Accueillez les Jeux olympiques dans votre salon ! Dès le 21 juin, vous pourrez vous procurer le biopic « Moi, Tonya » en DVD et Blu-ray, tous deux édités par France TV Distribution.
Afin de retranscrire l’histoire de la patineuse Tonya Harding à l’écran, les sociétés de production LuckyChap Entertainment et Clubhouse Pictures se sont entourées du réalisateur Craig Gillespie (The Finest Hours) et du scénariste Steven Rogers (P.S. I Love You). L’écriture de l’œuvre n’a pas été simple puisqu’elle se base sur les témoignages divergents des différentes personnalités présentées et de ce qui a été publié dans les tabloïds. Rares sont les fois où les souvenirs de la réelle Tonya rejoignent ceux de son ex-mari, Jeff, par exemple. Ce manque de concordance est par ailleurs régulièrement rappelé durant les deux heures du long-métrage, que ce soit lors des interviews retournées avec les acteurs, ou par le biais de commentaires sarcastiques prononcés par les personnages s’adressant directement au public.
Moi, Tonya : le destin mouvementé d’une fille à qui rien (ou presque) ne sourit
À Portland, dans les années 1970, vit Tonya. Une enfant de quatre ans rêvant de passer sa vie sur la glace. Mais son existence n’a tristement rien d’un conte de fées. Loin des banlieues chics, avec peu de moyens à disposition, elle est élevée par sa mère (Allison Janney) suite au divorce de ses parents. Celle-ci se révèle être hargneuse, exigeante, et en proie à des crises d’animosité effrayantes (elle va même jusqu’à jeter un couteau à sa fille adolescente !). Elle n’hésite pas à recourir à la pression et à blesser sa fille psychologiquement dans le but de la voir s’améliorer dans son exercice complexe du patinage. Pourquoi ? Par amour pour elle ? Non, probablement pour être elle-même mise sous le feu des projecteurs en tant que génitrice de. Qui refuserait un instant la gloire qui romprait avec sa routine frôlant la pauvreté ? Aucun doute que LaVona est présentée dans Moi, Tonya comme quelqu’un d’extrêmement utilitariste et respirant le ressentiment.
Ce n’est donc guère surprenant que Tonya (Margot Robbie) prenne ses cliques et ses claques à la première opportunité ! Cette opportunité se présente sous le nom du jeune Jeff Gillooly (Sebastian Stan). Si leur idylle paraît dans un premier temps être au sommet du romantisme et de la tendresse, leur relation prend un tournant tragique dès lors qu’ils s’unissent. Déjà victime d’abus physiques par le passé, la femme doit désormais supporter les coups de son mari. Œil au beurre noir, coupures… La violence conjugale en est à son paroxysme. S’ils passent leur temps à se séparer puis à se rabibocher, c’est bel et bien car la patineuse a « besoin de lui » pour avancer dans sa carrière, comme elle le déclare.
Le sujet de la maltraitance est toujours délicat. Mais là où le cinéaste aurait pu opter pour une approche dramatique, larmoyante et presque documentaire, il préfère adopter un ton léger faisant de Moi, Tonya, une dramédie. Cet aspect comique est renforcé par les interventions des protagonistes précédemment citées. Ce n’est pas un mal puisque le sort s’acharne sur elle et semble bien décidé à lui mettre des bâtons dans les roues. Peu avant les Jeux olympiques de Lillehammer, elle se retrouve mêlée à un complot visant à terroriser l’une de ses rivales : Nancy Kerrigan (Caitlin Carver). À la tête de ce dernier : Jeff, et son copain Shawn (Paul Walter Hauser). Cette tentative tourne au désastre lorsque la fille est blessée, et qu’une enquête est menée par le FBI. Les rumeurs vont bon train, et l’héroïne est pointée du doigt comme commanditaire de cet assaut.
Pour finir, le spectateur retiendra le long-métrage pour sa critique de ce monde de l’apparence prenant le pas sur le talent aux États-Unis. Tonya n’a rien de l’Américaine parfaite, elle est le résultat de l’éducation difficile et sans tendresse qu’elle a reçu. Agressive et bourrue, son caractère ne correspond pas aux attentes du jury, tout comme… son apparence reflétant sa classe sociale. Cousues à la main, ses tenues de patineuse ne séduisent pas cette élite sportive qui la boude et la dénigre. Elle n’est pas « belle » à leurs yeux, et cela à tout autant d’importance - si ce n’est plus - que sa façon grandiose de se mouvoir sur ses patins à glace. Snobée, elle se rend que la difficulté à se faire accepter ne repose pas uniquement sur son exigence envers elle-même, ni ses progrès. Les paillettes avant tout.
En 1994, la réputation de Tonya Harding se retrouve entachée par l’emballement médiatique autour de cette sombre affaire. Traînée dans la boue, la femme est depuis lors dans l’incapacité de vivre ses rêves, et souffre d’avoir fait ainsi la une des journaux. Ce biopic semble être une chance pour elle de redorer son blason en racontant son histoire, et déclenche une empathie ambiante chez le public après 25 ans de diabolisation et une carrière prometteuse avortée malgré elle.
Les éditions commercialisées
Moi, Tonya est distribué en Blu-ray et DVD par France Télévisions Distribution sur le territoire français. Les curieux ainsi que les d’ores et déjà convertis n’auront malheureusement pas d’autre possibilité que de se tourner vers des éditions simples. En effet, il n’existe aucun steelbook et le marchand FNAC n’a concocté aucune exclusivité. Dommage. À l’international, le film n’a pas non plus bénéficié d’un lancement en grande pompe.
Test Vidéo/Audio
La réalisation de Gillespie a été achevée par un intermédiaire numérique en 4K. Pourtant, aucun disque compatible avec cette technologie n’a été mis sur le marché dans le cas de Moi, Tonya. Selon les informations fournies sur IMDb, pellicules 35mm et numérique ont été mobilisés lors du tournage. Étonnant puisque le résultat est étrangement homogène ! Ce choix de recourir à l’ancienne méthode n’est pas déconcertant, et se justifie en partie par les années durant lesquelles se déroule le long-métrage. Un visuel trop propre, sans grain, n’aurait pas su apporter cette touche organique, voire old school, nécessaire pour planter cette ambiance 80’s/90’s.
Ne vous attendez pas à une explosion de couleurs à la Justice League. Bien que plusieurs éléments présentent des tons saturés (les costumes de Tonya par exemple), les images demeurent relativement sobres tout en abordant régulièrement des teintes chaudes (dans le restaurant) ou, à l’opposé, légèrement bleutées (au sein de la patinoire). Cette neutralité dans la palette est une décision artistique, ici parfaitement retranscrite.
Si la profondeur ne procure jamais le tournis de par la nature limitée des sources vidéo, elle se prouve un tantinet plus efficace lors des scènes sur la glace ou lors des scènes en extérieur présentant des paysages. Quant aux détails, ils ne manquent jamais à l’appel. Que ce soit pour grimacer à la vue des bleus et coupures arborés par l’héroïne, inspecter la composition et la texture de ses accoutrements et de son manteau de fourrure, se plonger avec nostalgie dans des décors typiques du siècle dernier… La qualité ne déçoit pas.
Côté audio, une piste originale et une française sont encodées en DTS-HD 5.1. Que les personnages crient (cela arrive souvent entre eux), aient une conversation civilisée ou se contentent de murmurer, les dialogues sont parfaitement audibles. Rien de négatif à signaler. Là où les basses peuvent s’en donner à cœur joie, que les pistes sont particulièrement dynamiques, c’est sans aucun doute lors des passages où figurent la musique signée Peter Nashel (Le Book Club) ainsi que les titres pop et rock de l’époque. L’activité surround y est forte, immersive, bien qu’autrement effacée (hors quelques sons tels que des coups de feu). À noter que l’audiodescription est au format DTS 2.0.
Test Bonus
Si à l’accès du menu des suppléments le spectateur sera agréablement surpris par la quantité proposée, il déchantera bien vite dès qu’il comprendra qu’il ne s’agit que des titres de cinq scènes coupées. Faux espoir. Par conséquent, aucun making-of ni commentaire audio n’est disponible. Pas même une interview pour ce film qui a, rappelons-le, remporté un Oscar ! Une galerie comportant différents clichés (tournage, promotionnels, affiches…) aurait pu combler légèrement, mais ce n’est pas le cas. Tant pis.
- « Golden Buddha » (1:25 min) : après sa séparation avec Tonya, Jeff se retrouve en compagnie de Shawn dans le club aperçu à plusieurs reprises lors du long-métrage. Le duo d’amis discute de la rupture qui a chamboulé la vie de l’homme.
- Le chantage (2:35 min) : tandis que la presse envahit la pelouse de chez Tonya et Jeff, le téléphone sonne. Contrairement à ce qui est montré dans le montage cinéma, ce n’est pas Shawn au bout du film mais une employée de CBS Sports. Celle-ci dispose d’une lettre contenant l’identité de ceux ayant manigancé contre l’adversaire de la patineuse. Jeff, qui a décroché, doit choisir entre accorder une interview de sa femme à la chaîne, ou risquer de voir leur nom en grosses lettres dans les journaux à scandale.
- Une attaque planifiée ? (1:27 min) : la protagoniste principale partage sa suspicion. Et si son mari avait comploté avec Nancy pour la faire discréditer aux yeux de tous ? Et si cette dernière n’avait pas été réellement blessée ?
- Témoignage de Shawn (11:02 min) : cette scène coupée d’une durée importante est tout simplement l’intégralité de l’interview accordée par Shawn, assis confortablement dans son fauteuil, dont plusieurs extraits sont dévoilés au cours de Moi, Tonya.
- Buffet à emporter (52 secondes) : retour au début de l’œuvre cinématographique lorsque Tonya, sa mère et Jeff partagent un dîner au restaurant. Le serveur découvre que LaVona a dissimulé de la nourriture dans son sac à main. Bonne impression pour une rencontre !
Ces additions sont intéressantes, et sont un véritable plus permettant d’enrichir les personnages et leurs relations. Cependant, le fait que d’autres bonus figurent sur le disque américain ne fait qu’exacerber ce sentiment d’insuffisance. L’acheteur y trouvera la featurette intitulée En coulisses (15:53 min) qui est ponctuée d’entretiens, mais aussi un commentaire audio par le réalisateur Craig Gillespie.