A défaut d'une sortie en salle, "The Villainess" est à découvrir en DVD et Blu-ray. Un film d'action survitaminé qui avait réveillé les esprits lors du Festival de Cannes 2017.
Qu’on se le dise, le cinéma coréen arrive toujours à point ! L’an dernier, à Cannes, il nous l’a encore prouvé avec The Villainess, présenté en séance spéciale au milieu d’une sélection pour le moins ternes et ennuyeuse. Un film d’action surexcité, riche en influences, qui montre une nouvelle fois que les Coréens ne font rien comme tout le monde !
Tout commence par un plan-séquence d’une dizaine de minutes en vue à la première personne, durant lequel l’héroïne affronte une horde d’ennemies dans un immeuble. Aux couteaux ou avec des pistolets, dans un couloir exigu ou dans une salle d’entraînement, rien ne l’arrête. Et si immédiatement on pense à un certain Old Boy (un couloir, des couteaux, le rapprochement est assez facile à faire), ainsi qu’à The Raid, The Villainess a une approche et des objectifs – en termes de mise en scène - bien différents.
Des combats vertigineux au service d'un mélange des genres
Oui, il s’agit en partie d’une histoire de vengeance. Celle de Sook-hee (excellente Kim Ok-bin), une tueuse entraînée par un gang dans son enfance, avant d’être récupérée par les services des renseignements. Au cours d’une mission, elle découvrira que sa prochaine cible n’est autre que son ancien amant qu’elle pensait mort. De Old Boy, on passe alors à Nikita et Kill Bill, auxquels le réalisateur Jung Byung-gil rend clairement hommage – mettant en scène Sook-hee en robe de mariée dans des toilettes avec un sniper dans les mains pour atteindre sa cible dans l’immeuble d’en face.
Mais là encore, The Villainess va plus loin, évoluant au fil des minutes. Il faut dire que le cinéma coréen est maître dans l’art de mélanger les genres. Ici, le film passe intelligemment du film d’action, au thriller, puis au drame familial et à la comédie romantique. Une variété des genres dans laquelle s’imbriquent les nombreuses scènes d’action vertigineuses pour le moins vidéoludiques. Des passages sur-vitaminés rendus possible grâce à l’usage intelligent d’effets numériques. Le résultat est alors particulièrement jouissif et des plus mémorables, en dépit même d'un récit relativement classique.
Quel contenu pour The Villainess ?
Après le festival de Cannes, il n’y avait alors qu’une hâte, redécouvrir The Villainess lors de sa sortie en salle. Malheureusement, le film n’aura trouvé aucun distributeur en France. Il aura donc fallu s’armer de patience jusqu’à ce que l’éditeur Wild Side décide de sortir le film directement en DVD et Blu-ray (le 28 mars 2018). Notons tout de même une projection exceptionnelle organisée par Wild Side et le Festival du film coréen au Publicis Cinéma des Champs-Elysées, deux jours avant, le 26 mars.
L’édition DVD et Blu-ray reste donc immanquable car au final le seul moyen pour « le grand public » de découvrir ce film si singulier. Dès lors, on ne se plaindra pas trop du manque de bonus. En effet, seul un entretien de trente minutes avec Manu Lanzi, chorégraphe de combats et cascadeur, et un de dix minutes avec le réalisateur Jung Byung-gil et l’actrice principale Kim Ok-bin (exclusif au Blu-ray) accompagnent le film. Pas de making-of par exemple qui aurait pu dévoiler les secrets des scènes d’action.
Néanmoins, on retiendra l’entretien très intéressant de Emmanuel Lanzi qui, tout en présentant The Villainess davantage comme une prouesse visuelle, revient sur l’évolution du cinéma d’action, notamment avec les effets numériques permettant de corriger des détails, mais faisant perdre en technique pure.
Concernant l’entretien avec Jung Byung-gil et Kim Ok-bin, il permet d’évoquer la place de femmes dans le cinéma d’action, et notamment en Corée, sur l’influence de Nikita sur le réalisateur et sur la préparation du film.
Des bonus limités donc, mais on ne fera pas la fine bouche étant donné la qualité du Blu-ray en règle général et le plaisir que provoque le film.