« How wonderful life is while you're in the world. » Ne faites pas croire que vous n’avez pas chantonné cet air connu de tous depuis déjà cinq décennies. Suite à la parution de ce titre maintenant élevé au rang de classique, la discographie de l’extravagant Elton John n’a cessé de s’étoffer, faisant de lui l’un des plus grands artistes contemporains. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que l’industrie cinématographique s’arrête sur son parcours afin de lui rendre hommage. Bonne nouvelle ! C’est désormais chose faite avec « Rocketman » disponible dans les bacs en Blu-ray et DVD.
Le processus de création de Rocketman (2019) fut tout aussi turbulent que la vie de l’artiste lui-même. Longtemps coincé dans sa phrase de développement, les noms de ceux campant le poste de réalisateur et le rôle-titre se sont enchaînés pour finalement s’arrêter au duo d’Eddie the Eagle (2015) : Dexter Fletcher et Taron Egerton, plus connu pour son rôle dans la franchise Kingsman. Une sage décision qui aboutira au succès d’un « biopic non-biopic » salué par une majorité des critiques. Malheureusement boudé par les cérémonies de récompenses en dépit de plusieurs nominations, près de 195,2 millions de dollars furent récoltés à travers le monde pour un budget estimé à 40 millions.
Rocketman : présentation et critique
Scénario ★★★★☆
La vie de Reginald Dwight (plus connu sous le pseudonyme « Elton John ») n’est qu’une suite d’addictions et d’excès lorsque celui-ci en fait le récit durant une réunion des alcooliques anonymes. Né dans une famille ne lui attribuant que peu d’attention, le garçon se trouve une échappatoire. Il aiguise son don de pianiste amateur qui lui vaut d’être accueilli au sein de la réputée Royal Academy of Music. S’il s’agit d’une source de fierté pour lui, cela ne lui permet jamais d’établir un lien avec ses parents qui ne cessent de le rejeter.
Les années ont passé lorsqu’il fait la rencontre du parolier Bernie Taupin (Jamie Bell). À eux deux, la créativité paraît poussée à son paroxysme tant les titres s’enchaînent jusqu’à ce que, enfin, leur talent soit reconnu jusqu’aux États-Unis. Si le personnage d’Elton John n’est que succès et excentricité aux yeux du public, la réalité est tout autre tant l’humain derrière le costume pailleté est en souffrance. En crise identitaire, il ne peut se résoudre à assumer son homosexualité face aux médias, son manager et amant John Reid (Richard Madden) dévoile son vrai visage et la pression reposant sur ses épaules menace de l’écraser à chaque instant. La star se retrouve alors pris au piège d’une sphère infernale qui lui fera frôler la catastrophe.
L’œuvre cinématographique épouse la démesure d’une biographie réorchestrée à travers une mise en scène incroyable. En outre, les numéros musicaux et dansants utilisés à des fins narratives font office d’une originalité accrocheuse la différenciant du plus conventionnel Bohemian Rhapsody (2018) et mettent sous les projecteurs la prestation remarquable de Taron Egerton. L’interprète a définitivement plus d’une corde à son arc comme il le prouve ici. Pour plus de détails concernant notre avis, retrouvez notre critique de Rocketman.
Les éditions commercialisées
Bien que le succès commercial de Rocketman n’arrive pas à la cheville de celui auquel il est souvent comparé, son traitement sur le marché vidéo est tout aussi soigné puisque son distributeur investit les rayonnages DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K. L’effort de Paramount Pictures ne s’interrompt pas là puisque le studio s’allie au marchand FNAC pour proposer deux steelbooks exclusifs aux collectionneurs et passionnés. Identiques, l’unique différence est l’inclusion ou non de la galette Ultra HD pour seulement cinq euros supplémentaires. Une aubaine.
Test Vidéo/Audio
Vidéo ★★★★★ Audio ★★★★★
Comme bien des longs-métrages de cette génération, ce biopic a été tourné en numérique via des caméras Arri Alexa puis achevé avec un master de résolution 2K. Dans une longue interview accordée à Panavision, le directeur de photographie George Richmond (Tomb Raider) s’étend longuement sur les décisions prises quant au matériel mobilisé et l’apparence des scènes selon leur degrés de réalisme et leur contexte individuels. À l’image, cela se traduit par une douceur des détails rappelant le cinéma de l’époque et un ensemble hétérogène par sa palette de couleurs. Lorsque les séquences loin de la scène sont montrées, le look est ainsi plus terre-à-terre avec des marrons plus marqués. Mais, une fois le spectacle lancé, la saturation est poussée avec des teintes acidulées démontrant la complexité de l’accoutrement de l’interprète dont la garde-robe ne cesse d’épater tant pour son inventivité que par son audace. Une explosion de contrastes et un éblouissement pour les yeux dont le morceau « Rocket Man » en est l’apogée avec sa scène sous-marine et son final triomphant.
Les spectateurs ayant une préférence pour le doublage français seront encore mis de côté. Effectivement, Paramount se contente d’un simple Dolby Digital Surround 5.1 qui, bien qu’efficace, est plus d’un iota en-dessous de la version originale en Dolby Atmos et Dolby Digital TrueHD 7.1. Cette dernière se fait quant à elle sa place parmi les audios de référence du support. Tellement énergique qu’elle en devient époustouflante lors des numéros musicaux aux basses incomparables, celle-ci tire parti de ces huit canaux pour une immersion complète et des effets surrounds poussés. Difficile de faire mieux en matière de spatialisation. Les voix et chansons sont aussi fidèlement restituées.
Test Bonus ★★★☆☆
L’interactivité est plutôt classique avec ses scènes coupées, son mode karaoké et ses quelques featurettes informatives défilant à la vitesse de l’éclair. Le commentaire audio devenant de plus en plus rare tout comme la fonction Picture-in-Picture qui faisait office de véritable making-of sur de nombreux Blu-ray, il n’est pas étonnant d’en constater l’absence. N’espérez pas non plus un entretien approfondi avec Elton John ou un documentaire couvrant le restant de sa carrière. Le disque en est exempt.
- Scènes musicales longues (15:18 min) : « Introduction par Dexter Fletcher » (0:30 min), « The Bitch Is Back » (02:13 min), « Saturday Night’s Alright (for fighting) » (04:00 min), « Breaking Down The Walls Of Heartache » (03:55 min) et « Honky Cat » (04:39 min). Un mode de lecture enchaînée est proposé.
- Scènes coupées et versions longues (20:04 min) : « Introduction par Dexter Fletcher » (0:25 min), « J’adore le rock’n’roll » (01:51 min), « Il faut tuer l’homme que tu devais être » (01:08 min), « Arabella » (02:53 min), « Elton dans le four à gaz » (02:09 min), « Elles ont beaucoup de classe » (0:48 min), « Tu n’es pas le premier homo non déclaré obsédé par sa mère » (01:04 min), « Le test sanguin » (01:57 min), « La crise cardiaque » (03:14 min), « Le lavomatique » (02:22 min) et « Tu veux quelque chose ? » (02:12 min). Un mode de lecture enchaînée est proposé.
- Ça va secouer : vision créative (07:08 min) : retour sur la conception du film, ses choix stylistiques et sur le souhait du chanteur à ce que sa vie y soit restituée avec honnêteté.
- Devenir Elton John : la transformation de Taron (06:52 min) : l’acteur mentionne son anxiété à l’idée de se glisser dans la peau d’une telle célébrité, son apprentissage du piano, les séances d’enregistrement et sa transformation physique.
- Plus grand que la vie : décors et costumes (08:55 min) : aperçu du travail de reconstitution des lieux et des habits aperçus durant Rocketman sous la supervision d’Elton John.
- À fond : mettre en scène les séquences musicales (10:09 min) : l’équipe aborde différentes séquences musicales, leur symbolisme quant à la vie du protagoniste et le choix des titres présentés.
- Musique réimaginée : les séances en studio (11:33 min) : focus sur la réappropriation des chansons et leur interprétation par Taron Egerton grâce à de nombreuses images capturées durant l’enregistrement.
- Le guide des paroles de Rocketman : chanter en chœur certaines chansons (anglais seulement) (35:44 mn) : « The Bitch Is Back » (01:53 min), « I Want Love » (02:08 min), « Saturday Night’s Alright (for fighting) » (03:17 min), « Your Song » (03:24 min), « Crocodile Rock » (03:09 min), « Tiny Dancer » (02:46 min), « Honky Cat » (02:17 min), « Rocket Man » (04:26 min), « Bennie And The Jets » (02:33 min), « Don’t Let The Sun Go Down On Me » (02:44 min), « Sorry Seems To Be The Hardest Word » (01:31 min), « Goodbye Yellow Brick Road » (01:58 min) et « I’m Still Standing » (03:35 min). Trois options sont disponibles : la lecture du film avec les chansons en chœur et l’écoute suivie ou individuelle de ces dernières.
- Le juke-box de Rocketman : écouter directement la musique (52:49 min) : chaque passage musical est accessible individuellement mais le spectateur peut opter pour une lecture intégrale.
Bilan ★★★★☆
Rocketman est un film poignant sur les dessous de la célébrité. Si le pitch de départ ne semble pas des plus innovants au premier abord, le cinéaste mène sa vision avec une poigne de fer (partagée par Elton John) et évite les pièges du genre en parvenant à passer outre de nombreuses conventions. Ainsi, le politiquement correct passe relativement à la trappe pour davantage de sincérité malgré certains tabous toujours d’actualité. Quant à Paramount, le studio offre un Blu-ray à la hauteur de la réputation de l’interprète de « I’m Still Standing » en mettant des paillettes dans les yeux et de l’or dans les oreilles. Une réussite triomphante.
Les éditions DVD et Blu-ray de Rocketman sont disponibles à la Fnac et sur Amazon.