harlots au profit d’une approche plus économique. À confirmer mais, dans tous les cas, l’essentiel est là, à savoir un coffret 3 DVD et un second contenant 2 Blu-ray. De quoi vous laisser charmer malgré tout.
Test Vidéo/Audio
Selon le site spécialisé IMDb, une caméra Arri Alexa Mini aurait été utilisée pour une capture numérique dont la définition n’est malheureusement pas précisée. Le festival de couleurs et de précision présenté par Harlots n’a ici pas lieu d’être puisque les images sont ici un peu moins chirurgicales. Elles sont également plus douces et ternes de par l’omniprésence d’une palette composées de nuances de gris, bleus et verts (que Diana partage via sa garde-robe) à l’exception de scènes aux tons plus chauds tournées principalement en intérieur. L’ambiance se veut être ainsi mystérieuse et faussement gothique avec ses châteaux, ses ruines, sa bibliothèque à moitié plongée dans l’obscurité, et l’utilisation de procédés cinématographiques tel que les rayons du soleil traversant les vitres pour plonger les pièces dans une lutte entre ombre et lumière. Visuellement très agréable à l’œil grâce aux contrastes que cela induit. L’encodage parvient à gérer les dégradés entre ces deux opposés sans trace de compression abusive (blocs ou banding) et les détails des textures, bâtiments et autres sont satisfaisants pour une expérience haute-définition réussie à défaut d’être totalement ensorcelante.
Le doublage français en DTS-HD Master Audio 2.0 est accompagné de l’audio original en DTS-HD Master Audio 5.1. L’action n’ayant que peu sa place au sein de ces six heures de programme, les pistes n’ont pas vraiment de challenge à surmonter. Par conséquent, la musique de Rob Lane (John Adams) n’a aucune difficulté à s’implanter en fond pour mieux exploiter la largeur sonore, derrière des voix parfaitement maîtrisées et des sons d’ambiance facilitant l’immersion. Ce qui n’est pas du luxe durant les instants où le silence n’est guère optionnel à Oxford.
Test Bonus
Énorme déception du côté du département des suppléments puisque l’édition en est tout simplement vide, à l’exception de plusieurs bandes-annonces faisant la promotion d’autres titres distribués par Koba Films. Une featurette sur le portage du roman à l’écran aurait été apprécié, tout comme diverses interviews ou aperçus du tournage. L’éditeur n’est pas à blâmer cependant puisque les disques étrangers ne sont pas mieux lotis. Étrange au vu du succès rencontré par la série outre-Manche.
- Espace découverte : Miniaturiste (03:04 min), Lucky Man (01:28 min), Harlots (02:31 min) et Victoria (04:10 min), Forever my girl (0:59 min), Docteur Thorne (01:34 min), Kincsem (2:01 min) et Poldark (2:40 min) .
La saison 1 du Livre perdu des sortilèges est disponible ici en Blu-ray.