X-Files : une saison 11 aux frontières du réel en Blu-ray

Le retour tant attendu de la série culte « The X-Files » avait laissé un goût amer à la sauce alien dans la bouche des fans en 2016. Une onzième fournée constituée de 10 épisodes est désormais disponible en Blu-ray et DVD.

Créée en 1993 par Chris Carter (Millenium) pour la chaîne Fox, X-Files s’est imposée comme une référence culturelle grâce à ses complots gouvernementaux et multiples standalones confrontant la science dure au paranormal. Si les OVNI couplés aux petits hommes verts sont la marque de fabrique de la série, le show est aussi réputé pour son bestiaire explorant les recoins les plus sombres et terrifiants de l’Humanité, à l’instar du fétichiste Donnie Pfaster (Nick Chinlund).

La quête pour la vérité reprend de plus belle

C’est dans un premier épisode signé par Chris Carter que les agents du FBI Dana Scully (Gillian Anderson) et Fox Mulder (David Duchovny) font leur retour mi-figue mi-raisin sur le petit-écran. À nouveau, le showrunner offre un focus sur une mythologie ayant perdue toute force et cohérence depuis la seconde moitié de la série originale. Il s’emmêle même les pinceaux en allant jusqu’à tenter d’effacer le dénouement clôturant la saison précédente. En effet, tout ça n’était qu’une vision du futur perçue par la protagoniste par le biais de… William ? Les minutes s’enchaînent, laissant le spectateur perplexe face à ce qui se révélera être les pires 40 minutes de ces nouvelles aventures.

Fort heureusement, la qualité remonte en flèche dès le second épisode alors que l’équipe s’attaque à ce qu’elle fait de mieux : les fameux monsters of the week. À travers eux, les scénaristes parviennent à re-capturer l’esprit qui a élevé X-Files au rang de classique. Tout du moins, ils s’en approchent dangereusement (et délicieusement) comparé à la tentative semi-désastreuse qu’était la dixième saison. Le temps de se remettre sur les rails probablement. Si les scénaristes (incluant les habitués Glen Morgan et James Wong) ont fait un bon travail, il en est de même pour la distribution qui parvient enfin à se remettre dans les baskets de ses personnages. Le tâtonnage appartient au passé, tout comme les mines fatiguées et indifférentes qui ont hanté la majorité de la saison dix.

L’alchimie entre Duchovny et Anderson transparaît avec une authenticité qui ne peut manquer de séduire les passionnés. N’était-ce pas là un des ingrédients principaux ayant participé au succès des affaires non-classés lors des années 90 ? Cette tension sexuelle évidente renforcée par des sentiments tus qui n’ont eu de cesse de torturer les fans durant une décennie ? Difficile de le nier au vu des critiques souvent assassines suite au départ de Fox Mulder.

La tonalité des neuf épisodes ne cesse de surprendre puisqu’ils ne cessent d’alterner les genres, induisant une dynamique dont l’essoufflement ne se fait ressentir qu’au dernier d’entre eux. Le téléspectateur navigue entre critique de l’avancée technologique et la menace qu’elle représente façon Black Mirror (Une vie après la mort et Rm9sbG93ZXJz), la comédie à en perdre la raison (L’Effet Reggie) et l’horreur avec Les Forces du Mal. De plus, il se confronte au fantastique avec la clé vers l’immortalité qui n’est autre qu’un trafic d’organes (Rien n’est éternel), et le drame avec Le Retour du monstre et le très excellent Ghouli qui en comblera plus d’un en levant le voile sur un des mystères les plus épais du show. Impossible de passer outre Les Jumeaux diaboliques qui confronte les agents à une vérité qu’ils ne peuvent pas fuir qui n’est autre que celle de la vieillesse avec son lot de questions existentielles qui permettent de rapprocher tendrement Scully et Mulder.

Enfin, avec La Vérité est ailleurs, 4e partie, Chris Carter donne le clap de fin de X-Files. Malheureusement, le réalisateur ne l’accomplit pas sur une note des plus hautes. Si l’aspect thriller est plutôt efficace, les dernières minutes font l’effet d’un pétard mouillé et est d’une incroyable redondance (qui est prêt à parier que l’homme à la cigarette porte un gilet pare-balles ?). Que la fermeture des affaires classées soit définitive ou non, une ère s’achève bel et bien puisque Gillian Anderson a confirmé son départ plus tôt dans l’année. Si saison(s) supplémentaire(s) il y a, ce sera sans elle !

Les éditions commercialisées

Alors que 20th Century Fox édite de moins en moins de séries télévisées en Blu-ray, X-Files peut se compter parmi les chanceux ! Après la sortie physique des neuves premières saisons que beaucoup pensaient impossible, le studio poursuit son effort. Ainsi, vous trouverez les dernières péripéties dans les bacs sous différentes formes : en DVD, Blu-ray et dans un coffret qui été retravaillé pour permettre de loger ce nouvel ajout. Le résultat n’est pas convaincant puisque l’esthétisme de la première intégrale en a pris un sacré coup en perdant de sa longueur. Les saisons sont désormais regroupées dans trois boîtiers distincts mais identiques, sans livret ni liste des épisodes, alors qu’elles disposaient auparavant de leur boîtier et visuel respectif.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray, Coffret Blu-ray saisons 1-11

Test Vidéo/Audio

Remasterisées en haute-définition depuis déjà plusieurs années, la qualité visuelle des neuf premières saisons est à mille lieux de celle proposée par les DVD. Sans tenir compte des défauts comme les recadrages malencontreux ou les agrandissements de la version originale menaçant de faire sursauter à chaque fois, celles-ci sont sublimes. Pourtant, le retour de X-Files tranche de par son look plus numérique dépourvu du grain épais intrinsèque aux pellicules qui renforçait le côté creepy de la série.

Moins organique, la onzième saison suit l’exemple de la précédente. Les images sont propres, dépourvues de défaut de compression, et sont d’une précision chirurgicale. Le piqué fait des merveilles alors qu’il est servi par des contrastes maîtrisés induisant une profondeur de champ indéniable particulièrement efficace lors des scènes en forêt ou filmées à l’aide de drones. Les gros-plans permettent de révéler la texture de la peau et les blessures fréquentes, ainsi que la complexité de la pilosité faciale de Skinner ou de la chevelure flamboyante de Scully flattée par une palette de couleurs seine. Heureusement, les effets spéciaux ne souffrent pas drastiquement de cette précision.

Sont inclus : le doublage espagnol et portugais en Dolby Digital 5.1 et DTS 5.1, le français, l’allemand et l’italien dans le dernier format mentionné et enfin la piste originale en DTS-HD 5.1. Le mixage anglais est irréprochable. De la musique culte du générique aux scènes d’action ou intimistes, la spécialisation est exemplaire et aboutit à une sensation d’espace (sans jeu de mots). Les différents canaux sont constamment mobilisés que ce soit pour des effets percutants (balles, explosions) ou des sons d’ambiance plus discrets qui permettent de s’immerger dans les péripéties surnaturelles. Les niveaux sont contrôlés de sorte à ce que les dialogues ne soient pas empiétés par la bande son.

Test Bonus

Les assidus de la série savent qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Ni aux jaquettes. Tandis que le boîtier assure plus d’une heure trente de suppléments, le spectateur doit se prévoir plus du double s’il compte les visionner d’une traite ! Le niveau de pertinence est élevé, et tous parviennent à saisir l’attention. Parmi les regrettés : des scènes coupées, ainsi que des reportages sur les effets spéciaux et la musique même si les thèmes de Mark Snow (Once Upon A Time) sont bien moins entêtants qu’autrefois.

  • Production écologique (5:18 min) : déjà abordée brièvement lors de la saison précédente, l’équipe revient sur la décision de faire des dons alimentaires grâce aux restes à l’organisation Sage (refuge pour femmes et enfants) se situant à Vancouver. Le créateur confesse que cet intérêt écologique est une méthode de travail à l’opposé de ce qui se faisait dans les années 90 et 2000, époque où la production privilégiait les matériaux les moins coûteux possible.
  • Commentaire sur « Le Retour du monstre » de Carol Banker et Gabe Rotter : les interventions de la réalisatrice et du scénariste/producteur ne sont pas toujours convaincantes mais parviennent malgré tout à fournir des anecdotes intéressantes.
  • Commentaire sur « La Vérité est ailleurs – 4e partie » de Chris Carter, Craig Wrobleski et Eleanor Infante : à l’occasion de ce bonus, le réalisateur est rejoint par le directeur de photographie et la monteuse. Les sujets sont vastes : lieux de tournage, la doublure pour les cascades de William, l’utilisation des drones, le jeu des plans… Cet épisode marque aussi les débuts de West Duchovny, la fille de l’acteur principal, mais aussi de l’utilisation de cette référence de grue Technocrane à Vancouver.
  • Discussion avec David Duchovny et Gillian Anderson (14:31 min) : ce jeu de questions et réponses aléatoire est très agréable puisque ponctué de l’humour des deux célébrités. Ils abordent notamment leurs difficultés respectives à se remettre dans la peau de leur personnage. Si l’interprète de Scully se plaint de sa perruque au cours de la dixième saison, ce qui s’est révélé périlleux est de réussir à adapter son rôle à son âge. Il lui a fallu juger des manies à conserver ou non afin d’être crédible puisque, selon elle, une femme ne s’exprime pas de la même façon corporellement entre la vingtaine et la cinquantaine. Ils témoignent aussi de la complexité des scènes physiques, discutent de leur fils fictif, de l’expérience inédite qu’est l’échange en direct avec les fans via les réseaux sociaux, et du fait qu’ils ont eu les pages finales de l’épisode 11x10 au dernier moment.
  • L’effet Scully (16:42 min) : focus sur l’impact que le personnage de Dana Scully à eu sur la place de la femme dans la sphère du divertissement mais également sur le public féminin. Intelligente, forte, non-stéréotypée et affirmée, la rousse fait figure d’OVNI lors de l’arrivée de X-Files en 1993. Source d’inspiration, elle s’impose rapidement en modèle en confirmant aux femmes qu’elles peuvent faire carrière dans la criminalistique et les sciences exactes. Des images du panel de la série durant le Comic-Con 2013 sont incluses, ainsi que de l’inauguration de l’étoile de Gillian Anderson sur le Hollywood Walk of Fame en janvier 2018.
  • Résoudre X : construction de la saison 11 (50:10 min) : ici est évoqué le processus d’écriture des épisodes par le biais de fiches poussant à la concision, suivi de l’analyse de six épisodes parmi les dix. En outre, sont mentionnés : le mystère de la mémoire ainsi que les effets spéciaux de L’Effet Reggie, l’insistance d’Anderson concernant l’incertitude de Scully sur l’identité de Jackson (Ghouli), le manque de présence de Skinner (Mitch Pileggi) dans la saison précédente qui a poussé à l’écriture du Retour du monstre, et l’emplacement de la blessure de Monica Reyes (Annabeth Gish) qui a été modifié en post-production pour laisser planer le doute de sa mort.
  • Souvenirs implantés : 25 ans de « X-Files » (44:57 min) : supplément nostalgique et bienvenu divisé en deux parties. Au cours de la première, « Une atmosphère sombre : 1993-1998 », Gillian Anderson explique s’être trouvée dans une situation financière difficile tandis qu’elle était au chômage avant les auditions. Son inexpérience était telle qu’il lui a fallu apprendre sur le tas, et sa petite taille aux côtés de son partenaire a donné naissance à la « Gilly-board » permettant de l’élever dans l’optique d’un plus grand esthétisme. La deuxième partie « Sous le soleil : 1998-2002 » débute après un arrêt sur le film et s’intéresse au déménagement de la production, et à l’importance de se réinventer grâce à des épisodes comme Triangle et Peur Bleue. Des vidéos d’archives de La vérité est ici sont dévoilées. Ce bonus est illustré par des interviews d’époque et des extraits de tournage.
  • Bêtisier (5:29 min) : les (presque) gamelles, les oublis de répliques et les blagues sur le plateau (mention spéciale au vibromasseur glissé dans le blobfish lors de Rm9sbG93ZXJz).

Conclusion

Note de la rédaction

« The X-Files » revient en fanfare pour cette onzième année. Bien que les aliens ne soient pas de la partie (ou presque), la qualité scénaristique est en hausse comparativement à la saison précédente très controversée. Cela ne l’empêche de souffrir d’une mythologie toujours catastrophique et sans queue ni tête. L’édition Blu-ray est quant à elle classifiée « franche réussite ». Barème : Film ★★★ / Blu-ray ★★★★★ / Bonus ★★★★

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier