Oliver Stone est un réalisateur engagé. En 1987, il s’attaque au monde de la finance avec le film « Wall Street », qui marque les esprits par son protagoniste : Gordon Gekko. Ce dernier s’inspire d’ailleurs largement d’un célèbre banquier qui a scandalisé l’Amérique des années 70 et 80. Mais pas seulement !
Wall Street : Greed is good !
Ancien soldat américain qui a combattu à la guerre du Viet-Nam, Oliver Stone en est revenu totalement changé. Ainsi, celui qui s’est tourné vers le cinéma fait de cet art son terrain de prédilection pour ses plus grandes dénonciations. Il se révèle ainsi par l’univers de la guerre (qu’il connaît très bien) avec Salvador et Platoon. Toutefois, en 1987, il se tourne vers un autre combat : l’envers du décor du monde de la finance avec Wall Street.
Collaborant avec le scénariste Stanley Weiser, il dirige de nouveau Charlie Sheen, 1 an après Platoon. Surtout, il choisit Michael Douglas pour interpréter le protagoniste Gordon Gekko. Un choix au départ pas si évident, car Oliver Stone et ses producteurs envisageaient en premier lieu Richard Gere ou bien encore Warren Beatty. C’est finalement le fils de Kirk Douglas qui est recruté, contre l’avis de bon nombre de spécialistes qui le voyaient plus comme un producteur qu’un acteur. Une décision judicieuse, car le comédien réalise l’une des meilleures performances de sa carrière, décrochant même le Golden Globe et l’Oscar du meilleur acteur.
Wall Street suit donc Bud Fox, un jeune loup de Wall Street qui fait la rencontre d’un sulfureux investisseur nommé Gordon Gekko. Ce dernier l’entraîne alors dans le monde souterrain des affaires financières, où l’illégalité et l’avarice sont les seules règles.
Retour sur un sombre homme d’affaires
Wall Street s’inspire d’un célèbre épisode de l’Histoire de la finance américaine : celui du krach boursier de 1987 et ses conséquences. En effet, deux ans avant, le prix de l’essence s’effondre suite à l’inondation du marché du pétrole par l’Arabie Saoudite. Devant ce choc, l’inflation diminue, permettant une progression du cours des obligations américaines et de Wall Street.
C’est durant cette période que le modèle de Gordon Gekko s’illustre. Son nom : Michael Milken. Ce dernier, homme d’affaires et banquier, devient célèbre en tentant de profiter de cette période trouble. Ainsi, il invente un système financier particulier connu sous le nom de junk bonds (ou obligations pourries). Surnommé « the Junk Bond King », Milken fait en sorte, via sa banque d'investissement Drexel Burnham Lambert, d’accorder des crédits à des petites ou moyennes entreprises grâce à des taux d’intérêts bien plus élevés que d’habitude. Cela permet donc à ces firmes de se développer, affolant dans le même temps le marché des junk bonds qui connait un succès rapide.
Problème : certains golden boys de Wall Street se servent de ce système pour racheter des entreprises. Puis, pour rembourser leurs crédits, ils démantèlent l’entreprise et n’en gardent que les éléments les plus intéressants. Cette méthode fait donc les affaires de Milken et de sa banque, qui multiplient les délits d’initié. Cependant, le marché des obligations pourries connaît une grave crise à la fin des années 80, précipitant la faillite de la Drexel Burnham Lambert ainsi que la condamnation de Michael Milken à 10 ans de prison pour fraude fiscale et délit d’initié. Il n’en purge finalement que deux, mais est banni à vie du secteur de la finance…avant d’obtenir le pardon du Président américain de l’époque, Donald Trump. Business is business.
D’autres inspirations pour Gordon Gekko
Si Gordon Gekko est largement inspiré de Michael Milken, d’autres individus tout aussi sulfureux ont servi de modèles pour créer ce personnage. Parmi eux, on y retrouve le trader Ivan Boesky, surnommé Ivan Le Terrible, qui a amassé une fortune de plusieurs millions de dollars, en pariant sur des rachats d'entreprises. On peut citer également le milliardaire Carl Icahn, dont le magazine Les Echos avait écrit un article à son sujet en 2016. Celui qui fut l’un des conseillers de Donald Trump était connu pour la "Methode Icahn" qui a démantelé de nombreuses firmes à l’époque. Bref, une belle inspiration pour Wall Street.