Avec un peu moins de 95 000 entrées en France, « The Rider » a rapidement achevé sa course à sa sortie en mars dernier. Éclipsé par des longs-métrages plus grand public, il n’a pourtant pas à rougir face à la compétition grâce à sa profonde humanité. Faites-vous happer par ces aventures inspirées de faits réels en Blu-ray et DVD dès le 26 septembre.
Écrit et réalisé par Chloé Zhao (Les chansons que mes frères m'ont apprises), The Rider puise son scénario d’après la biographie de Brady Jandreau. Oui, ce dernier n’est autre que l’acteur amateur prêtant ses traits au personnage principal. Son manque d’expérience n’a cependant pas desservi le film puisque ce dernier s’est bâti une belle réputation lors de sa nomination au festival de Cannes et de Deauville en 2017. Retrouvez notre interview de Brady Jandreau, réalisée lors de la sortie du film en salles.
The Rider : présentation et critique
Étoile montante, Brady Blackburn vit et respire pour le rodéo jusqu’à ce qu’un terrible accident lui cause des lésions au cerveau et que des symptômes secondaires fassent leur apparition. Il lui est dès lors déconseillé de monter à cheval sous peine d’aggraver son état, ce qui l’oblige à se reposer et à mener son existence autrement. Fils d’une famille avec peu de moyens financiers, il ne peut se complaire à ne rien faire. L’homme décide de postuler dans un supermarché afin d’être en capacité d’entretenir son père dépensier (Tim Jandreau) et sa jeune sœur autiste Lilly (Lilly Jandreau).
Ce n’est pas sa vocation comme l’indique sa mine blasée en totale opposition avec celle qu’il affiche lors des chevauchées. Il ne se sent pas intégré à ce monde capitaliste et matérialiste. Il lui faut redéfinir ses attentes et se plier à la fatalité. Chose qu’il ne fait qu’un temps puisque l’appel de la nature est plus fort que ses besoins médicaux. Brady décide de dompter et d’entraîner des chevaux particulièrement récalcitrants, dans l’espoir d’avoir les moyens de s’en acheter un nouveau suite à la vente de Gus. Il lui faudra payer le prix de sa décision lorsque sa santé se dégrade peu à peu et devient une réelle menace pour sa survie.
Soyons honnêtes : The Rider n’est pas l’œuvre la plus dynamique qui soit. L’audience investie à mainte reprise une posture contemplatrice justifiée par des panoramas à couper le souffle où le protagoniste se mêle aux paysages majestueux, qu’il soit accompagné ou non d’un fidèle compagnon. Malgré tout, amputer le spectacle en supprimant ces passages ou d’autres scènes sans dialogue (qui sont loin d’être rares) aurait nuit à l’authenticité et la fluidité dégagées par ces 104 minutes. Le montage se défend et séduit. Que lui demander de plus ?
Bien que le métrage parte à la découverte d’une communauté anachronique où se côtoient tous types de précarité, Zhao préserve le spectateur d’un mélodrame larmoyant et grossièrement accusateur. Il est impossible de ne se prendre d’affection pour cette culture en voie de disparition dont les traditions paraissent condamnées. Dans leur quête à la modernisation, les États-Unis ne prêtent que peu d’intérêt à la sauvegarde de ce patrimoine relevant de l’histoire du pays et ce, au risque d’envoyer sa population droit dans une impasse.
Il en est de même pour les instants où Brady se retrouve en compagnie de son ami paralysé Lane Scott. S’ils sont lourds en émotion, la réalisatrice ne s’autorise jamais un point de vue où l’apitoiement est approprié. Le focus est mis sur la relation attendrissante liant les deux garçons qui passent une partie de leur temps à admirer les exploits passés du handicapé. C’est touchant, ça prend aux tripes, mais il n’est pas question de donner une leçon à ceux intéressés par ce milieu professionnel.
Les éditions commercialisées
Blaq Out a concocté une sortie Blu-ray et DVD soignée puisque tous disposent d’un fourreau cartonné habillant les habituels boîtiers en plastique. L’éditeur prend donc les devants puisque le titre n’est pas disposé dans les bacs autres que français. En effet, les USA ont opté pour un pressage à la demande dans la collection « Sony Pictures Classics ». Quant à l’Allemagne, seul le DVD est pour le moment programmé.
Test Vidéo/Audio
Aucune indication concernant le matériel mobilisé lors de la capture de The Rider n’est mentionnée sur la fiche IMDb. Si le mystère restera entier par conséquent, la présence d’une granularité est indéniable. Ajoutée en post-production ou résultat d’un tournage sur pellicule, celle-ci n’est pas plus dérangeante qu’anarchique. Elle confère une approche plus traditionnelle qui n’est pas à l’encontre du sujet présenté avec sa civilisation trouvant ses racines dans une autre époque. Par ailleurs, certains plans se caractérisent par une douceur adoucissant les traits de la distribution et des décors.
Si ce n’est pour ces derniers, l’image est ciselée et met en avant des détails fins dont les gros plans sur les chevaux sont les meilleurs exemples. Il est possible d’y décrire leur crinière complexe et distincte. Pas de bouillie de pixels, merci. La palette des couleurs est aussi contrôlée puisqu’elle permet d’illustrer les différences de robes chez les animaux tout en proposant des extérieurs visuellement époustouflants. Il n’y a pas de traces d’anomalies ou de compression.
Deux pistes sonores sont sélectionnables à partir du menu. L’une en DTS-HD 2.0, la seconde en DTS-HD 5.1. Ne soyez pas étonnés de l’absence d’un doublage français puisqu’il ne semble pas exister. Il faut accepter de visualiser l’œuvre dans la langue de Shakespeare mais rassurez-vous : les sous-titres français ne vous ont pas lâché. La spatialisation est réussie puisqu’elle projette des sons d’ambiance dans les différents canaux disponibles. Vent, mouvement de la végétation, hennissements… Tout est fidèlement restitué sans déformation. L’audio n’est évidemment pas du matériel de démonstration au vu du calme ambiant (en-dehors des rodéos) qui ne propose pas d’effets ahurissants.
Test Bonus
Impossible de comparer avec les éditions autres que l’américaine puisque, comme souligné précédemment, il n’en existe pas vraiment. Présents dans la galette bleue outre-Atlantique : deux panels de questions/réponses et des scènes inédites indisponibles sur le disque de Blaq Out. À défaut d’être nombreux et exhaustifs, les suppléments sont dignes d’intérêt et valent d’être visionnés. D’autant plus qu’ils sont exclusifs.
- Entretien avec Brady Jandreau (10:42 min) : l’acteur revient sur sa rencontre avec Zhao sans oublier de livrer de multiples anecdotes. L’écriture du scénario fut un processus naturel et improvisé tandis qu’il lui a partagé son histoire. Il confesse avec regret qu’Apollo n’a pas pu participer au tournage puisqu’il était d’ores et déjà décédé après s’être retrouvé dans un état bien plus lamentable que sa retranscription à l’écran. Aussi, le spectateur découvre la localisation précise du lieu où s’est déroulé le shooting : la réserve sioux de Pine Ridge dans le Dakota du Sud.
- Entretien avec Chloé Zhao (3:02 min) : durant ce court laps de temps, elle fait part de son appréciation pour la quête identitaire et les communautés marginalisées avant de s’attarder sur ce qui, selon ses critères, explique la différence entre fiction et documentaire. L’approche visuelle qu’elle partage avec son directeur de la photographie Joshua James Richards (Seule la terre) vaut le détour puisqu’elle y explique leur choix de se fier aux grands angles à maintes reprises.