À l’aube des grandes chaleurs assommantes, des glaces à gogo et des parties de beach volley, « Premières vacances » offre comme un avant-goût d’un été particulièrement rocambolesque. Et ce, sans même avoir besoin de quitter le confort votre canapé ! Votre potentielle source d’inspiration pour la période estivale est désormais disponible en Blu-ray et DVD. Du moins… si votre souhait est d’enchaîner les galères et de parfumer les jardins à votre manière.
À la réalisation de Premières vacances : Patrick Cassir, que l’on retrouvait dans le rôle du bourgmestre en 2016 avec Faut pas lui dire. Il est rejoint par l’actrice principale Camille Chamoux (J'ai 2 amours) avec qui il partage l’écriture du scénario tandis que celle-ci s’octroie donc une double casquette. Malheureusement le succès n’est pas au rendez-vous lors de sa diffusion dans les salles puisque les recettes ne parviennent pas à rattraper le budget alloué à la production, estimé à la coquette somme de 5,8 millions d’euros. Et si les supports physiques parvenaient à changer la donne ou tout du moins à mieux équilibré la balance ?
Premières vacances : présentation et critique
À l’ère où les applications de rencontre ont la côte, l’instruit Ben (Jonathan Cohen) fait la connaissance de la dessinatrice Marion (Camille Chamoux) via Tinder. Passé plusieurs minutes où la gêne est palpable, la complicité s’installe peu à peu tandis qu’ils s’adaptent au caractère et à l’humour de l’autre. Autant dire que les choses s’emballent à une vitesse foudroyante puisqu’ils passent la nuit sur les toits à admirer la capitale. Enfin, pas avant d’avoir batifolé dans la cage d’escalier à en réveiller les voisins. Dès lors, le duo se lance dans une drôle d’entreprise : celle de partir en voyage ensemble. Aucun d’eux ne se laisse démonter en dépit des réactions négatives de leurs proches et les voilà arrivés en Bulgarie, pays à mi-chemin entre leurs destinations habituelles. Les tourtereaux vont vite prendre conscience qu’il n’est pas aussi évident que ça que d’apprendre à se connaître en devant faire des compromis dans l’optique de rendre le séjour agréable. Bien du courage, de la patience et de la témérité car leurs styles de vie ne pourraient être plus opposés.
Premières vacances est ce que l’on pourrait qualifier de pseudo road-movie auquel s’ajoutent tous les ingrédients d’une romcom française plutôt traditionnelle. Si le réalisateur permet au public d’explorer des zones géographiques peu exploitées au cinéma, le script et son humour ne marqueront pas le 7ème art. Non pas qu’ils soient mauvais puisque tous deux font mouche, mais l’originalité n’est pas le point fort du long-métrage avec ses quelques blagues scabreuses usées jusqu’à la moelle (la gêne aux toilettes par exemple) et l’utilisation des vacances comme contexte sur un fond à l’eau de rose. Depuis la sortie du succès populaire Les Bronzés en 1978, les cinéastes français semblent bien décidés à exploiter tout le potentiel de ces moments de supposée détente pour faire rire. Et que proposer de mieux pour cela que d’introduire deux personnages principaux caricaturaux en total décalage l’un de l’autre ?
D’un côté se trouve le commercial attaché à son confort, rêvant d’hôtel de luxe et de transat faisant face à une piscine interminable, et de l’autre une artiste intrépide, une bobo parisienne qui ne recule devant rien pour se nourrir d’une bonne dose d’aventures. Quitte à se retrouver dans des situations gênantes au possible, relativisant tout à l’instar d’une plage qui n’en a que le nom pour son compagnon et qui est idéale pour attraper le tétanos. Oui, ce qui est paradisiaque pour l’un ne l’est clairement pas pour le second. En outre, Ben est l’incarnation-même du touriste français avec ses clichés (bien souvent justifiés) : râleur en cas d’inconfort ou de mal-être, fermé aux traditions étrangères et régulièrement insultant envers les locaux. La scène où le couple se moque de l’employé de l’hôtel est d’ailleurs particulièrement douloureuse tant sa cruauté explose au visage. L’aspect comique n’est ici pas des plus fins au risque de faire grincer des dents. La moquerie n’est jamais chose délicate. Cependant, on leur pardonnerait presque grâce à l’alchimie palpable des deux acteurs qui instaure une dose de crédibilité bienvenue dans cette histoire romantique invraisemblable.
Ces quelques remarques ne sont pas les seuls points sur lesquels il est important de s’arrêter puisque Cassir et Chamoux mettent en avant deux cas d’études à la sauce satirique : le couple et le tourisme moderne. Dans un monde où le virtuel prend le pas même au sein des relations par le biais d’applications, l’empressement l’emporte bien souvent sur le temps de réflexion nécessaire à la construction de fondations solides. C’est sur ce même coup de tête, cet emballement, que Marion et Ben se retrouvent à partager un avion après n’avoir passé que quelques heures ensemble. Ils n’ont alors d’autres choix que de prendre conscience de leurs différences d’inclinations sur le tas, menaçant l’alchimie qui les unit. Trois conditions de séjours sont exploitées, de l’Airbnb à l’hygiène douteuse à l’hôtel prétentieux où la pression sociale qui y règne fait plier la jeune femme. L’industrie du tourisme est donc discutée avec ses avantages et inconvénients, d’un œil subjectif aux protagonistes mais aussi extérieur sans être pour autant agressif. Ce n’est pas un règlement de compte provenant de derrière la caméra.
Les éditions commercialisées
Le catalogue de l’éditeur Le Pacte ne cesse de s’étoffer au fil des mois. C’est au tour de Premières vacances de se voir attribuer une sortie en DVD et Blu-ray, tous deux décorés d’un fourreau cartonné pour le plus bel effet. Contrairement à Une affaire de famille qui a bénéficié d’un traitement de faveur, ce long-métrage doit se contenter d’éditions simples sans disque supplémentaire exclusif au marchand FNAC. Il ne subira pas non plus le traitement 4K rarissime en-dehors des blockbusters.
Test Vidéo/Audio
Aucune donnée concernant la résolution du master final ni même l’équipement mobilisé lors du tournage n’est disponible sur IMDb. Il paraît cependant évident que l’argentique est resté dans les placards pour l’occasion. La photographie élaborée par Yannick Ressigeac (Bienvenue à Marly-Gomont) resplendit d’un naturel époustouflant lors des plans en extérieur, que ce soit sur les toits de Paris ou perdus dans les paysages de la Bulgarie. Le visuel est simple, sans modifications importantes apportées à la colorimétrie lors de l’étalonnage. Le spectateur s’y croirait presque avec ces couleurs primaires nuancées et richement saturées, ce look contrasté élégant et une profondeur de champ assez léchée malgré une apparence éternellement sobre.
La précision de l’image permet un piqué inébranlable et des détails abondants que ce soit lors des plans rapprochés ou les cadrages plus larges. Ce n’est pas un luxe étant donné les décors qui ne demandent qu’à jaillir de l’écran avec le plus de vraisemblance imaginable. Sans oublier l’appartement de Marion et de ses colocataires qui débordent d’objets en tout genre, donnant matière à la haute-définition de faire ses preuves. Bon d’accord, ce n’est pas la plage de l’autre côté de la route qui en fera rêver des masses mais les scènes au cœur de la campagne sont quand même bien jolies non ?
Deux mixages ont été rassemblés sur la galette bleue. L’un en DTS-HD Master Audio 2.0, le second en DTS-HD Master Audio 5.1 pour les mieux équipés. Cette seconde piste met l’accent sur l’ambiance avec des enceintes exploitées grâce à de nombreux effets et bruits facilitant l’immersion. La spatialisation est large, les basses prennent leur envol à plusieurs reprises notamment lors de la fête sur la plage avec ses sons électro et les dialogues sont centrés avec précision. Le Pacte ne donne ainsi pas matière à critiquer. L’audiodescription en DTS-HD est aussi sélectionnable à partir du menu animé.
Test Bonus
Pas de making-of au programme ni scènes coupées, mais deux échanges pour une durée totale de 27 minutes environ. Comme pour chaque supplément de ce type chez l’éditeur, les questions sont signées Victor Lamoussière.
- Entretien avec Patrick Cassir (14:51 min) : le cinéaste revient sur sa première expérience de long-métrage et son amour pour la première phase d’une relation amoureuse. Sont ensuite mentionnés des thèmes communs à l’interview suivante tels la distribution, l’éloignement au script et la Bulgarie. Il mentionne malgré tout son rapport avec le chef opérateur Yannick Ressigeac et le montage.
- Entretien avec Camille Chamoux et Jonathan Cohen (12:23 min) : dans une ambiance détendue, les acteurs abordent les origines de Premières vacances, le choix de caster Jonathan Cohen et la place de l’improvisation qui est libératrice dans les scènes. Ils s’arrêtent ensuite sur le couple qu’ils forment à l’écran, leurs meilleurs souvenirs et le voyage en Bulgarie.
- Bande-annonce (01:57 min) : en HD.